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Monologue de Figaro dans l’acte I, scène 2 de Le Mariage de Figaro de Beaumarchais

Commentaire d'oeuvre : Monologue de Figaro dans l’acte I, scène 2 de Le Mariage de Figaro de Beaumarchais. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  21 Décembre 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 307 Mots (10 Pages)  •  513 Vues

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Parcours associé : Théâtre et stratagèmes

Support : monologue de Figaro dans l’acte I, scène 2 de Le Mariage de Figaro de Beaumarchais

Introduction :

Beaumarchais, né en 1732 et mort en 1799 a eu plusieurs vies en une : connu pour ses comédies, il fut aussi horloger et espion. Au théâtre, sa trilogie comportant « Le Barbier de Séville », « Le Mariage de Figaro » et « La Mère coupable » eut un succès retentissant à une époque, celle des Lumières, où ses contemporains s’interrogeaient sur les dogmes établis et la place du valet ou de la femme dans la société.

L’extrait à étudier correspond à l’acte I, scène 2 de Le Mariage de Figaro, comédie en 5 actes et en prose écrite en 1778, lue à la comédie française en 1781 et dont la première représentation publique n’aura lieu qu’en 1784 après plusieurs années de censure. Cette pièce raconte la « folle journée » d’un valet du nom de Figaro qui devra se faire stratège pour déjouer le plan du Comte Almaviva, son maître. A la veille du mariage de son valet avec la camériste Suzanne, celui-ci entend en effet rétablir le droit de cuissage. Cette scène poursuit l’exposition entamée dans la scène 1 qui mettait en scène Suzanne et Figaro dans la chambre gracieusement allouée par le Comte aux futurs époux. Figaro, qui vient d’être informé par sa fiancée des intentions du Comte se retrouve seul sur scène et, dans un monologue, fait part de ses sentiments tout en dévoilant son stratagème pour contrer son maître et tous les opposants qui mettraient à mal son union avec Suzanne.

Pourquoi peut-on affirmer que Figaro, dans ce monologue, s’inscrit dans la lignée des valets traditionnels tout en se démarquant du personnage archétypal qu’il incarne ?

L’analyse linéaire s’effectuera selon les 3 mouvements suivants :

  • Lignes 1 à 6, de « La charmante fille ! » à « fouette courrier », je montrerai que Figaro n’est plus le valet qui sert les amours de son maître, mais est lui-même amoureux.
  • Lignes 6 à 11, de « Pendant que je galoperais » à « c’est trop », la figure contestataire du valet qui dénonce l’ingratitude de son maître et l’abus de pouvoir de ce dernier sera étudiée.
  • Lignes 12 à la fin, c’est surtout le valet machiniste qui fera l’objet de mon analyse.

  1. Le valet amoureux : inversion du schéma propre à la comédie (ligne 1 à 6)
  1. Figaro est un valet amoureux qui ne tarit pas d’éloges sur sa fiancée (phrase 1 = didascalie)
  • Premièrement, Figaro semble fou amoureux de Suzanne, il est comme ensorcelé par sa fiancée, ce que sous-entend l’adjectif « charmante » antéposé au nom « fille ». Les adjectifs « riante » et « verdissante » soulignent la joie de vivre de Suzanne, son aspect pétillant confirmé par le nom « gaieté ». De plus, le nom « délices », au pluriel, met en avant qu’elle est pour Figaro, source de plaisirs.
  • Figaro souligne également avec le connecteur adversatif « mais » que sa fiancée, bien qu’elle ait des qualités physiques qui attirent le regard des hommes et qui sont capables de leur faire perdre la raison, elle se montre quant à elle honnête car elle a compris les intentions du Comte et en fait part à Figaro au lieu de succomber à ce dernier. Elle a fait preuve de fidélité envers Figaro, avant même le mariage, ce qui met en relief tout son amour pour lui.

Le nom « fille » souligne, en outre, qu’elle est restée vierge. Sa sagesse réside, en effet, dans le fait qu’elle n’est pas une fille facile et qu’elle fait preuve d’intelligence en ouvrant les yeux de Figaro avant que le Comte ne passe à l’acte.

  • Nous pouvons également relever la didascalie « il marche en se frottant les mains » qui peut montrer que Figaro se félicite d’avoir trouvé en Suzanne une femme de la sorte. L’adverbe « vivement » précédé du verbe de mouvement « marche » peut aussi révéler le passage dans l’esprit de Figaro à un autre élément d’inquiétude en la personne du Comte dont il va parler ensuite. Cette didascalie serait une transition entre l’esprit rêveur de Figaro, occupé à son amour, pour Suzanne, et son esprit belliqueux qui va transparaître dans la phrase suivante.

  1. Et dont le mariage est menacé par un maître stratège et machiavélique (de « Ah ! » à « courrier »)

  • D’une autre part, figaro, garde une forme de respect envers le comte, marquée par les vouvoiements et la réduplication de l’apostrophe « monseigneur ». Pour autant, l’adjectif antéposé « cher » précédé du déterminant possessif « mon » montre l’ironie de Figaro. En effet, il est déçu du Comte car il se rend compte que la relation humaine qu’ils entretiennent ne va que dans un sens. Cela est notamment démontré avec le verbe au présent de l’indicatif « j’entends » ayant ici le sens de « je comprends ». Figaro a bien été trahi.
  • En outre, Figaro avait déjà des doutes sur le Comte. En effet, l’emploi du verbe à l’imparfait « cherchais » à valeur itérative évoque une action passée répétée. Figaro avait l’intuition que le Comte lui cachait quelque chose. Il comprend alors la redistribution des rôles engagée par le Comte, qui est notamment renforcée par les verbes pronominaux « m’ayant », « m’emmène » et « m’établit », il est effectivement dépendant de son maître. Il se rend compte que le Comte souhaite qu’il sorte du château pour avoir du temps libre avec Suzanne. Les groupes nominaux antithèse « concierge » et « courrier de dépêches » montre le changement entre son travail à la maison puis dehors.
  • Pour finir, Figaro montre, alors qu’il n’est pas dupe du fait que le Comte cherche à redistribuer les cartes. Il a compris les intentions lestes du Comte et récapitule celles-ci avec le bastos « trois promotions à la fois ; vous […] » qui est une sorte de gradation qui se termine avec une phrase inattendue. Cela marque de temps plus le chleuasme et donc l’autodérision de Figaro, motivée par un certain agacement. Le Comte veut également encore avoir le premier rôle dans la relation à trois qu’il entretient avec Figaro et Suzanne, ce qui est notamment appuyé par le groupe nominal « compagnon ministre ». Le compagnon ministre est en effet celui qui a le plus de pouvoir.

Transition : Dans ce premier mouvement du texte, Figaro se persuade d’abord de la chance qu’il a d’épouser Suzanne. Son honnêteté et sa fidélité lui paraissent gages de son bonheur futur avec elle. Puis, il s’insurge contre la manipulation du Comte, qui en contrepoint du portrait de Suzanne, paraît fourbe. Le passage de l’émotion à la colère met en valeur la spontanéité de Figaro, la vivacité de ses sentiments et opinions, ce qui fait de lui un valet typique de la commedia dell’arte. Mais, sa capacité à raisonner et sa verve vindicative font de lui un valet plus révolutionnaire que nul autre valet jusque-là.

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