Discours De La Servitude Volontaire - La Boétie
Recherche de Documents : Discours De La Servitude Volontaire - La Boétie. Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar Sweeden • 2 Mai 2013 • 374 Mots (2 Pages) • 1 564 Vues
Celui qui a tant d'autorité sur vous n'a que deux yeux, n'a que deux mains, n'a qu'un corps et n'a autre chose que ce qu'a le moindre homme du grand nombre infini de vos villes; ce qu'il a seulement de plus que bous, c'est l'avantage que vous lui donnez pour vous détruire. D'où a-t-il pris tant d'yeux dont il vous épie, si vous ne les lui donnez ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, si vous ne les lui donnez ? Les pieds dont il foule vos cités, d'où les a-t-il, si ce ne sont pas les vôtres ? Comment a-t-il quelque pouvoir sur vous si ce n'est par vous-mêmes ? [...] Comment cette volonté opiniâtre d'être esclave s'est-emme ainsi si profondément enracinée qu'il semble maintenant que l'amour de la liberté ne soit pas si naturel ? [...] La première raison pour laquelle les hommes sont esclaves de plein gré est qu'ils naissent serfs et sont éduqués de même. De celle-ci en vient une autre: aisément, les gens, sous les tyrans, devienne lâches et efféminés [...] Et c'est une chose extraordinaire qu'ils se laissent aller dès qu'on les chatouille. Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les bêtes étranges, les médailles, les tableaux, et autres drogues de même nature, étaient, pour les peuple anciens les appâts de la servitude, le prix de la liberté, les outils de la tyrannie [...] Mais maintenant, j'en viens à un point qui est à mon avis le secret et le ressort de la domination [...]. Toujours cinq ou six hommes ont eu l'oreille du tyran ou l'ont approché d'eux-mêmes ou ont été appelés par lui pour êtres les complices de ses cruautés [...] Ces six hommes en ont six cents qui profitent sous eux et en usent avec eux comme eux avec le tyran. Ces six cents en tiennent sous eux six mille qu'ils ont élevé en condition et auxquels ils ont fait donner le gouvernement des provinces ou la charge du trésor [...] Grande est la suite qui vient après cela. Et si l'on veut s'amuser à dévider ce filet, on verra que ce ne sont pas six mille hommes, mais cent mille, mais des millions qui, par cette corde, se tiennent au tyran.
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