Les Fausses Confidences /“Quand l’amour parle, il est le maître et il parlera”
Dissertation : Les Fausses Confidences /“Quand l’amour parle, il est le maître et il parlera”. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar a • 20 Avril 2022 • Dissertation • 2 273 Mots (10 Pages) • 2 577 Vues
Sujet :
“Quand l’amour parle, il est le maître et il parlera”.
Dans quelle mesure ces propos de Dubois au début de la pièce éclairent-ils votre lecture des Fausses confidences ?
“Quand l’amour parle, il est le maître et il parlera”. Dans cette phrase du premier acte des Fausses confidences, la plus populaire des comédies de Marivaux, publiée en mars 1737, le personnage de Dubois apparaît comme un fin connaisseur des sentiments amoureux : il se propose de faire parler l’amour. Il affirme donc que ce sont l’amour et la vérité des sentiments qui triomphent des normes sociales. Cette extrait, phrase-clé de l’oeuvre, démontre avec l’utilisation du futur “parlera” la confiance de Dubois, qui est certain de pouvoir faire tomber Araminte amoureuse de Dorante, et peut nous amener à nous demander si l’amour entre Araminte et Dorante est-il réellement sincère ou a-t-il été forcé par ce stratagème mis en place par Dubois ? Afin d’y répondre, nous aborderons la vision de l’amour telle qu’elle est donnée dans la pièce ainsi que le thème du mensonge, très présent dans celle-ci, pour enfin terminer sur le triomphe de ce même amour et comment il est exprimé.
En effet, comme dit plus tôt, le thème de l’amour est très largement évoqué dans cette comédie puisque sa principale intrigue n’est autre que le mariage entre Dorante et Araminte. Ici, l’amour est exprimé de manière traditionnelle puisqu’on se retrouve avec deux personnages dont les sentiments l’un envers l’autre évoluent tout au long de la pièce, surtout pour Araminte car Dorante, lui, éprouvait déjà des sentiments amoureux pour cette dernière depuis longtemps. C’est en tout cas ce qu’explique Dubois lors de la scène où il avoue à Araminte l’amour que lui porte Dorante : “Il y a six mois qu'il est tombé fou ; il y a six mois qu'il extravague d'amour, qu'il en a la cervelle brûlée, qu'il en est comme un perdu” (scène 14, acte 1). Dans la pièce, il y a également d’autres intrigues secondaires qui, elles aussi, traitent d’histoires d’amour, avec le comte Dorimont et Marton, respectivement éphémères rivaux de Dorante et Araminte. Ces derniers, surtout Marton, possèdent également des sentiments envers l’un des deux personnages principaux, comme elle a pu l’avouer à Araminte à la fin de la pièce, juste avant la scène où cette dernière et Dorante s’avouent leur amour : “Tu l'aimais donc, Marton ?” (scène 10, acte 3). Concernant Dorante, on se rend vite compte de la passion qu’il éprouve envers Araminte, notamment à la scène 2 du deuxième acte, où il refuse de se marier avec une femme très riche. Cette réaction de Dorante prouve son amour pour elle et montre qu’il n’est pas attiré par l’argent, il n’a qu’un objectif : celui d’épouser Araminte, et non une autre femme. L’amour est présent à tous les niveaux dans Les Fausses Confidences, mais évolue tout de même du côté de certains personnages, avec comme exemple évident celui d’Araminte.
Comme nous avons pu le remarquer jusqu’à maintenant, Dorante est sous l’emprise de ses sentiments. Il n’est pas le seul : globalement, dans la pièce, l’amour domine les personnages, qui ne peuvent donc plus contrôler certains de leurs sentiments. On le voit avec, par exemple, ses réactions lors de la scène où Araminte lui demande d’écrire une lettre qui dit qu’elle accepte de se marier au comte Dorimont montre que c’est un choc pour lui, il n’arrive même pas à trouver le papier qui se situe pourtant juste devant lui : “Vous n'en trouvez point ! En voilà devant vous” (scène 13, acte 2). On se rend également compte que l’amour domine les autres sentiments des personnages lorsque Araminte décide de ne pas licencier Dorante, même après avoir su que le portrait qu’il avait fait faire était pour elle, et alors même que sa mère le lui recommande dès le début de la pièce, plus précisément à la scène 10 du premier acte. La curiosité de cette dernière à l’égard de Dorante prouve également que malgré son tempérament, décrit comme “raisonnable” (scène 2, acte 1) par Dubois, elle ne peut pas s’empêcher de vouloir en savoir plus sur lui. En décidant à la fin de se marier avec Dorante, elle accepte un déclassement social que sa raison aurait dû lui empêcher de subir : l’amour domine donc totalement les autres sentiments des personnages empreints de sentiments amoureux, comme Dorante et Araminte.
Rares sont les comédies qui ne possèdent pas d’intrigue amoureuse. Souvent, dans presque toutes les comédies de Molière par exemple, un obstacle empêche un mariage de se concrétiser, parce qu’il se heurte à l’opposition d’un père ou d’un tuteur. Le but est alors de lever cet obstacle. Les Fausses Confidences ne déroge pas à la règle, puisqu’ici, l’obstacle n’est autre qu’Araminte elle-même qui, au début de la pièce, dissimule ses propres sentiments à l’égard de Dorante. En effet, malgré la domination de l’amour sur les sentiments des personnages, ces derniers ont eu besoin de l’aide du stratagème de Dubois afin de faire évoluer leur relation. Le mensonge est ainsi omniprésent dans cette pièce et certains personnages n’hésitent pas à mentir afin de faire évoluer les relations entre les uns et les autres, surtout Dubois. Cependant, le mensonge ne s’est pas fait uniquement entre les personnages, Araminte en est la preuve : au début, cette dernière dissimule les sentiments qu’elle éprouve à l’égard de Dorante. On voit dès le départ qu’elle est intéressée par ce dernier grâce aux nombreuses questions qu’elles se posent à son sujet : ”quel est donc cet homme qui vient de me saluer si gracieusement, et qui passe sur la terrasse ? Est-ce à vous à qui il en veut ?” (scène 6, acte 1) . Nous le remarquons également grâce aux didascalies, qui nous montre qu’elle aime Dorante “d’un ton comme triste” (scène 12, acte 2) quand elle apprend qu’il a un statut inférieur à elle. Elle a également trouvé “un peu boudant” (scène 14, acte 1) le fait que Dorante soit amoureux d’une femme, sachant que Dubois ne lui avait pas encore appris que c'était elle dont ce Dorante était épris. Le texte nous fait rapidement comprendre que les différences sociales entre Dorante et Araminte empêchent aussi leur amour d’aboutir rapidement, ils font obstacle à leur amour. Ceci, Dorante le comprend rapidement : “tu crois qu'elle fera quelque attention à moi, que je l'épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui n'ai point de bien ?” (scène 2, acte 1). Cependant, Araminte finit par refuser de se marier au comte Dorimont, alors qu’il était fortuné et que ce mariage était désiré par sa mère, et accepte les sentiments qu’elle éprouve envers Dorante petit à petit, comme on s’en rend compte facilement tout au long de notre lecture. Elle finit même par l’avouer à ce dernier à la fin de la pièce : “songez-vous que ce serait avouer que je vous aime ?” (scène 12, acte 3), qui conclut donc l'œuvre sur une fin heureuse. Elle finit donc par surmonter les obstacles qui étaient en elle en arrêtant de se mentir sur la nature de ses sentiments à l’égard de Dorante.
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