PARCOURS DE LECTURE SUR INCENDIES (WADJI MOUAWAD)
Commentaire de texte : PARCOURS DE LECTURE SUR INCENDIES (WADJI MOUAWAD). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar AUSTRAL • 13 Mars 2018 • Commentaire de texte • 2 002 Mots (9 Pages) • 1 644 Vues
PARCOURS DE LECTURE
INCENDIES de Wadji Mouawad
II/ Car Mouawad crée des personnages incarnant des figures de la consolation, porteuses de révélations.
Question 1 :
Nous allons commencer par analyser la relation qu’entretenait Hermile avec la mère des jumeaux.
En effet dès la première scène, on remarque qu’Hermile est nostalgique, « Avant, je disais un zoizeau. C’est votre mère qui m’a apprit qu’il fallait dire un oiseau »(p. 13), touché par la mort de Nawal qui était pour lui une sorte de professeure qu’il admirait, lui corrigeant son langage. Il désigne la mort de Nawal comme un « malheur »(p. 13), il est donc extrêmement touché par celle-ci et était proche et attaché à Nawal.
Les anaphores : « C’est sûr, c’est sûr, c’est sûr »(p. 13) (2 fois dans la tirade), « Entrez, entrez, entrez » (p. 13/14), (2 fois dans la tirade), nous dévoile un Hermile totalement stressé, paniqué et atteint par cette mort, nous montrant encore une fois qu’il entretenait une relation forte avec Nawal et qu’il est vraiment touché par sa mort.
Lorsqu’il invite les jumeaux à rentrer dans son bureau il leur dit que « [lui n’entrerait] pas »(p. 14), que « ce n’est pas facile »(p. 14), preuve une fois de plus qu’il considère la nouvelle qu’il va annoncer comme quelque chose de très dur et qu’il en est bouleversé. Pour lui, cette situation est un « enfer »(p. 14), donc quelque chose d’extrêmement difficile et insoutenable à vivre. La répétition du mot « aimais » lorsqu’il confie aux jumeaux qu’il « aimai[t] [leur] mère »(p. 14), témoigne de cet attachement fort qui reliait Hermile à Nawal. Néanmoins, on remarque que Nawal « ne disait jamais rien à personne […] bien avant qu'elle ne se soit mise à plus rien dire du tout [...] »(p. 15), et donc que malgré l'excellente relation qu'elle entretenait avec Hermile, elle lui parlait aussi peu de son passé et de ses états d'âme qu'avec ses enfants. Le notaire compare, grâce à une métaphore, le « testament »(p. 15), et donc la mort de Nawal, à un « mauvais temps »(p. 15), groupe nominal à connotation péjorative. En effet, le « mauvais temps » est synonyme de tristesse, de désarroi, et de dépression. De plus, tout au long de la scène, M. Lebel aborde des thèmes n'ayant aucun rapport avec la situation, on apprend qu' « avant […] [s]on bureau donnait sur l'autoroute […] », qu'il « avai[t] fini par accrocher une pancarte à [sa] fenêtre »(p. 13), preuves qu'il est totalement déboussolé, affecté, par la mort de son amie. Enfin, à la fin de sa tirade, les didascalies nous indiquent qu' « Il éclate en sanglots. »(p. 15), et donc qu'il craque face à la grandeur de sa peine.
Pour continuer, dans la deuxième scène de l'Incendie de Nawal, il bafouille et ses phrases n'ont plus de sens, on le voit notamment dans ses paroles : « Quelqu'un qu'on ne connaît pas très bien personne, mais quand même, qui a été quelqu'un. »(p. 20). Cela nous présente Hermile comme quelqu'un de bouleversé et qui n'arrive plus à exprimer correctement ses pensées. Ainsi, le notaire nous confie que Nawal l'a institué comme son « exécuteur testamentaire »(p. 16). Cependant, on apprend à travers ses paroles qu'il « aurai[t] pu refuser, mais [qu'il] n'[a] pas pu.»(p. 16). Cette répétition tournant autour du verbe pouvoir nous fait comprendre que le lien affectif et amical qu'il avait avec elle était plus fort que ses propres envies. Par la suite, dans son testament, Nawal désigne Hermile comme un « ami », de plus, elle lui lègue « [s]on stylo plume noir » (p. 17), un objet qui lui est cher, montrant encore une fois son attachement à Hermile. On observe, une fois de plus, la tristesse d'Hermile, grâce aux répliques de celui-ci ; en effet, il utilise l'adverbe à connotation péjorative « malheureusement »(p. 23), pour exprimer son désespoir d'avoir été choisi comme l'exécuteur testamentaire de Nawal.
On peut continuer à penser qu’Hermile entretenait une relation forte et différente de celle que Nawal avait avec les jumeaux car celui-ci adopte un point de vue totalement différent vis-à-vis des actions de Nawal qui bouleverse forcément les certitudes de Jeanne et Simon. Effectivement, Simon, dans sa colère et son incompréhension du silence de sa mère, insulte Nawal : « Elle est morte, puis juste avant de mourir elle s'est demandée comment elle pouvait faire pour nous fucker encore plus l'existence […] elle a trouvé ! Faire son testament ! Son câlisse de testament !»(p. 19), mais Hermile la défend en amenant des arguments valables, « Elle l'a rédigé il y a 5 ans ! ». Pour celui-ci, « il y a sûrement une explication à tout cela […] ça doit bien valoir quelque chose en quelque part ! »(p. 20), cette obstination totale, à penser que Nawal avait forcément une raison de s'être tue « Pas dans un testament ! »(p. 22), va forcément bouleverser inconsciemment, les certitudes de Jeanne et de Simon, il veut à tout prix les convaincre. Le retour de Jeanne, quelques jours plus tard, pour venir chercher la lettre, est donc peut-être dû à cette obstination puissante d’Hermile. En effet, pendant la totalité de la deuxième scène, il ne va cesser de tenter de convaincre les jumeaux que leur mère avait une raison valable d'arrêter de parler. Selon lui, « Il faut lui faire confiance ! », « Elle avait ses raisons. », « [Il] ne croi[t] pas, à ça »(p. 22), il va jusqu'à faire des affirmations, preuves de sa confiance aveugle envers elle et donc qu’il était proche de Nawal. Hermile « la connai[t] d'une manière différente » (p. 22), ce qui une fois de plus va faire pencher les jumeaux et surtout Jeanne du côté de l’avis d’Hermile. Comme le dit Simon « Big deal ! [Ils sont] ses enfants et [il] en sa[it] plus sur elle qu[’eux] ! »(p. 21), ce qui les laissent penser qu’il se cache quelque chose derrière tout cela. Jeanne va tout de suite essayer de comprendre ce mystère alors que Simon va s’obstiner à ne pas l’accepter.
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