Qui du maître ou du valet est le maître du jeu?
Dissertation : Qui du maître ou du valet est le maître du jeu?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sophieGM • 28 Juin 2020 • Dissertation • 2 007 Mots (9 Pages) • 1 261 Vues
Le couple maître-valet au théâtre est un grand classique qu’on retrouve dans les tragédies comme dans les comédies. Dès l’antiquité les relations entre le maître et son esclave, chez Plaute notamment, amusent les spectateurs romains.
Molière reprend ce thème dans de nombreuses pièces comme dans la célèbre comédie les fourberies de Scapin. Au XVIIIème siècle, Beaumarchais fait du barbier de Séville le valet du Comte Almaviva dans le mariage de Figaro.
Ce ne sont que quelques exemples mais il y a plein d’autres pièces qui évoquent ces duos. Le maître est supposé avoir le pouvoir, la domination sur son esclave ou son valet mais parfois le serviteur prend le dessus, dirige son maître et celui-ci ne s’en rend pas toujours compte.
On peut donc se demander qui du maître ou du valet est le maître du jeu.
Dans une première partie, nous nous interrogerons sur le rôle du valet dans les pièces, dans une seconde partie, nous verrons qui est le maître au théâtre et pour terminer dans quelle mesure le maître ou le valet est le maître du jeu au théâtre.
Le valet est un personnage commun à beaucoup de pièces de théâtre de l’antiquité au XXème siècle. Il n’est évidemment pas seul dans ces pièces de théâtre puisqu’il dépend du maître. Le valet est forcément inférieur de par son rang social et le maître le domine. Le théâtre reflète les inégalités sociales dans un monde où on ne réussit que par sa naissance.
Dans les pièces antiques, l’esclave est attaché à son maître, il dépend de lui et peut payer cher sa désobéissance ou ses mensonges. Quand, dans le fantôme de Plaute, l’esclave prétend que la maison est hantée pour ne pas avouer que la propriété a été vendue en l’absence du maître, il risque sa vie si le maître le découvre. Heureusement, dans les comédies, la fin est toujours positive et dans ce cas l’esclave est pardonné par le maître.
Dans Le barbier de Séville, de Beaumarchais, le barbier entretient une relation complice et fidèle avec Almaviva parce qu’à ce moment là, ils ne sont pas encore maître et valet. Par la suite, dans Le Mariage de Figaro, toujours de Beaumarchais, le barbier de Séville, Figaro, est devenu le valet du Compte Almaviva, marié à Rosine, une Comtesse. C’est alors qu’ils entament une relation plus complexe. En devenant le valet du Comte, Figaro lui doit obéissance et doit respecter son maître.
Au théâtre, les valets sont souvent insultés, maltraités. Le maître le considère comme une personne inférieure. Dans Dom Juan, Sganarelle obéit aux ordres de son maître et reçoit même parfois des coups. Quand son valet lui donne son avis sur son attitude envers les femmes, il devient agressif verbalement envers lui.
Le valet vit au quotidien avec son maître, il lui est indispensable, les deux se connaissent bien et ils sont donc parfois complices.
Dans le barbier de Séville, Figaro n’était pas encore le valet d’Almaviva et ils étaient très complices au moment où le futur Comte souhaitait séduire Rosine. Figaro s’attendait à ce que cette relation perdure mais il s’aperçoit qu’en devenant le valet du Comte, les relations changent. Néanmoins, c’est souvent le rôle du valet que d’aider le maître lorsque celui-ci cherche à conquérir une femme. Nous pouvons parler d’une relation complice entre ces deux protagonistes.
Cependant l’entente peut aussi se faire avec l’entourage du maître, ses enfants par exemple, et il les aide dans ce cas contre leur père. C’est le cas de Scapin, dans les fourberies de Scapin de Molière, qui défend la cause d’Octave, le fils de Géronte parce que son père veut faire annuler le mariage qu’il a contracté en son absence.
Pour terminer, il peut y avoir une alliance entre le valet et la femme du maître comme dans le mariage de Figaro, la Comtesse sait que son mari est libertin, elle veut lui tendre un piège. On voit donc que la complicité peut s’établir avec d’autres personnages que le maître et ça se fait alors contre lui.
Le valet est là pour faire rire, occuper l’espace de la scène, créer du lien avec le spectateur. Par exemple dans la mise en scène de Jacques Vincey en 2011 sur Les bonnes de Jean Genet, nous pouvons voir la servante chanter sur la cuisine avec des gants, elle danse, bouge dans tous les sens ; ce qui amuse le spectateur.
Dans la mise en scène de Christophe Rauck en 2007, on peut voir le maître en pleine discussion avec le valet. Le valet est habillé de manière décontractée contrairement au maître qui semble très rigide ; cette différence tant sur le plan des vêtements que de l’attitude amène le spectateur à rire.
A la fin de cette première partie, on peut donc dire que globalement il est difficile pour le valet d’être le maître du jeu puisqu’il dépend financièrement, socialement de son maître mais que parfois on lui attribue un rôle qui lui permet d’obtenir le soutien du public grâce à ses pitreries et dans ces cas-là il n’est peut-être pas le maître du jeu mais il prend un peu le dessus et amuse le spectateur.
On vient de voir que le valet, par son rôle, peut obtenir le soutien du public et gagner de la popularité. Mais on ne peut pas oublier que le maître est celui qui possède l’argent, le pouvoir, la capacité à bien s’exprimer. En cela il est supérieur à son valet. C’est en tous cas l’idée qui domine pendant longtemps dans les pièces de théâtre. Dans la comédie italienne, le valet est repérable à ses vêtements ridicules comme Arlequin.
Dans le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, quand maîtres et valets échangent leurs places, le valet a beau faire des efforts pour bien s’exprimer et porter des vêtements élégants, son langage n’est pas toujours adapté ; en revanche, son maître s’exprime élégamment et surprend en vouvoyant la servante
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