Les guêpes d'Aristophane
Commentaire de texte : Les guêpes d'Aristophane. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar emmanueld • 15 Mars 2018 • Commentaire de texte • 438 Mots (2 Pages) • 2 790 Vues
Ce texte bien plus qu’un divertissement comique est également un témoignage qui rend compte en quelque sorte de l’actualité d’Athènes par un contemporain. C’est le regard d’un Athénien posé sur sa cité et sur le fonctionnement de sa démocratie, de sa justice, celui d’Aristophane. Il critique Cléon, chef du parti démocratique qui succéda à Périclès.
Dans cet extrait de l’œuvre intitulée les guêpes et datée de -422, Aristophane nomme son personnage principal, Chéricleon [ qui « chéri » Cléon], un juge qui est atteint de « tribunalité aigu ».
Aristophane dénonce la mesure prise par Cléon d’augmenter le mistos des juges à trois oboles (augmentation de 50% de l’indemnité versée aux juges) qui aurait en fait attiré davantage de personnes intéressées par l’argent plutôt que d’exercer avec ferveur, impartialité et devoir leurs taches.
Les juges n’espèrent que des procès. Plus ils en ont, plus ils perçoivent d’argent. Le langage culinaire utilisé par l’auteur en est une critique à peine voilée, les juges sont comme des gloutons qui s’empiffrent d’affaires afin de mieux remplir leurs caisses.
Ils sont en plus corrompus, ou du moins on essaie de les acheter aux abords du prétoire. De plus, ils ne tiennent pas leurs promesses et ne jugent que comme ils l’entendent.
Aristophane critique à la fois « les grosses légumes », hauts personnages de l’état ayant un procès en cours et qui essaient toujours de corrompre les juges en leur versant des sous-mains, des bakchichs et les gens du peuple qui n’ont pas d’autre moyen que de jouer le misérabilisme en « geignant sur leur pauvreté » ou l’humour ou même les supplications grandiloquentes.
On voit que la comédie ancienne qui se développe au Vème siècle, genre utilisé ici par Aristophane, est importante pour la connaissance de l’histoire d’Athènes, car elle prend pour sujet l’actualité immédiate et la traite avec le parti-pris de la bouffonnerie exigé par le genre comique.
La justice à Athènes est corrompue, le pouvoir des juges immense et aucun débat contradictoire ne semble exister comme le fait qu’un accusé puisse être représenté par un avocat, ou que les décisions ou peines soient prises par un véritable tribunal et non, comme c’est le cas, par le bon vouloir d’un seul homme.
Aristophane dénonce ainsi la passivité politique de ses concitoyens face à des juges (Héliastes), qui bien que tirés au sort, deviennent des professionnels à la justice assez expéditive. Plus ils ont de procès, plus ils perçoivent d’argent.
Les accusations se font sur dénonciations. La délation est même rétribuée par une partie de l’amende qui suivra, d’où le fait que certains citoyens soient devenus des délateurs professionnels que l’on nomme les sycophantes.
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