Question sur le corpus : quel regard les auteurs portent-ils sur l'Autre et sur eux-mêmes ?

Le corpus est composé de trois extraits de textes traitant la question de l'altérité du 18 au 20e siècle. Le texte A : Supplément au voyage de Bougainville de Denis Diderot ; le texte B : L'été Grec de Jacques Lacarrière ; le texte C : Essai sur l'exotisme de Victor Segalen. Nous allons ici analyser la façon dont ces auteurs se considèrent et considèrent l'Autre.

Tout d'abord dans le Supplément au voyage de Bougainville Denis Diderot met en scène le discours d'un vieux chef tahitien face à un navigateur occidental afin de critiquer le regard porté sur autrui et de faire l'éloge des mentalités du peuple étranger. Il présente le tahitien comme étant un « être sensé » aux mœurs « plus sages et plus honnêtes » que celles du navigateur/les siennes. Il remet en question la notion « [d']ignorance » associée à certaines ethnies tout en mettant en valeurs leurs capacités et leur indépendance dues à leurs habitudes de vie.

Ensuite, le texte B est une réflexion sur l'apport de l'altérité et le fait d'être soi-même étranger en certaines terres. Tout comme Denis Diderot, Jacques Lacarrière semble avoir un regard positif sur l'Autre : il parle de la Grèce et présente son peuple comme étant « hospital[ier] », « chaleureu[x] » et naturellement confiant malgré une « pauvre[té] » parfois présente. L'auteur évoque également la complexité d'être un hôte étranger : devoir « oublier [ses] propres habitudes [afin de se] fondre autant que possible dans le nouveau milieu » tout en « rest[ant] un visiteur français ». Il trouve enrichissante la rencontre entre soi et l'Autre, autant d'un point de vue personnel que du point de vue des Crétois : chaque contact apporte un peu d'une culture méconnue, comme une touche d'exotisme.

Enfin l'Essai sur l'exotisme est également une critique liée à l'altérité. Victor Segalen remet en question de la notion connue d'exotisme que l'on devrait, d'après lui, « dépouiller […] de son acception seulement tropicale [et] seulement géographique ». Il parle de la définition que autrui, autant que lui même, pourrait avoir de cette notion : le regard porté sur l'Autre dans ce texte est donc similaire au regard qu'il porte sur lui-même. Il rejoint les propos de Jacques Lacarrière quand il dit que nous devrions plutôt nous réjouir de ne jamais pouvoir « assimiler les mœurs, les races, les nations [et] les autres », il voit le fait d'être un étranger chez autrui comme positif et même primordial.

Pour conclure, ce corpus montre que les auteurs, même de différentes époques, remettent toujours en question les mœurs de leur pays que ce soit par une critique de son peuple, une redécouverte de soi ou une analyse du regard porté sur l'Autre.

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