Lecture linéaire du chapitre 38 de Gargantua de F.Rabelais
Cours : Lecture linéaire du chapitre 38 de Gargantua de F.Rabelais. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar blipblop2672 • 2 Février 2023 • Cours • 3 717 Mots (15 Pages) • 1 258 Vues
Séq. Litt d’idées : Rire et savoir. François Rabelais, Gargantua, 1534. LL : chap. 38, p. 227-228
Eléments de cours : 1/ Les rapports entre Rabelais (auteur humaniste de la 1ère moitié du XVIème s.) et la religion chrétienne catholique sont complexes : Rabelais a un parcours monacal ; c’est un évangéliste : un fervent [= qui a une véritable foi] chrétien, mais qui critique certains aspects de l’Église et prône un rapport plus direct à l’Évangile [mais ce n’est ni un athée, ni un réformé/Protestant].
2/ Rabelais (auteur humaniste de la 1ère moitié du XVIème s.) est l’auteur de « chroniques » (= mot qu’il emploie, notamment dans ses titres) qu’on qualifie aujourd’hui de romans. On le considère souvent comme le père du roman moderne – par opposition au roman médiéval [= roman de chevalerie écrit en vers], dont il s’écarte, effectivement, considérablement. La veine comique, voire goguenarde [= qui affecte la moquerie, la raillerie], de l’œuvre de Rabelais l’en écarte considérablement. Par exemple, Rabelais tourne ici en dérision l’idée selon laquelle certains passages de l’Ancien et du Nouveau Testament prophétisent tout ce qui nous advient ici-bas.
3/ L’œuvre de François Rabelais est extrêmement subversive, d’une part par son aspect grivois [= relatif à un comique portant sur des thèmes sexuels], vulgaire et scatophile, mais aussi par la satire religieuse qu’elle porte. La Sorbonne [= principale faculté de théologie de France] condamne Pantagruel un an après sa parution pour son obscénité ; Gargantua et Pantagruel, font, ensemble, l’objet d’une deuxième condamnation en 1543.
Intro : - [Accroche] Choisir un des éléments de cours précédents.
- [Prés. texte] Le passage se situe au cœur des chap. consacrés aux guerres picrocholines. Il constitue une sorte de digression [= fait de s’écarter de son sujet] en leur sein. Six pèlerins se retrouvent par mégarde dans la salade de Gargantua. Sur le point d’être dévorés, ils parviennent à s’échapper. Le dénommé Lasdaller affirme que leur aventure est prophétisée dans la Bible.
- [pbk]
- Comment le comique bouffon et la satire de la religion s’entrecroisent-ils dans cet extrait ? [Rép. en ccl : Le passage amuse le lecteur par le comique gigantal, et, de manière plus générale, le comique de situation qui est lié à la tonalité dramatique : le lecteur suit l’aventure des pèlerins en se demandant ce qu’ils vont devenir, avec un sourire. Mais le texte a aussi une portée pus profonde : se mêle à la critique religieuse la critique d’un certain mode de lecture – en l’occurrence, celui qui était déjà raillé dans le prologue : le fait de lire les Ecritures [= La Bible] comme une prophétie de ce qui peut advenir en ce monde.]
- Doit-on lire ce chapitre comme un intermède comique ou comme porteur d’une critique sérieuse ? [Rép. en ccl : Le comique de situation, le comique grivois et la satire héroï-comique [= art du décalage qui consiste à traiter un sujet bas en style élevé] font de ce chapitre un passage qui paraît clos sur lui-même, sans rapport avec les préoccupations importantes du récit (la guerre contre Picrochole). On peut donc y voir un intermède qui n’aurait pour but que de varier les thèmes et de divertir le lecteur ou la lectrice. Cependant ce passage s’inscrit en réalité pleinement dans la réflexion sur la religion en montrant comment les pèlerins, incapables de comprendre la réalité que nous, lecteurs et lectrices, percevons grâce à la narration omnisciente, s’en remettent à des interprétations débridées de la Bible.]
[Annonce du plan = structure du texte : Modalisez bien quand vous formulez ce repérage de parties !!]
I. début-l. 7 : le lecteur suit les mésaventures des pèlerins alors qu’ils sont dans la bouche de Gargantua
II. l. 8-19 : La narration, encore plus vive, raconte comme les pèlerins sont délogés de la bouche de Gargantua
III. l. 20-fin : la satire d’une pratique de lecture religieuse précise : le fait considérer que ce qui advient ici-bas était prophétisé dans les Ecritures Saintes.
I. début-l. 7 : le lecteur suit les mésaventures des pélerins alors qu’ils sont dans la bouche de Gargantua
[Intro partielle] Un des ressorts majeurs du comique du passage est le gigantisme [= fait que certains perso. soient des géants], car les pèlerins ont une taille ordinaire, face à de véritables géants. Les deux mondes se mêlent sans se comprendre.
- Les six pèlerins désignés par le GN : « Les pèlerins ainsi dévorés » appartiennent effectivement à la liste des cibles de la satire religieuse. N’étant pas individualisés, ils représentent en réalité ici la pratique du pèlerinage, qui est ainsi satirisée en elle-même. Revenant de Saint-Sébastien près de Nantes, les six pèlerins incarnent ces « voyages inutiles et oisifs » (p. 264) que les humanistes associent à la superstition : en l’espèce, Saint-Sébastien est censé les protéger de la peste, comme il a sauvé Rome et Pavie selon La Légende dorée[1]. C’est en réalité leur superstition qui est critiquée.
- Le comique du passage repose sur la disproportion entre les pèlerins et les géants, comme en témoigne la transfiguration des dents en meules dans le GN : « des meules de ses dents ». La bouche de Garg. est transfigurée en un « trou de basse fosse » de prison. Les pèlerins sont ainsi dans la bouche de Gargantua mais imaginent être incarcérés. Dès le début de notre extrait, Rabelais met donc en avant les erreurs de perception, de compréhension du monde extérieur.
- Le premier paragraphe superpose deux récits différents, ou plus exactement deux focalisations différentes pour un même récit. L’effet de disproportion joue ici à plein puisqu’un même élément peut être désigné aussi bien comme une partie de l’anatomie du géant (« ses dents » l. 1, « son estomac » l. 3) ou comme un lieu terrifiant et gigantesque (« les meules » l. 1, « le gouffre » l. 3).
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