Le récit de la mort du chanteur offre-t-il plusieurs niveaux de lecture ?
Commentaire de texte : Le récit de la mort du chanteur offre-t-il plusieurs niveaux de lecture ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ilyes slimani • 14 Février 2018 • Commentaire de texte • 2 418 Mots (10 Pages) • 669 Vues
Dans la quatrième partie de La Peste, le narrateur s’attache à décrire l’apogée de l’épidémie et la fatigue des personnages principaux après des mois de lutte contre la maladie. Il évoque plus particulièrement une scène qu’il a lue dans les carnets de Tarrou. Celui-ci relate une soirée qu’il a passée à l’opéra avec Cottard : depuis des mois, l’œuvre de Gluck, Orphée et Eurydice, résonne dans la salle municipale, mais ce soir-là, la représentation va s’interrompre de manière inattendue.
Le récit de la mort du chanteur offre-t-il plusieurs niveaux de lecture ?
Après avoir montré que cette soirée à l’opéra constitue un moment d’oubli pour les Oranais, nous verrons comment la peste fait irruption sur scène en envahissant l’espace théâtral, puis que le récit de cette mort constitue une mise en abyme, à laquelle le lecteur peut donner plusieurs sens symboliques.
I. Une soirée à l’opéra
Tout d’abord, on assiste à une soiré à l’opéra.
a. Un loisir privilégié pour les Oranais
Les soirées à l’opéra sont un loisir privilégié pour les Oranais.
(Passer la soirée à l’opéra est un loisir privilégié pour les Oranais. Montrez en quoi la salle du spectacle semble être un lieu préservé de l’épidémie.)
- «faisait toujours de grosses recettes » l.294-295 = montre la réussite financière perpétuelle de la pièce
- « un parterre gonflé à craquer » l.296 = hyperbole, insiste sur la grand nombre de personnes qui y assiste
- « rejouer son spectacle, une fois par semaine » l.290-291 &
/oppose avec/ - « Cependant ce spectacle, continuait de connaître la faveur du public » l.294 = insiste sur réussite du spectacle malgré fréquence / le fait que le spectacle serait l’événement favori des Oranais (faveur).
- « les hommes reprenaient l’assurance qui leur manquait quelques heures auparavant, parmi les rues noires de la ville » l.303-304 = opposition entre la salle de théâtre (« brouhaha ») et dehors/extérieur de la salle (« rues noires de la ville») : opposition = fait la salle de théâtre apparaître comme préservé de la peste
- « l’habit chassait la peste » l.304 = personnification qui insiste sur la salle de spectacle, un lieu préservé : par les apparences
b. Un regard ironique sur le comportement théâtral des Oranais
Tarrou se moque de la superficialité et du comportement théâtral des Oranais
(Tarrou pose un regard ironique sur les Oranais et sur leur comportement très théâtral. Justifiez-le notamment à partir des deux premiers paragraphes.)
- « les plus élégants de nos concitoyens » l.296-297 = hyperbole & anti-phrase : montre la superficialité des Oranais qui malgré l’épidémie gardent encore les apparences
- « conversation de bon ton » l.302 = ironique : montre Oranais essaient de passer pour des personnes cultivées/de bonne éducation
- « Ceux qui arrivaient s’appliquer visiblement à ne pas manquer leur entrée » l.297-298 = ironie (visiblement) : le mot « entrée » : double-sens = fait penser à l’entrée des acteurs, dans une pièce de théâtre // Oranais = acteurs
Oranais = acteurs :
« s’inclinaient avec grâce » l.301 = début & fin d’une pièce de théâtre
« silhouettes » l.300 = acteurs anonymes
« lumière éblouissante de l’avant-rideau » = avant rideau : Oranais jouent dans le parterre : impression Oranais avant que la pièce ne commence jouent leur propre pièce
c. Un passage autonome
Comme les Oranais jouent leur propre pièce, le passage est construit de manière autonome dans ce roman.
(Le récit de cette soirée est construit comme un passage autonome. Analysez l’effet de dramatisation produit en vous appuyant sur la construction de l’extrait en trois paragraphes et sur l’emploi des temps verbaux.)
- 1er paragraphe : situation initiale =
personnages : « Cottard avait invité Tarrou » l.287
cadre spatial : « Ils étaient allés à l’Opéra municipal » l.286
cadre temporel : « chaque vendredi » l.291
- 2ème paragraphe : élément perturbateur =
verbe au passé simple « plaignit » l.305 (valeur de succession de faits) & « fut chanté » l.307 = plus-que-parfait (valeur de passé dans le passé)
« C’est à peine si on remarqua qu’Orphée introduisait, dans son air du deuxième acte, des tremblements qui n’y figuraient pas » l.308-309 = montre l’apparition très proche du drame
- 3ème paragraphe : chute =
connecteurs temporels : « au troisième acte (c’était le moment où Eurydice échappait à son amant » l.314-315
« comme on sort d’une église, le service fini, ou d’une chambre mortuaire après une visite » l.326-327 = montre l’omniprésence de la mort dans la vie des Oranais & les ramène à leur routine
Dernière phrase l.332 à 336 : chute = montre la victoire perpétuelle de la peste & la limite de l’oubli de l’épidémie grâce aux apparences
II. La mort sur scène
Ensuite, on voit la mort sur scène.
a. Les étapes de l’agonie d’Orphée
Les étapes de l’agonie d’Orphée rompent avec son jeu d’acteur
(La description du jeu d’acteur d’Orphée est aussi celle des différents symptômes de la peste. Analysez les étapes de son agonie.)
Gradation des symptômes de la peste
- « Orphée se plaignit avec facilité » l.305 = voit sa douleur : mais = jeu d’acteur / « avec facilité » : douleur paraît plus faible
- « tremblements » l.309 & « un léger excès de pathétique » l.310 = jeu d’acteur / mais : léger excès & symptômes empire
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