DM HG G. DE GAULLE

Nous sommes ici confrontés à deux documents, tout d’abord un extrait de cours d’histoire issu d’un manuel scolaire d’école primaire de 1959, intitulé “ La Seconde Guerre Mondiale - Paris libéré ”.  En cette même année De Gaulle était le président, il avait la volonté de réunir la France autour du mythe résistancialiste. Son auteur est Louis François, aucune autre information nous est donnée à son sujet. Le document 2 est quant à lui un un discours politique prononcé par Jacques Chirac, à l’époque président de la République, le 9 novembre 2006. Cette année là il était à son second mandat de Président de la République ( premier mandat de 1995 à 2002). Il était également le fondateur du Rassemblement Pour la République, un parti politique français qui s’inspirait de la pensée gaulliste, mais aussi de la Fondation Chirac qui prône la paix dans le monde. Dans son discours, il rend hommage au général De Gaulle suite à l’inauguration d’un mémorial à son nom à Colombay-les-deux-Eglises, son lieu de décès. Les deux documents se rejoignent dans une vision résistancialiste de la France mais diffèrent quant au rôle de la Résistance. Les deux documents présentent également une vision différente de la place des alliés dans la libération de la France, contrairement au document 2, dans le premier document le rôle des alliés est présenté comme nécéssaire. Il faut également noter que ces deux documents sont séparés de plus de cinquante ans, ainsi on peut apercevoir l’évolution d’une mémoire formée autour du mythe résistencialiste dans le document 1 vers une mémoire plurielle, où l’image de la France entièrement résistante est remise en cause. Les documents s’adressent également à deux publics bien distincts, le texte de Louis François est directement orienté pour des enfants car il s’agit d’un manuel scolaire, tandis que celui de Chirac est destiné à un public plus âgé. Ainsi, dans un premier temps, nous allons nous intéresser à  l’évolution du rôle de la Résistance ainsi que celui des Alliés dans la libération de la France et, dans un second et dernier temps, nous verrons comment De Gaulle constitue la figure de la Résistance Française, le point de vue sur le régime de Vichy ainsi que l’évolution de la mémoire au fil du temps.

Tout d’abord nous pouvons remarquer que les alliés occupent une place secondaire dans la libération de la France, dans le texte de Louis François, ils ne sont que très peu évoqués,  dans une seule phrase, tandis que la Résistance est présentée comme héroïque et indispensable à la prise de Paris, cela peut se voir à la ligne 14 :  “les chars du général Leclerc qui arrivent dans la capitale”. Cette mise en valeur peut s’expliquer par le date du document, en effet il à été rédigé en 1959,  période pendant laquelle De Gaulle est vu comme le meneur de la Résistance, définie à cette époque en tant que mémoire officielle de la France, mais aussi par une omniprésence du mythe résistancialiste (unifier la France autour de la résistance pour mettre sous silence les mauvais aspects). Cette place secondaire des alliés, et mise en avant de la Résistance se retrouvent aussi dans le discours du Président Chirac, il cite de nombreux combats qu’ont mené les résistants français lors de la libération du pays : “Les Français libres se couvrent de gloire à Bir Hakeim (…) En août, Paris est libéré par les Parisiens et la division Leclerc.” Nous pouvons voir encore une fois que la  Résistance occupe la première place, et que les Alliés sont très peu énoncés : ’’Le 6 Juin 1944, les hommes du commandant Kieffer débarquent en Normandie’’, en effet, leur présence est évoquée très brièvement, en aucun cas ils sont présentés comme indispensables et glorieux. Au contraire, Chirac rappelle les tensions qui pouvaient exister entre De Gaulle « regarde dans les yeux Churchill » (premier ministre du Royaume-Uni de 1940 à 1945) et les oppositions avec  le président américain : ‘’Roosevelt, qui lui préfère le général Giraud’’, ‘’tient tête à Roosevelt’’. Nous pouvons également souligner l’absence des Soviétiques qui pourtant ont grandement contribué lors des combats à l’Ouest contre l’Allemagne. Ainsi, les deux documents reconnaissent le rôle des Alliés dans la libération de la France mais diffèrent quant au soutien réellement apportés par ceux-ci. Nous pouvons également remarquer que le mythe résistancialiste, mémoire officielle à cette époque, présent dans le document 1, s’oppose au discours de Jacques Chirac qui met en avant la collaboration et la trahison des élites de Vichy. Il dénonce ce qui avait été mis sous silence durant la période du mythe résistencialiste, à savoir les crimes et l’implication du régime de vichy qui : « livre les Juifs à leurs bourreaux ». Dans le texte de François, la France est vue comme unie, tous les français étaient résistants, alors que Chirac remet en cause cela en citant ‘’ ceux qui font leur devoir, et ceux qui ne le font pas.’’ Nous pouvons également constater une inversion du rapport de force entre la Résistance et les Alliés, certes les résistants ont aidé à la libération, mais leur impact reste inférieur à celui de l’arrivée des Alliés. N’étant qu’une minorité, la Résistance n’était pas en mesure de triompher à elle seule de l’occupant Allemand. Cette déformation de la réalité et mise en avant de la Résistance sont des caractéristiques propres au mythe résistancialiste.

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