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Lecture analytique : Montaigne, Former un homme

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Par   •  17 Avril 2019  •  Dissertation  •  1 100 Mots (5 Pages)  •  913 Vues

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Lecture analytique : Montaigne, Former un homme

Montaigne est né en 1593 au château de Montaigne dans une famille de noblesse récente. Après des études de droits, il devient membre du parlement de Bordeaux de 1557 à 1570. Date à laquelle il vend sa charge parlementaire et se retire dans sa librairie (bibliothèque). On entreprend la rédaction des essais, (l’essai à cette époque n’existe pas en tant que forme littéraire et Montaigne garde à ce terme son sens de coup d’essai ou d’expérimentation). Sa démarche se veut modeste, non-aboutit et nouvelle. Il revendique une certaine liberté associée à une certaine familiarité de ton proche de la conversation ou de la lettre. Différents thèmes sont abordés dans les essais dont l’éducation. En 1579, Montaigne adresse à Diane de Foix, Comtesse de Gurson, un traité à l’intention de l’enfant qu’elle va mettre au monde. Notre passage est extrait du chapitre 26 du livre I des essais. En quoi ce modèle éducatif évoque-t-il étroitement des modèles anciens et des idées nouvelles ? Nous verrons tout d’abord quel est le contenu de cette éducation et quelles en sont les méthodes.

I. Le contenu de cette éducation

Le premier élément mis en valeur est l’absence d’emploi du temps rigide comme l’indique l’expression « Notre leçon, se passant comme par rencontre, sans obligation de temps et de lieu » . La comparaison qui débute le paragraphe « Comme les pas que nous employons à nous promener dans une galerie » souligne cette absence de contraste, c’est une liberté qui doit présider l’apprentissage des leçons. C’est l’occasion qui crée les leçons, celle-ci n’est jamais imposée de façon préétablie comme l’indique l’expression se mêlant à toutes nos actions. Cela suppose une éducation individualisée à l’extrême  avec un précepteur. Cela appelle l’éducation de Montaigne avant qu’il ne rejoigne le collège de Guyenne à Bordeaux. Les exercices physiques  et les éléments ludiques sont très importants dans cette éducation, cela rappelle l’éducation des nobles au Moyen-Âge comme on peut le voir dans Tristan et Iseult.

Le dernier élément de ce paragraphe est l’idée de la globalité de l’individu : l’aspect physique, le comportement sociable, la psychologie doivent s’épanouir harmonieusement. On retrouve naturellement le même soucis chez Rabelais. Elle est énoncée ici par une formule bien frappée, caractéristique du style de Montaigne : « Ce n’est pas une âme, ce n’est pas un corps qu’on dresse :  c’est un homme ; il n’en faut pas faire à deux ». Cette idée est reprise par une image que Montaigne emprunte à Platon, figure maîtresse de l’antiquité et disciple de Socrate. On peut y voir un argument d’autorité.

II. Les méthodes

Les méthodes sont centrées dans le deuxième paragraphe et répondent à la question posée, comment exercer une éducation mesurée ? Il faut l’exercer avec une sévère douceur, cet oxymore montre qu’il faut combiner deux termes qui s’opposent. L’exigence doit s’exercer avec bienveillance. Une bienveillance têtue doit permettre d’imposer les choses mais sans violence. L’antithèse dans la phrase suivante oppose le terme « convié » aux termes « horreur » et « cruauté » qui termine la phrase suivante par « violence » et « force ». On retrouve le champ lexical de la contrainte que Montaigne à subit au collège de Guyenne. Cette violence va à l’encontre de ce qu’elle veut imposer. Les méthodes fondées sur la violence avilissent l’individu comme l’indique le groupe binaire « abâtardisse » et « étourdisse ». Dans les phrases suivantes on peut noter que le mode déjà utilisé dans l’expression « Ôtez-moi » (impératif) devient récurent, on peut le noter jusqu’à la ligne 22 les expressions « endurcissez-le » et « ne l’y endurcissez pas », « ôtez- lui toute mollesse », ces verbes à l’impératifs sont construits en chiasme de façon à montrer l’opposition de l’éducation courante (condition climatique difficile, régime alimentaire frustre).  On peut se demander si les énumérations (l.20, 21,22) sont dû à l’influence des stoïciens sur Montaigne. La formule finale, elle aussi à l’impératif « accoutumez-le à tout » montre que l’individu doit savoir faire face à tout, au meilleur comme au pire car la vie est faite des deux. La phrase suivante repose sur une antithèse qui oppose deux groupes binaires : « un beau garçon et dameret mais un garçon vert et vigoureux », il y a une altération en « v » qui donne encore plus de vigueur aux termes. La préférence de Montaigne va vers l’élève dont l’apprentissage lui permettra d’affronter le froid, la fatigue, qui n’aura pas reçu une éducation molle. La phrase suivante (l.26) « c’est une vraie geôle de jeunesse captive » désigne le système scolaire. Montaigne utilise la métaphore de la prison pour dénoncer de façon implicite ses années au collège de Guyenne. Ce sont les méthodes elles-mêmes qui créent la débauche avec l’expression « arrivez-y » et l’utilisation de l’expression « vous noyez », Montaigne invite le lecteur à se rendre compte par lui-même du climat qui règne dans ces institutions. Ce climat de violence est pour Montaigne intolérable et apparaît avec les expressions « enfant suppliciés » (l.28), « maîtres enivrés en leur colère » (l.29). L’indignation de Montaigne est aussi mise en valeur par la question détonique (l.29) « Quelle manière … fouets ? ». Dans cette question rhétorique on trouve encore une opposition entre les expressions « tendres âmes et craintives » et « trogne effroyable, les mains armées de fouets ». La phrase nominale « inique et pernicieuse forme » contient un jugement sans appel. Là encore Montaigne fait appel aux anciens, il cite « Quintilien » , auteur latin qui lui sert d’argument d’autorité. Le texte contient une suite d’images qui illustrent les méthodes voulues par Montaigne et visent à effacer les services en cour dans les écoles pour faire écouter et travailler les élèves. Les fleurs, les feuilles, le portrait de Flora, déesse de la nature et des grâces allégories romaines de la beauté, s’oppose aux « tronçons d’osier sanglants ». Là encore Montaigne utilise la caution d’un philosophe grec « Speusippe »  neveu de Platon. Le passage se termine sur une image très concrète emprunter tantôt à l’habillement et tantôt à la nourriture. Il faut accroitre l’intérêt de ce qui est positif pour l’enfant : « On doit  ensucrer les viandes salubres à l’enfant, et enfieller celles qui lui sont nuisibles »

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