Quel Est Le rôle Du Chapitre « Victoire » Dans La Construction Du Salut De Charles De Gaulle ?

Le Salut est le troisième et dernier tome des Mémoires de guerre de Charles de Gaulle. On

pourrait penser que ce dernier livre se termine sur l’évocation de la victoire du 8 mai 1945, à

laquelle la France, en dépit de la capitulation de juin 1940, a, grâce aux efforts de de Gaulle,

participé aux côtés des Alliés. Or, il n’en est rien : le chapitre intitulé « La Victoire » se trouve au

milieu du Salut. Plus étonnant encore, sa conclusion est empreinte d’amertume et d’inquiétude,

comme si la guerre qu’ont entrepris de raconter ces Mémoires, ne s’arrêtait pas là. Quel est le

rôle de ce chapitre dans l’œuvre ? Pourquoi ce chapitre, qui devrait être triomphaliste, ne

constitue-t-il – comme semble l’indiquer sa situation dans l’œuvre – qu’une étape, voire une

transition ? Quelle compréhension nous apporte-t-il de ce « salut » qui est le but du Général et le

titre de ce troisième tome ? Si le chapitre « La Victoire » décrit par le menu l’ensemble des

opérations militaires menées par les Français sur tous les fronts où ils doivent vaincre les nazis

et ceux qui leur sont alliés, le récit de ces événements n’est-il pas plutôt orienté en fonction du

présent de l’écriture des Mémoires – le retour du Général au pouvoir ayant eu lieu depuis

mai 1958 ? Placer la victoire au centre de l’œuvre, et non en conclusion, n’est-ce pas susciter

une réflexion sur le sens de l’Histoire ?

I. Raconter la fin

de la guerre

Le chapitre « La Victoire » constitue une étape déterminante pour le « salut » de la France. Le

Général indique son but dès l’introduction : les Alliés veulent en finir au cours de l’hiver 1944-

1945, de Gaulle voit alors, pour la France, l’occasion de la « faire réapparaître, sous l’armure,

l’épée à la main »

1

(p. 161).

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