Rhinocéros, Ionesco: Comment est représentée la violence a théâtre
Commentaire de texte : Rhinocéros, Ionesco: Comment est représentée la violence a théâtre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar kate ber • 30 Mai 2017 • Commentaire de texte • 1 234 Mots (5 Pages) • 1 765 Vues
Séquence 4 : Théâtre et représentation Problématique : Comment est représentée la violence au théâtre ?
Lecture analytique : « Rhinocéros » de Ionesco[pic 1]
Commentaire :
Introduction : Œuvre majeure du théâtre de l’Absurde, Rhinocéros met en scène une épidémie de « rhinocérite » qui transforme les humains en rhinocéros. Cet épidémie est une allégorie et symbolise la montée du totalitarisme au XXème siècle. Cet extrait issu du tableau II de l’acte 2 met en scène la métamorphose de Jean, un personnage rigide et moralisateur qui cède pourtant à la maladie.
Problématique : Comment Ionesco parvient à représenter la métamorphose des gens en rhinocéros en utilisant différents supports de langage ?
Développement :
- Une métamorphose fortement théâtralisée
- L’utilisation de l’espace scénique
- Deux espaces différents mentionnés dans le texte : la chambre et la salle de bain.
- La chambre est un espace ouvert par rapport à la salle de bain qui est simplement suggérée par une porte au fond de la chambre. Cet espace se situe donc en dehors de l’espace scénique : le spectateur n’y a donc pas accès.
- Utilisation ingénieuse des deux lieux : la salle de bain, en dehors de l’espace scénique, permet à l’acteur de procéder aux différents changements physiques de sa transformation.
- Chaque réapparition permet au spectateur de constater les différentes étapes de la métamorphose
- Processus de transformation souligné dans les didascalies : répétition du verbe devenir
- Des personnages en mouvement permanent
- Jean est en va et vient constant entre la chambre et la salle de bain : observable dans les didascalies « il sort dans la salle de bain », « il rentre dans la salle de bain », « Jean fait une apparition », « se précipite à toute vitesse dans la salle de bain »
- Verbes de mouvements et d’action : « jette », « fait tomber », « fonce », « se précipite », « entre ». Jean ne tient pas en place, il devient violent avec ses gestes.
- Béranger envisage la fuite : « fais mine de fuir vers la porte de gauche »
- Déplacements constants et personnages en dehors de l’espace scénique, participent à la montée d’angoisse dans cette scène.
- Une transformation physique à portée symbolique
- Transformation techniquement possible grâce à la salle de bain hors scène
- Transformation matérialisée par deux éléments physiques : couleur et corne
- Peau de Jean couleur verte, élément qui peut laisser penser à une maladie « je vais appeler le médecin »
- Corne symbolise danger de l’animal, symbole d’agressivité et de brutalité : « fonce tête baissée »
- Un dialogue impossible
- La dislocation du langage
- Perturbation du comportement et de la parole : plus en plus de difficultés à s’exprimer
- Utilisation de phrases de plus en plus courtes « j’aime le changement », « je vous entends très bien »
- Phrases adverbiales et nominales + de nombreuses répétitions : « chaud trop chaud », « les marécages, les marécages »
- Syntaxe incorrecte : « Démolir tout cela, vêtements ça gratte ça gratte »
- Paroles ponctuées de barrissements et de bruits signalés par des onomatopées et des didascalies : « brrr, brrr », « soufflant bruyamment » il barrit presque »
- L’impossibilité de Jean et Béranger à communiquer
- Utilisation pronoms personnels montrent des divergences « nous avons une philosophie que les animaux n’ont pas » (Béranger) il désigne les humains en y incluant Jean
- Discours de Jean en contradiction « démolissons tout cela » (Jean) proposition à Béranger de le rejoindre contre la condition humaine.
- Par la suite, confrontation « je » et « vous » : « je vous connais trop bien », « je n’ai pas vos préjugés »
- Utilisation phrases exclamatives et impératives marquant la brutalité de Jean : « Ne prononcez plus ce mot », « ouvrez vos oreilles »
- Détérioration progressive du langage rend son discours inintelligible pour Béranger qui l’annonce clairement : « Parlez plus distinctement, je ne vous comprends pas, vous articulez mal » ou « Comment ? »
- L’impuissance de Béranger
- Tente d’abord d’opposer son ami à la raison mais ne parvient pas à construire une argumentation solide points de suspension
- Il ne va pas au bout de ses arguments et idées car interrompu par métamorphose de gens
- Réponse par l’humour à la gravité de son état « je ne saviez pas que vous étiez poète », vous plaisantez, », « perdez-vous la tête », marque de déni
- L’opposition de deux systèmes de valeurs : la civilisation humaine et l’animalité
- La perte d’humanité
- Jean symbole de valeurs propres à l’animal : agressivité, dureté, force, rejet en bloc de la civilisation humaine « démolissons tout cela »
- Politesse de Béranger s’oppose à la dureté de Jean « mon cher Jean », « je ne peux tout de même pas vous laisser comme ça » vs « vous êtes un vieux sentimental ridicule »
- Jean perd tout sentiment de pudeur, d’amitié, d’empathie « il fait tomber le pantalon de son pyjama », « je te piétinerai »
- Une rhétorique totalitaire
- Cl de la pensée « réfléchissez », « vous vous rendez compte », philosophie », « pensée profonde », « l’esprit »
- Jean fait appel à une rhétorique totalitaire et autoritariste : affirmation brutale et figée
- Refus de Jean de dialoguer et de raisonner, associée à sa brutalité, son agressivité et ses menaces en font l’exemple d’une personne déshumanisée et qui a sombré dans le totalitarisme. Conclusion : C’est à travers une théâtralité très forte que Ionesco montre le basculement progressif d’un personnage qui passe de l’humain à l’animal. Il commence par voir disparaître ses facultés à communiquer puis perds peu à peu la maîtrise de son corps et de sa propre personnalité pour sombrer dans un système de valeur, qui à l’image du totalitarisme, glorifie la force brute contre la réflexion et l’intelligence.
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