Une charogne, Baudelaire/ lecture linéaire

                                                      UNE CHAROGNE

INRODUCTION:

Poème extrait de la section « Spleen et idéal » des Fleurs du Mal, « Une Charogne » propose un mélange du Beau et du Laid, inversant leurs valeurs traditionnelles. Décrit une vision d’horreur: l’apparition d’un cadavre en décomposition qui a interrompue une promenade.

En quoi ce poème révèle-t-il l’art poétique de Baudelaire ?

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Dans ce poème on remarque que les rimes sont croisés.

STROPHE N°1:

• Il s’agit d’un souvenir→ « Rappelez-vous ».
• C’était un spectacle→  « nous vîmes ».
• Le poète nous laisse imaginer un amour entre lui et une femme : il utilise le pronom personnel «nous» .
• le poète annonce « l’objet » du souvenir et du spectacle : «  une charogne » (v.3). On remarque que l’objet-même donne le titre au poème.
• La charogne est présentée dans un décor bucolique, idyllique (« "au détour d’un sentier » (v. 3) qui contraste avec l’immonde cadavre (« "charogne infâme" » (v. 3)
• On remarque que le poète  crée, pour traduire  l’effet d’horreur, le contraste : « ce beau matin d’été si doux » (termes mélioratifs   hyperbolique) ≠ « une charogne infâme » (péjoratif).

STROPHE N°2:

• La charogne est personnifiée par Baudelaire à travers une comparaison avec la femme : « "Les jambes" » et «" comme une femme » (v. 5), « Son ventre" » (v. 8).
• Cette comparaison s’accompagne d’allusions à forte connotation sexuelle :« lubrique » (v. 5), « Brûlante et suant » .
• Les « exhalaisons » (v. 8) peuvent se rapporter au parfum de la femme  mais il prend une dimension négative car on parle de puanteur (v.15).

STROPHE N°3:

• On remarque l’antithèse entre la beauté et la laideur «soleil», «pourriture», ce qui est associé ou parcours de l’alchimie poétique  «la boue et l’or».
• cette strophe évoque l'œuvre de la nature et fait de celle-ci un cuisinier « Comme afin de la cuire à point ».
• Il y’a donc un rappel d’un phénomène naturel , on peut dire que la nature reprend son bien (v.12-13).

STROPHE N°4:

• L’apparition de la charogne se présente également comme un spectacle qui s’offre aux yeux du monde : « "Et le ciel regardait "» (v. 13).
• L'oxymore  « carcasse superbe » qui caractérise l'esthétique des Fleurs du mal. On retrouve justement dans la comparaison (« Comme une fleur s’épanouir ») un rappel de cette esthétique : du laid, il sera possible de faire du beau.
• On remarque aussi l’opposition entre épanouir et évanouir

STROPHE N°5:

• Il continue à opposer entre la beauté et la laideur «ordure» «nature» , «infection» «passion».
• Il s’adresse à la femme aimée, ce que montre le vocabulaire de l’amour courtois : « étoile de mes yeux », « soleil de ma nature » (vers 39), « mon ange et ma passion » (vers 40), « la reine des grâces » (vers 41).
• Les diérèses aux termes « "pa/ssi/on » et « in/fec/ti/on » soulignent bien l’ironie du poète

STROPHE N°6:

• Baudelaire va jusqu’à identifier la femme avec la charogne , à travers un champ lexical de l’identification : « "serez semblable » (v. 37), « telle vous serez" » (v.41).
• Baudelaire rappelle à sa femme aimée sa condition de mortelle.
• Ce poème ressortit au thème du memento mori.
•  Le poète veut nous montrer que la beauté est éphémère, ne dure que le temps d'une vie.

STROPHE N°7:

• Il s’adresse  à celle qu’il aime pour lui exprimer simplement qu’il l’aimera jusqu’à sa mort.
• À la fin du poème, Baudelaire met en évidence la capacité de sublimation de l’art, qui seul peut préserver la beauté de la femme : « "Que j’ai gardé la forme et l’essence divine/De mes amours décomposés ! » (v. 47-48).

CONCLUSION:

« Une Charogne » illustre le projet poétique de Baudelaire dans Les Fleurs du Mal : extraire la beauté du mal .

Il démontre ici la force sublimatoire de l’Art, qui fait sa supériorité. Le poète prouve ici sa modernité, en détournant les clichés de la poésie traditionnelle.

...