Les mémoire, Le Rapport Des Sociétés à Leur Passé
Note de Recherches : Les mémoire, Le Rapport Des Sociétés à Leur Passé. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Aym24 • 12 Mai 2014 • 1 920 Mots (8 Pages) • 961 Vues
INTRODUCTION
Qu’entend-on par « les mémoires » ? Qu’est-ce qu’une mémoire d’un point de vue historique ? Il faut faire attention avant tout à ne pas confondre une mémoire et l’Histoire d’une part, et une mémoire et la mémoire d’autre part.
Tout d’abord, la différence entre les mémoires et l’Histoire. L’Histoire est, par définition, ce qu’il s’est réellement passé, ce qu’il s’est déroulé dans le passé et qui est donc forcément univoque. En un mot, l’Histoire est objective. A contrario, une mémoire est subjective. Pour autant, il ne faut pas retirer son importance aux différentes mémoires d’un fait historique : comme l’indique leur nom, c’est grâce à elles que l’on se souvient de ce fait, et qu’il peut donc être recomposé. Ainsi, une première problématique se dessine quant aux mémoires et l’Histoire : en quoi une mémoire peut-elle être constitutive de l’Histoire ? Jusqu’à quel point peut-on donner de l’importance à une mémoire ? Y a-t-il des mémoires plus « valables » que d’autres ?
Ensuite, il ne faut pas confondre non plus les mémoires et la Mémoire : la nuance est certes subtile, mais essentielle. Par le terme « les mémoires », ce sont vraiment toutes les mémoires qui sont englobées, avec n’importe quelle prise de position. « La Mémoire », en revanche, reflète plutôt un « état d’esprit collectif du moment », une mémoire plus admise qu’une autre à une certaine époque (phénomène du à certaines raisons, comme une volonté politique de rassembler un peuple autour d’une mémoire collective, ou bien parce que le fait historique est trop proche et les blessures encore trop vives, ce qui traduit un manque de recul par rapport à l’Histoire). Ainsi, une autre problématique apparait : comment s’effectue l’évolution de la mémoire ?
Pour résumer, la question des mémoires a 3 enjeux distincts :
La multiplicité des mémoires : même si une mémoire peut être privilégiée à une autre durant une période donnée, on peut identifier différentes mémoires sur un évènement historique
La construction des mémoires : cela va avec la question précédente : s’il y plusieurs mémoires, mais qu’une peut être mise en avant, comment se construisent les mémoires de telle sorte qu’elles se rapprochent de plus en plus à l’Histoire, notre société moderne étant de plus en plus attachée à l’objectivité historique ?
L’historicisation des mémoires : c’est en quelque sorte la « dernière étape » des mémoires : quand est-ce qu’une mémoire devient Histoire ?
I - Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France
1 - La mémoire consensuelle : le résistancialisme (1945 – années 1970)
1 - Le mythe pour une unité nationale
Le résistancialisme est une forme de mémoire rendu célèbre par un homme : le Général de Gaulle. Selon le résistancialisme, durant la Seconde Guerre mondiale, tous les Français ont été résistants, ils ont tous participé à l’effort de guerre contre les Allemands pour libérer la France et ramener la paix, tous sans exception.
Ce mouvement a plusieurs causes, ainsi que plusieurs réalisations : la principale cause de ce mouvement est le traumatisme de l’occupation pendant la guerre. En effet, la France et les Français ont été divisés sur plusieurs points. Ainsi, au sortir de la guerre, c’est l’ « union nationale » qui prédomine. D’un point de vue plus politique, ce mouvement a permis a certaines personnes de ressortir « vainqueurs » de cette guerre : de Gaulle a pu asseoir plus aisément sa légitimité, le Parti Communiste en a profité pour montrer ses efforts durant la guerre (« le Parti des 75 000 fusillés »), etc.
Le résistancialisme n’est pas seulement un mouvement d’après-guerre ; au contraire, il va s’inscrire dans la durée, connaissant son paroxysme en 1958 quand de Gaulle prendra les rênes du pouvoir. En 1964, les cendres du résistant Jean Moulin seront même transférées au Panthéon.
2 - Le traitement du régime de Vichy pour garder l’unité nationale
Les actes même du régime de Vichy pendant la guerre sont minimisés pour garder cette « unité nationale » : en effet, de nombreux résistants furent d’abord des fonctionnaires et des préfets sous Vichy (par exemple, François Mitterrand). De même, il existait toujours des personnes plutôt favorables à ce régime.
Enfin, on a tenté de réhabiliter la mémoire de Pétain, cherchant plus à se souvenir de l’homme de 14-18 plutôt que l’homme de Vichy. Aussi l’a-t-on défendu lors de son procès par la fameuse image du « glaive et du bouclier », de Gaulle étant le glaive pourfendant l’ennemi, pendant que Pétain était le bouclier protégeant du mieux qu’il pouvait les Français. Ainsi, alors qu’il avait été condamné à mort en 1945, de Gaulle voulu changer cette peine, aussi n’a-t-il été « que » condamné à la réclusion à perpétuité.
2 - Le débat des mémoires
1 - La fin du mythe de la mémoire unique
Après que Charles de Gaulle ait quitté le pouvoir en 1969 et après sa mort en 1970, le mythe du résistancialisme s’effondre : on observe à partir de cette époque une certaine multiplication des mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France. Par exemple, le film Le Chagrin et la Pitié : ce film-documentaire de 4h (sorti en 1971) relate la vie d’un village sous l’Occupation entre 1940 et 1944, sans parti pris. Ce film fut un succès grâce au bouche-à-oreille notamment.
Enfin, l’œuvre qui a sûrement marqué de manière définitive les mémoires en France est l’ouvrage de Robert Paxton, chercheur étasunien, La France de Vichy (sorti en France en 1973). Dans ses recherches, Robert Paxton a montré le rôle du gouvernement de Vichy durant la guerre, notamment sa collaboration avec l’État nazi sur certains points. Ce livre a eu l’effet d’une « révolution » une fois sorti en France. En effet, il marque la fin définitive du mythe du résistancialisme, qui faisait de chaque Français un résistant. Paxton a démontré que ce n’était qu’un mythe, et que bon nombre de Français avaient collaboré avec l’ennemi.
2 - La mémoire juive
C’est aussi en parallèle (voire grâce) à la fin du résistancialisme que
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