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Les obsèques de la Lionne, Jean de la Fontaine

Commentaire de texte : Les obsèques de la Lionne, Jean de la Fontaine. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  21 Septembre 2017  •  Commentaire de texte  •  2 549 Mots (11 Pages)  •  1 818 Vues

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La Fontaine, Les obsèques de la Lionne.

Les premières fables publiées en 1668 étaient dédiées au Dauphin, comme l'indique clairement la dédicace* tt A Monseigneur le Dauphin ". En outre, leur dimension didactique* y était nettement affirmée : « Je chante les héros dont Ésope est le père: / Troupe de qui l'histoire, encore que mensongère, / Contient des vérités qui servent de leçon. » Mais en 1678-1679, les fables des livres VII à XI forment un ensemble dédié cette fois à Mme de Montespan, favorite de Louis XIV. Ce recueil marque un tournant dans la production de La Fontaine. En effet, la fable, de purement didactique, est devenue satirique*. Le terme satire vient du latin satura qui désigne d'abord dans cette langue « un plat garni de toute espèce de légumes et de fruits », ensuite une forme de poésie, mélange de divers mètres*, enfin une pièce poétique qui dénonce les vices du temps, comme chez Lucilius, fondateur du genre, puis chez Perse, Horace, Martial, Juvénal. En français, le mot satire désigne tout texte qui critique les vices, les travers des moeurs et des institutions. « Les Obsèques de la lionne », quatorzième fable du livre VIII, offre un exemple intéressant de la nouvelle mission dévolue à la fable: devenir un lieu privilégié de la satire. Par ailleurs, on remarque que l'habileté de versificateur que déploie La Fontaine vient renforcer la force satirique de son propos.

La Satire :

         Au sens strict de « pièce satirique en vers », la satire est encore : représentée au XVIe siècle par Marot, puis elle disparaît. L'esprit et le ton subsistent dans les oeuvres où l'esprit critique s'allie l'ironie*, comme dans les Fables de La Fontaine au XVIIe siècle puis dans les Contes de Voltaire au XVIIIe siècle. Pour faire œuvre satirique, les auteurs utilisent des procédés de simplification et de grossissement. La simplification, il s'agit d'isoler un trait unique de comportement ou une unique caractéristique se voit essentiellement dans le traitement des personnages.  Souvent le fabuliste a recours à des figures animales déjà réduites à une caractéristique dans l'imaginaire collectif: ainsi 1e Lion est-il perçu comme le roi des animaux grâce à sa force et son courage, le Renard est-il synonyme de ruse, etc. Bien sûr, par rapport à ces caractéristiques attendues, le fabuliste peut introduire des décalages (par exemple, le Lion sera présenté malade égoïste, arbitraire et cruel). Pour grossir les traits de ses personnages, La Fontaine a recours non à de longues descriptions mai au discours*, qu'il soit direct*, indirect* ou indirect libre*. La parole contribue à faire des personnages des types: le Lion parle comme un souverain autoritaire, le Renard comme un courtisan flatteur. La structure répétitive du récit* et parfois les commentaires du fabuliste insérés dans celui-ci soulignent et grossissent également un trait, une attitude, un comportement critiquables.

I. La mise en œuvre de la satire :

1. Quelle est la composition de la fable « Les Obsèques de la Lionne» ? Distinguez ce qui est de l'ordre du discours, par opposition au récit, et déterminez ensuite les différentes étapes du récit. Que remarque-t-on ? Quelles sont les cibles de la fable ?

La composition de la fable:

- récit des vers 1 à l6, suivi d'un premier discours du narrateur, vers 17 à 23, qui sous couvert de définition est une satire des Courtisans ;

- des vers 24 à 51, il s'agit de nouveau d'un récit qui est suivi (vers 52 à 55) d'un discours du fabuliste, la morale.

Les différentes étapes du récit :

-la nouvelle de la mort de la Reine; l'organisation des obsèques;

-la douleur du Roi et celle, mimétique, des Courtisans;

- définition et satire des Courtisans ;

-l'épisode du Cerf (dont le comportement singulier s'oppose à celui, grégaire, des

Courtisans) :

- la « faute» du Cerf,

- la colère du Roi,

-la vision du Cerf (qui annule sa « faute» et la colère du Roi),

-la morale.

On remarque qu'il y a deux fables en une; on pourrait imaginer que la fable se termine au vers 23, dans ce cas une autre fable commencerait au vers 24 et se terminerait au vers 55. C'est le vers 24 qui relance le récit et c'est le personnage du Cerf qui est le pivot de cette seconde partie. La cible de la fable est double. Sont visés les Courtisans et le Roi. La servilité des Courtisans est dénoncée ainsi que la nature autoritaire du pouvoir royal qui induit ce type de comportement. La fable montre aussi que les Courtisans et le Roi sont victimes de l'organisation sociale, les premiers en étant contraints à la flatterie servile, le second en prenant pour vrai ce qui n'est que fausseté ou feinte, en prenant l'apparence pour la réalité.

 2. Quels sont les éléments de la fable qui renvoient au règne animal et ceux qui renvoient au monde des hommes ? Que peut-on en conclure ?

        Les éléments de la fable qui renvoient au règne animal : « Lionne », « Lion» (2 fois), (« le Cerf» (2 fois), (« Chétif hôte des bois », (« Loups. ». Les éléments (termes, expressions, notions) qui renvoient au monde des hommes : « les obsèques », « le Prince » (3 fois), « sa Province », « ses Prévôts », « la cérémonie », «cris », « temple », «patois », (, Courtisans », (1 la Cour », « la Reine »(2 fois), (« sa femme », « son fils », « Roi» (3 fois), (« Le Monarque », (« ces gémissantes voix », « tes membres profanes », « Vengez », (« immolez », (« augustes mânes », « Sire », (1 Votre digne moitié»; le discours de la Reine dans sa totalité avec ses références à la religion, mélange de paganisme et de catholicisme; « apothéose ». Le poids des éléments anthropomorphes est très élevé par rapport à ceux qui renvoient au monde animal. On remarque l'utilisation métaphorique de termes désignant des animaux : « caméléon» et « singe », manière pour le texte d'évoquer son fonctionnement en rappelant qu'à chaque fois que l'on parle des animaux, on parle en réalité des hommes.

3. Dans la partie de récit des vers 1 à 16, quel trait concernant les courtisans est mis en évidence ? Comment est-il renforcé dans la partie de discours des vers 17 à 23 ?

        Dans les vers 1 à 16, la servilité des Courtisans est mise en évidence par l'emploi du pronom indéfini « chacun» : « chacun accourt », « chacun s'y trouva» ; par l'emploi de termes collectifs et pluriels : « la compagnie», « messieurs les Courtisans. » La célérité avec laquelle ils réagissent « aussitôt» renforce ce trait. Le comportement identique et mimétique des Courtisans serviles est encore souligné dans la partie de discours des vers 17 à 23 par l'emploi de termes collectifs, (« la Cour », « Peuple» ; d'un terme pluriel, « les gens » (2 fois)) ; de l'expression « mille corps » par l'emploi de termes métaphoriques comme « caméléon», «singe» dans des syntagmes construits sur le même modèle; par l'utilisation d'une métaphore,

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