Lecture analyse princesse de clèves
Commentaire de texte : Lecture analyse princesse de clèves. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lou Laurent • 7 Décembre 2022 • Commentaire de texte • 6 072 Mots (25 Pages) • 312 Vues
Texte 1 – « Le Portrait », Madame De Lafayette, La Princesse de Clèves, 1678
Intro : Dans un XVIIe siècle marqué par le succès des romans-fleuve, œuvre en plusieurs tomes, Mme de Lafayette invente le roman psychologique moderne, un récit court, concentré sur l’intrigue d’un personnage unique, la Princesse de Clèves qui servira d’exemple pour démontrer les tourments de l’amour. Inscrit dans le mouvement classique, ce roman a été décriée à sa sortie, malgré son succès incontestable car il peignait une femme qui n’avait rien de vraisemblable. En effet, ce livre illustre une vision plutôt pessimiste où l’amour est néfaste et les membres de la Cour corrompus.
Dans cet extrait, situé au début du roman, le narrateur fait le portrait de celle qui deviendra la PdC, Melle de Chartres.
🡪 Comment ce portrait présage-t-il de la suite funeste du roman ?
- Un portrait idéalisé (du début à « une des plus grandes héritières de France »)
- Effet d’attente
- Au début, la PDC n’est pas nommé, on l’appelle « une beauté », mystère avec le déterminant indéfini
- Le but : attiser la curiosité du lecteur. L’extrait commence comme un conte de fée avec la formule impersonnelle « Il parut à la cour une beauté », le cod devrait être le sujet, « une beauté parut ».
- On la découvre à travers les yeux de la Cour admirative, « attira les yeux de tout le monde », « l’on doit croire », « dans un lieu où l’on était si accoutumé » ≈ le on englobe une foule indistincte.
- Une pause dans le récit pour revenir sur le passé de l’héroïne alors qu’elle n’a tjs pas été nommée.
- Un modèle de perfection
- La métonymie « une beauté » est reprise plus loin (= PdC réduite à une caractéristique physique), « c’était une beauté parfaite », valeur hyperbolique.
- Usage de superlatifs pour faire son éloge, elle est plus belle que « de belles personnes », « une des plus grandes héritières de France »
- Une perfection qui reste abstraite, aucun détail précis, c’est une beauté idéale laissée à l’imagination du lecteur.
- Une éducation morale et singulière (« son père était mort jeune » à « d’en être aimée »)
- Une mère d’exception
- Une mère qui a toutes les qualités, « le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires », adj hyperbolique.
- A contre-courant des pratiques de son époque, « plusieurs années sans revenir à la Cour », « pendant cette absence », Mme de Chartres prend directement en charge son éducation plutôt que de la confier à un couvent ou à un précepteur.
- Champ lexical de l’éducation, « donné ses soins », « travailla », « cultiver », « songea aussi à lui donner ».
- Une éducation singulière
- On sent les critiques de l’auteur à travers la voix de Mme de Chartres et l’usage du présent de vérité générale, « La plupart des mères s'imaginent qu'il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner » les mères dissimulent les dangers de la séduction ≠ Mme de Chartres, au contraire, ne cache rien à sa fille. L'anaphore de « elle lui » insiste sur son implication, elle n’est pas comme les autres mères.
- Pédagogie de Mme de Chartres, « elle faisait », « elle lui montrait » ≈ dialogue et imparfait d’habitude.
- Vision pessimiste de l’amour
- Opposition entre l’attitude des « hommes » (pluriel = une catégorie générale), des séducteurs dont « leurs tromperies et leur infidélité » traduisent leur « peu de sincérité ≠ les femmes qui se laissent abuser par ces séducteurs. Par opposition à ce schéma, Mme de Chartres oppose « l’honnête femme ».
- Antithèse « agréable »/ « dangereux » : elle s’attarde sur la souffrance que procure l’amour en passant rapidement sur le plaisir, on relève l’énumération, « le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité, les malheurs domestiques ». Opposition vertu ≠ amour ≈ éducation morale stricte.
- Un portrait annonciateur (dernier paragraphe)
- Une arrivée remarquée à la Cour
- Arrivée remarquée par le « vidame », personne importante à la Cour, « il fut surpris de la grande beauté de mademoiselle de Chartres, et il en fut surpris avec raison. ».
Le narrateur lui-même atteste de la beauté de la Pdc avec la reprise anaphorique de l’expression « il fut surpris ». « Un éclat que l’on n’a jamais vu qu’à elle », tournure avec la double négation montre le caractère singulier de la Pdc, et annonce un destin tout aussi singulier.
- Mme de Chartres ambitionne un mariage exceptionnel, « elle ne trouvait presque rien digne de sa fille ». Annonce d’une union prestigieuse comme le sous-entend le titre du roman.
- Des indices de fragilité
- Elle est d'une « extrême jeunesse ». Sa présentation à la cour se décide dans sa « seizième année ». Elle semble innocente, « la blancheur de son teint », « ses cheveux blonds ».
Malgré l'excellente éducation que lui a donnée Mme de Chartres, elle n'a pas d'expérience de la vie mondaine, pas plus qu'elle n'a d'expérience des tentations de l'amour. En arrivant à la Cour, Mlle de Chartres sort d'un cadre protecteur pour être plongée dans un monde inconnu.
CCL : Ce portrait de Mlle de Chartres laisse présager un destin funeste car il la présente comme l'incarnation de la perfection par sa « beauté parfaite », son appartenance à la haute noblesse reflétant sa noblesse de cœur, sa pureté et sa vertu qui lui viennent de l'éducation irréprochable qu'elle a reçue de sa mère. Sa mère, Mme de Chartres, a donné toute son énergie et sa sagesse pour la préparer à la vie de cour et lui inculquer les valeurs de l'« honnête femme ». Elle est donc appelée à un mariage d'exception. Cependant, son jeune âge, sa fragilité, son manque d'expérience de la vie mondaine et des exigences de l'amour conjugal la prépare à un destin tragique, tiraillée entre ses sentiments et sa vertu morale, ici bien décrite.
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