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Lecture linéaire - Ode Inachevée à la boue

Commentaire de texte : Lecture linéaire - Ode Inachevée à la boue. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Octobre 2022  •  Commentaire de texte  •  2 006 Mots (9 Pages)  •  6 185 Vues

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Objet d’étude

La poésie du XIXème au XXIème siècle

«Pièces» de Francis Ponge

Lecture linéaire n°1 : « Ode inachevée à la boue»

Auteur : Francis Ponge

Date : 1971

Introduction :

- Francis Ponge, auteur du 20ème siècle, est un écrivain français et s’associe au mouvement du surréalisme Dans tout ses textes, l’auteur visent à embellir différent objet du quotidien

- Dans le recueil , Pièces où se trouves « ode inachevée à la boue » l’auteur décrit les objets du monde dans les correspondances que ceux-ci présentent avec le langage

- Dans ce poème, l’auteur fait l’éloge d’un objet très étrange, la boue. Il parle de la boue comme étant la plus belle chose qu’il est connu, en lui déclarant son amour.

- Parcours associé : « Alchimie poétique : la boue et l’or »

Mouvements du texte :

   Ligne 1 à 6 : Deux regard sur la boue

   Ligne 7 à 14 :Déclaration d’amour du poète, célébration de la beauté de la boue

   Ligne 15 à 23 : refus ironique des formes achevées, qu’elles soient matérielles ou poétiques)

Lecture du texte

Projet de lecture : Comment ce poème propose-t-il un éloge paradoxal de la boue qui suggère une réflexion sur l’écriture poétique ?

Thèmes essentiels du texte :

la boue qui est méprisé et maltraité qui devient un objet magnifique par un processus alchimique

Lecture linéaire :

Etude du titre : «Ode inachevée à la boue»

Ode= genre poétique très ancien( antiquité) visant à célébrer une personne ou un objet en

occurrence ici la boue.

Inachevé= quelque chose de pas finis, quelque chose d’imparfait et donc perfectible.

La boue= personne ne fait de texte sur la boue/ donc très étonnant de parler de sa.

MVT 1=

Phrase 1 : « La boue plaît aux cœurs nobles parce que constamment méprisée. »

   →  »plaît»/ «méprisée» => antithèse qui crée un paradoxal entre le fait qu’à la fois on aime la boue

et d’autre part elle se fait méprisée

   → «boue» «cœurs nobles» => antithèse car la boue désigne les classes populaires, les « cœurs nobles » , la noblesse

Phrase 2: « Notre esprit la honnit, nos pieds et nos roues l’écrasent ».

   → «notre», «nos» et «nos» => allitération en n, le poète s’inclut dans le fait qu’il lui fait du mal.

Ce sont des déterminants possessifs.

   → « nos pieds...l’écrasent » => registre pathétique qui nous placent en position de bourreaux, la boue est placé en position de victime.

Phrase 3: « Elle rend la marche difficile et elle salit: voila ce qu’on ne lui pardonne pas ».

   → «on» + « voila » => avant il utilisait «nous» et maintenant s’exclut du fait qu’on ne la pardonne pas.

   → « elle salit», «rend la marche difficile» => sens littéral de la boue.

Phrase 4: «C’est de la boue dit-on des gens qu’on abomine ou d’injures basses et intéressées.

   → «c’est de la boue» utilisation du discours rapporté, comme ça le poète s’exclut et montre qu’il ⇒

ne pense pas la même chose que les autres

   → «des gens qu’on abomine ou d’injures basses et intéressées» => parle de la boue au sens

métaphorique.

Phrase 5: « Sans souci de la honte qu’on lui inflige , du tort à jamais qu’on lui fait. »

   →   il s’agit d’une phrase non verbale (c’est la principale qui n’a pas de verbe)

   → «inflige» «du tort à jamais qu’on lui fait» => Place une nouvelle fois la boue en position de victime.

   → «à jamais» => irréversible dont on ne peut pas changer le destin = très extrême.

   → «sans souci => on ne se pose pas de question, on le fait avec mépris.

Phrase 6 et 7: « Cette constante humiliation , qui la mériterait? Cette atroce persévérance. »

   →   question rhétorique,  Elle marque la désapprobation de ’auteur pour la haine qu’on inflige à la boue

   → «humiliation => vient de «humus» = terros= boue , donc l’auteur n’utilise pas ce mot au hasard

   → «atroce persévérance» => oxymore, marque le fait que l’on continue à s’acharner sur elle, de

manière très atroce.

MVT 2 =

Phrase 8 et 9: « Boue si méprisée, je t’aime. Je t’aime à raison du mépris où l’on te tient. »

   → «si méprisée» et «je t’aime» => antithèse, déclare son amour à la boue de manière assez

classique. Même si c’est le seul à aimer cette objet.

   → «Je t’aime» => répétition + reprise anaphorique

   →   la phrase 8 est un alexandrin blanc, montre un mouvement d’élévation, objet d’amour.

Phrase 10  «  De mon écrit, boue au sens propre, jaillit à la face de tes détracteurs »

   → «au sens propre => jeu de mots car la boue au sens propre est sale

   → «jallit «détracteurs» => image épique, qui apporte une idée de vengeance.

   → «De mon écrit» => grâce à l’écriture du poète, la boue arrive à se venger.

Phrase 11: « Tu es si belle, après l’orage qui te fonde, avec tes ailes bleues! »

   → «ailes bleues» => parallèle// fait référence au oiseau qui comme la boue son des objets poétique

par excellence.

   → «fonde» => ressemble au mot fondre/ fondée/ foudre, le fait de réaliser un processus alchimique.

   → «ailes bleues => reflet du ciel dans la boue après l’orage

Phrase 12:

   →  très longue phrase, avec une syntaxe très désordonnée => qui imite le côté informe de son objet.

Dans ce passage, utilisation de plusieurs périphrase désignant les différentes phases de l’orage:

   → «lointains» «prochains» => oxymore, montre encore une fois le côté désordonnée.

   → «corps limoneux » => périphrase pour désigner la boue

   → «songerie funèbre » => périphrase pour parler des tas de fumée noirs que l’on trouve au dessus de Paris// avec la pollution

MVT 3=

Phrase 13 :  « Assurément, si j'étais poète, je pourrais (on l'a vu) parler des lassos, du lierre des lutteurs couchés de la boue »

   → phrase conditionnelle à l’irréel du présent (si + imparfait) = paradoxe, ironie  Cet emploi laisse supposer (modalisateur renforcé par l’emploi de l’adverbe Assurément en exergue) qu’il ne l’est pas, poète, refuse d’être poète

   → parenthèse « (on l’a vu) » = allusion à son propre poème

   → notons l’allitération en [l] qui relie les 3 substantifs ainsi rapprochés : « des lassos, du lierre des lutteurs couchés de la boue. »)

Phrase 14 : Ainsi sécherait-elle alors, dans mon livre, comme elle sèche sur le chemin, en l'état plastique8 où le dernier embourbé la laisse...

   → « sèche » avec le passage du conditionnel au présent dans la comparaison « dans mon livre » (on peut penser aux herbiers) // « sur le chemin »

   → mise en relation des mots avec la vie, « l’état plastique » provoqué par « le dernier embourbé » (« les charrettes hostiles », l.13)

Dernier passage :

« Mais comme je tiens à elle beaucoup plus qu'à mon poème, eh bien, je veux lui laisser sa chance, et ne pas trop la transférer aux mots. Car elle est ennemie des formes et se tient à la frontière du non-plastique8. Elle veut nous tenter aux formes, puis enfin nous en décourager. Ainsi soit-il ! Et je ne saurais donc en écrire, qu'au mieux, à sa gloire, à sa honte, une ode diligemment inachevée... »

   → « Mais »  passage de l’hypothèse (« si j'étais poète ») à l’effectif par le présent de l’indicatif : « je tiens », « je veux »  conviction et volonté du poète

   → explication du refus de poétiser la boue car amour des choses « beaucoup » plus que des mots : « je tiens à elle beaucoup plus qu'à mon poème »

    → Décision (interjection typique de l’oralité « eh bien ») de ne pas achever son ode : « ne pas trop la transférer aux mots ».

   → « Ainsi soit-il ! » Conclusion parodique 

   → Mais le discours argumentatif reprend :

  • « donc » // « enfin » : connecteurs logiques (abondant dans tout le texte)  logique singulière du raisonnement : dernière phrase subtile syntaxiquement et sémantiquement :
  • par la négation restrictive complexe, (« Et je ne saurais donc en écrire, qu'au mieux »)
  • par le pronom « en » (référent = « les formes » comme le « en » précédent)
  • par l’antithèse « à sa gloire, à sa honte » résolue par l’expression oxymorique finale « diligemment inachevée » 

   → paradoxe final : le modèle de l’éloge paradoxal devient, par l’antithèse « à sa gloire, à sa honte », paradoxe de l’éloge.

Conclusion :

Le titre pouvait orienter le lecteur vers une parodie ludique, virtuose et provocante ; mais cette « ode » en prose, à la fois lyrique et argumentative se révèle finalement comme un « art poétique », s’inscrivant dans un ambitieux projet, poétique et humaniste : il s’agit de réparer la séparation entre l'homme et les choses, et entre les mots et les choses.

Ce projet est en soi un projet alchimique puisqu’il nous permet de voir l’or dans la boue

On pense évidemment au poème de Victor Hugo « J’aime l’araignée » duquel Ponge s’inspire. L’écriture dont il fait l’éloge, c’est une écriture capable de rester au plus près de ce qu’elle évoque

...

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