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Paul ÉLUARD, Capital de la douleur

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Par   •  13 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  1 613 Mots (7 Pages)  •  19 842 Vues

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Paul ÉLUARD, Capital de la douleur, 1926

Poème : « La courbe de tes yeux »

INTRODUCTION :

- Paul Éluard : son vrai nom Eugène Grindel, auteur français du XXème siècle, figure majeure du surréalisme (mouvement littéraire et artistique né après la Première Guerre mondiale, défini par André Breton dans le Manifeste du surréalisme publié en 1924. Il vise à libérer la création de toute contrainte et logique, pour atteindre l'imagination pure ; il tente de laisser s'exprimer l'inconscient, de faire surgir des images qui révéleraient une réalité vraie et non travestie par une volonté quelconque.)

- Le recueil Capitale de la douleur a été rédigé en 1926, période pendant laquelle surviennent des difficultés conjugales, et ce recueil témoigne des souffrances sentimentales et existentielles.  La tonalité y est sombre mais cependant, dans la fin du recueil, poèmes plus optimistes.

- « La courbe de tes yeux » extrait de ce recueil, a la louange de la femme aimée, Gala.

CONCLUSION :

Cette analyse a montré que Paul Éluard place la femme au centre de son poème. A partir de la courbe de ses yeux, c’est tout un monde qui apparaît.

Le poète et le monde dépendent de la femme qui donne vie à toute chose et apporte la lumière. On retrouve ce rapport étroit entre la femme et la nature dans d’autres poèmes d’Éluard,

Cette image divine et sacrée de la femme est représentative du mouvement surréaliste auquel Éluard a participé dans la première moitié du XXème siècle.

L’IMAGE OCULAIRE LIÉE AU CERCLE

Un poème sous forme de blason

- Le blason : poème court célébrant une partie du corps féminin

- Dans ce poème, éloge de la femme fait à partir de ses yeux par métonymie.

- Référence aux yeux doublement marquée dans la première strophe : vers 1, elle est mise en valeur à la césure (« La courbe de tes yeux/fait le tour de mon cœur », 6/6) qui est reprise au vers 5 (« C’est que tes yeux/ne m’ont pas toujours vu », 4/6). On a presque un parallélisme.

- Yeux également mis en valeur dernière strophe où ils apparaissent en fin de vers et soulignés par épithète méliorative : « tes yeux purs » (v. 14).

- Énumération de métaphores apposées à « tes yeux » :

Les « feuilles » (v.5)  forme de l’œil en général, « ailes » (v.7) paupières, les « roseaux » (v.6)  cilles, « auréole » (v.3)  iris/pupille, « rosée » (v.5)  larmes.

L’idée de circularité est présente dans tous le poème :

- Forme de la courbe présente dans titre envahit le poème : « courbe », « tour » (v.1), « rond », « auréole », « berceau » (v. 2-3), « ailes » (v. 8), « couvée » (v. 11).

-  Redoublée par assonance en « ou » présente quasiment à chaque vers, qui rappelle sonorité du mot courbe : « douceur » (v.2), « tout » (v. 4-15), « toujours » (v. 5-12), « jour », (v.6-13), « mousse », « sourires » (v. 6-7), « couvrant » (v .8), « sources », « couleurs » (v.10), « couvée » (v.11), « coule » (v.15).

+ Celle en « o » traduisent également l’idée de rondeur : « rond » (v.2), « auréole », « nocturne » (v.2), « rosée », « roseaux » (v.6-7), « éclos », « aurores » (v.11).

- Idée de courbe et de circularité également présente dans première strophe qui semble formé une boucle : on retrouve le mot « yeux » au début et à la fin de strophe

- Et également l’intégralité du poème semble former une boucle : on retrouve dans dernier vers idée du premier, ces vers ne pourraient former qu’une seule phrase.

« La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur » (v.1), « Et tout mon sang coule dans leurs regards » (v.15).

Ce chiasme traduit un dépendance et lien vitale entre le locuteur et la femme aimée.  

La femme aimée rassurante, un refuge

Cette idée de courbe donne une image d’enveloppement : la femme est vu comme rassurante, comme un refuge. Cette protection est aussi soulignée par l’adjectif « sûr » (v.3) et l’image du berceau (v.3), qui donne également une figure maternelle à la femme (lexique de l'enlacement, de la protection maternelle : « fait le tour » v.1, « berceau » v.3, « couvrant » v.8, « couvée » v.11).

LE LIEN VITALE ENTRE LE LOCUTEUR ET LA FEMME AIMÉE

La structure circulaire du poème peut souligner la sensation d’enfermement du poète dont l’existence dépend du regard féminin.

Cette dépendance se traduit tout d’abord par l’amour fusionnel

 

En effet, le poète considère que le couple n’est pas la réunion de deux personnes, mais leur fusion en un être unique.

- la dépendance de l’homme à la femme ainsi qu’en témoigne l’anaphore du groupe verbal « dépend de » aux vers 13 et 14.

- Cette dépendance est renforcée par un parallélisme entre les vers 13 et 14, où l’accent se porte sur le verbe « dépend » : « Comme le jour dépend de l’innocence/Le monde entier dépend de tes yeux purs ».

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