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Montaigne, « De la vanité », Essais III, chapitre IX (1588). Manuel p. 86

Commentaire de texte : Montaigne, « De la vanité », Essais III, chapitre IX (1588). Manuel p. 86. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Novembre 2016  •  Commentaire de texte  •  1 286 Mots (6 Pages)  •  5 787 Vues

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Commentaire
Montaigne, « De la vanité », Essais III, chapitre IX (1588). Manuel p. 86

Un honnête homme, c’est un homme mêlé

Dans le long essai « De la vanité », au troisième livre, chapitre IX, Montaigne donne une illustration de sa liberté d’allure, mêlant les sujets sans se soucier en apparence de les ordonner en un tout cohérent. Toutefois la cohérence profonde est à chercher dans le lien qu’il établit entre le voyage et la vanité - ce qui ne compte pas, ce qui est « vide ». Le voyage correspond au goût de Montaigne pour la variété, en outre il lui révèle de puissantes vérités sur la nature humaine et lui permet de fonder un art de vivre sur une attitude générale. Nous chercherons ainsi à déterminer quelle qualité humaine et humaniste Montaigne défend dans ce texte, en abordant tout d’abord la présence de l’auteur dans son texte, en examinant ensuite la structure argumentative et enfin en analysant la virulence de la satire de ses compatriotes « hors de leur élément ».

Montaigne se met constamment en scène, comme le prouve l’omniprésence de la première personne, particulièrement en début de paragraphe : « Moi qui », « J’ai la complexion », « J’ai honte » mais ne relate pas dans un récit le détail de ses aventures.

Il indique quelle attitude a été la sienne pendant les voyages, c’est également celle qui l’a conduit dans la lecture, la réflexion, l’écriture et l’action. Le voyage devient dans ce texte une image du passage sur terre. S’il estime avoir « laissé quelque chose à voir », il y « retourne », il n’est pas obsédé par la ligne droite, le but, et préfère avancer selon le goût et l’humeur « S’il fait laid à droite, je prends à gauche ». C’est ainsi que son esprit avance, par « bonds et par sauts », car aucune certitude ne l’emprisonne, il s’en remet à son analyse et à son jugement plutôt qu’à la vision des autres. Ayant appris que les jugements des autres souvent « ne s’accordent pas » aux siens, il s’est donné la peine de comprendre par lui-même et a appris que « ce qu’on disait n’y est point ».

Ouvert, curieux de tout, ayant « la complexion libre et le goût commun » il a su s’adapter à tous et à tout, il est exactement le contraire du fanatique et de voir les Français « hors de leur élément quand ils sont hors de leur village » l’a plongé dans la honte…une telle incapacité à s’adapter à l’altérité est à l’opposé de tout ce qui a fondé sa vie.

Tout le texte est ainsi bâti sur l’expérience de ses voyages, en Italie et en Allemagne dont il extrait le suc de sagesse, un art de vivre, à partir de ce qu’il a pu éprouver : « La diversité des façons d’une nation à l’autre ne me touche que par le plaisir de la variété », « je me suis toujours jeté aux tables les plus épaisses d’étrangers ».  De la sorte, il a pu saisir qu’un « honnête homme, c’est un homme mêlé ».

Le hasard des chemins a conduit Montaigne à découvrir l’essentiel de sa façon de voir, sa thèse : c’est par soi-même qu’on doit chercher à découvrir ce qui est différent pour mieux connaître les autres. Cette thèse, est soutenue, amplifiée et généralisée tout au log du texte. A la ligne 12 : « Chaque usage a ses raisons », aucune coutume ne peut être considérée comme supérieure aux autres, et par extension aucun point de vue de caste ou de société ne peut dominer les autres. C’est également la thèse de l’essai « Des coches ».(Livre II, chapitre 6) évoquant la conquête du nouveau monde.

A l’appui de cette thèse, après l’exemple de sa vie, Montaigne développe ses arguments dans les deux premiers paragraphes évoquant ses voyages, la France non plus n’a pas l’apanage de la civilisation : « pourquoi non barbares puisqu’elles ne sot françaises ? ».

C’est la diversité des usages, évoquée particulièrement par la table : « assiette », « rôti », « beurre », « huile de noix », « estomac », « appétit » qui provoque le « plaisir de la variété » sans laquelle nous vivrions dans une pesante monotonie. On retrouve ici l’allégorie digestive déjà employée par Rabelais dans Gargantua et par Montaigne lui-même dans « De l’institution des enfants ». Il s’agit de s’approprier le savoir, de le faire sien, de l’incorporer.

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