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Lecture analytique discours de la servitude volontaire

Commentaire de texte : Lecture analytique discours de la servitude volontaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Juin 2019  •  Commentaire de texte  •  1 977 Mots (8 Pages)  •  779 Vues

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L.A  1 : La boétie

Extrait :

Celui qui vous maîtrise tant n’a que deux yeux, n’a que deux mains, n’a qu’un corps et n’a autre chose que ce qu’a le moindre homme du grand et infini nombre de vos villes, sinon que l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. D’ou a il pris tant d'yeux dont vous épie-t-il, si vous ne les lui donnez  ? comment a il tant de mains pour vous frapper, s’il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, d’ou les a il s’ils ne sont les vôtres ? Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous, que par vous autres mêmes? Comment vous oserait-il courir sus, s’il n'avait intelligence avec vous ? Que pourrait-il faire, si vous n'étiez receleurs du larron qui vous pille ?  complices du meurtrier qui vous tue et traîtres de vous mêmes ? Vous semez vos fruits, afin qu’il en fasse le dégât. Vous meublez et remplissez vos maisons, pour fournir à ses voleries, vous nourrissez vos filles, afin qu’il ait de quoi saouler sa luxure ; vous nourrissez vos enfants, afin qu'il les mène pour le mieux qu’il leur fasse, en ses guerres ; qu’il les mène a la boucherie, qu’il les fasse les ministres de ses convoitises, et les exécuteurs de ses vengeances ; vous rompez a la peine vos personnes, afin qu’il se puisse mignarder en ses délices, et se vautrer dans les sales et vilains plaisirs. Vous vous affaiblissez, afin de le faire plus fort et roide, à vous tenir plus courte la bride ; et de tant d’indignités, que les bêtes mêmes, ou ne sentiraient point, ou n'endurerait point, vous pouvez vous en délivrer si vous essayez, non pas de vous en délivrer, mais seulement de le vouloir faire. Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres.

Introduction :

Etienne de la Boétie s'est enrichi de son expérience de conseiller au parlement de Bordeaux, ou il rencontre Montaigne afin d'exposer ses points de vues sur la politique de son époque.

Il écrit Discours de la servitude volontaire en 1547 alors qu'il n'a que 18 ans.

1547 est une année de transition lors de laquelle François 1er, qui avait entrepris une œuvre de centralisation monarchique meurt et Henri 2 prend le pouvoir.

A travers son Discours de la servitude volontaire publié en 1576 (un peu après sa mort) de manière clandestine au service de la cause protestante, La Boétie souhaite envoyer des recommandations à ce nouveau Prince pour l'engager à une nouvelle conception de la monarchie.

Dans son ouvrage, il s'engage fortement contre la tyrannie qui a été selon lui rendue possible par la passivité des peuples.

Aussi,  ce discours fortement polémique a pour objectif de réveiller les consciences et d'inviter le peuple à la désobéissance.

(insert info extrait here)

  1. Un réquisitoire contre la tyrannie.

La Boétie fait un véritable réquisitoire contre la monarchie qu'il juge injuste et confiscatoire. Selon lui, le monarque est un voleur, et la monarchie une tragédie.

A. Un portrait satirique du tyran

  • Le roi, qui est censé être quelqu'un d'exceptionnel est déprécié dans cet extrait et n'est mentionné qu'à travers des pronoms démonstratifs sans être nommé , je cite : « celui qui vous maitrise tant » « celui pour qui... »

  • Son corps, qui est considéré comme sacré est ramené à un corps quelconque à travers le registre réaliste , je cite « deux yeux , deux mains, un corps » ; et « n'a autre chose que ce qu'à le moindre homme du grand nombre infini de vos villes » banalisant l'anatomie du roi qui est assimilée à celle de n'importe quel autre humain. → idée d'un être sans distinction particulière.

- En insistant sur les éléments du corps, il rabaisse le souverain à l'état de corps humain et lui ôte toute dimension divine. De cette façon il revient sur la fameuse théorie des deux corps du roi et la remet en cause. ( la théorie des deux corps : des historiens, théologiens et canonistes du moyen âge construisaient le roi comme un être possédant un corps terrestre et mortel, tout en incarnant un corps politique et immortel). Le corps physique renvoie au pouvoir temporel , donc ici pas de corps céleste et pas de pouvoir d'origine spirituelle.

  • Ce vocabulaire surprend car le roi devrait normalement être évoqué seulement à travers le registre épique et comparé à des êtres mythologiques étant donné sa supériorité, or ici le roi est déprécié à travers plusieurs tournures restrictives comme : « n'a que deux yeux » ou encore « n'a que deux mains... ».

- De plus, le monarque se « vautre dans les sales et vilains plaisirs »(l.22)  comme un cochon se vautre dans la boue, dépréciant ainsi l'image du roi.

  • à travers une gradation, le roi est évoqué comme un voleur : le Roi confisque les biens matériels de son peuple, mais il vole également des biens immatériels comme leurs filles, leurs enfants, ou encore leurs vies.
  • Les actes du roi sont tous répréhensibles ( = qui mérite d'être blâmé) et assimilés à des crimes. Le roi est assimilé à un voleur de très grande ampleur, un brigand suprême à travers le champ lexical du vol et à un tyran avec la thématique de la dévastation.

  • Il y a également l'évocation des vices du roi notamment la luxure qui est un des 10 péchés capitaux

Transition : Tandis que le monarque est assimilé à  un voleur de très grande ampleur dans son portrait satirique, la monarchie quant à elle est présentée comme une véritable tragédie.

B- La monarchie, une tragédie

  • Dans ce texte, le registre pathétique est très présent, notamment à travers les champs lexicaux du malheur et du crime, je cite : « dégâts, indignités, meurtrier qui vous tue, boucherie.. ».

  • La véritable tragédie réside dans le fait que c'est le peuple lui-même qui est à l'origine de cette souffrance, ce qui est montré par les l'emploi accusateur du pronom personnel « vous » dans les phrases : « sinon que l'avantage que vous lui faites pour vous détruire » et « que pourrait-il faire si vous n'étiez receleurs du larron qui vous pille ? »

- Dans ces deux phrases, le pronom « vous » est tantôt sujet tantôt objet, cette alternance souligne le fait que le peuple est à la fois sujet et objet de son malheur. Il s'enferme lui même dans une circularité tragique qui est celle de la servitude volontaire

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