La femme gelée, Annie Ernaux
Commentaire de texte : La femme gelée, Annie Ernaux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar papoutou • 11 Juin 2017 • Commentaire de texte • 1 719 Mots (7 Pages) • 25 354 Vues
Fiche commentaire texte « La femme gelée », Annie Ernaux
Introduction
Annie Ernaux est une femme de lettres française et professeur de lettres né en 1940 (auto-socio-biographie). Nous allons étudier un extrait de son roman, La femme gelée, publié en 1981.
Dans La Femme gelée, œuvre largement autobiographique, la narratrice montre les limites de l’émancipation féminine dans les années 60, pour comprendre comme une femme peut se trouver « encarcanée », dépossédée d’elle-même et de toutes ses aspirations. Mariée à un étudiant en droit pourtant plein de théories idéales sur l’égalité des sexes, elle est vite happée par un conditionnement imposé par la société et voit sa vie confisquée par toutes les tâches ménagères qu’elle est finalement seule à accomplir. Le lecteur observe la jeune femme pleine d’enthousiasme et de curiosité pour les études et l’avenir, perdre peu à peu son élan, ses propres désirs de liberté et devenir comme tant d’autres une « femme gelée ».
Le texte soumis à notre étude est extrait de cette œuvre et nous offre la vision qu’a la narratrice de sa vie quotidienne, ses réflexions, ses inquiétudes, sa lassitude de la routine morne et des attitudes de son mari
Afin de comprendre comment la narratrice rend-elle compte des difficultés de la lutte féminine pour l’égalité, nous verrons comment cette écriture qui rend compte de la réelle montre que la théorie ne s’est pas encore transformée en actes, engendrant la souffrance d’une femme engourdie et gelée.
Plan d’étude
I- Une écriture qui rend compte du réel
A. Le choix de l’oralité
B. La brutalité envahissante de la réalité quotidienne
C. La force de la sincérité
II- La réalité contre les principes
A. La différence entre les paroles et les actes
B. La défaite de la femme
III- La souffrance d’une « femme gelée »
A. L’aliénation
B. L’engourdissement
Etude
I- Une écriture qui rend compte du réel
A. Le choix de l’oralité
=> Une oralité qui renvoie au modernisme de l’œuvre - Termes d’actualité : « cocotte-minute », « aspirateur » - Abréviations modernes : « restau », « extra », « sciences po » - Vocabulaire familier : « patates », « capoter », « bouffe », « popote » => Une oralité permettant à l’écrivaine d’exprimer librement ses pensées : => Syntaxe libre => absence de liens grammaticaux : « Comme nous sommes sérieux et fragiles, l’image attendrissante du jeune couple moderno-intellectuel », phrases disloquées : « Plus le temps de s’interroger, couper stupidement les cheveux en quatre,/ le réel c’est ça,/un homme, et qui bouffe,/ pas deux yaourts et un thé,/il ne s’agit pas d’être une braque », « Mes parents, l’aberration, le couple bouffon. » => Intrusion de discours direct sans verbe introducteur, ni guillemets :« La cocotte-minute, cadeau de mariage si utile vous verrez, chantonne sur le gaz » => Phrases courtes et sans verbe : « Unis, pareils. Sonnerie stridente du compte-minutes, autre cadeau. Fini la ressemblance » => Ecriture « plate », sans effets de style, ne cherchant pas à faire de la « belle prose ». Cette écriture peut produire chez le lecteur un effet de violence et de brutalité => il s’agit pour Annie Ernaux de raconter au plus près des souffrances vécues, sans jamais les embellir. Le style d’écriture donne au lecteur une impression de vérité et de sincérité qui ne cache rien.
B. La brutalité envahissante de la réalité quotidienne
=> La réalité quotidienne est évoquée de façon extrêmement concrète et même brutale. - Champ lexical de la nourriture : « patates, la bouffe, petits pois cramés, yaourts, quiche, œuf » - Détails matériels très précis, envahissant les phrases par leur énumération : la cocotte, les casseroles, la vaisselle, le supermarché, « des œufs, des pâtes, des endives, toute la bouffe », « les courses, l’aspirateur » => obsession quotidienne éprouvée par la jeune femme - Des phrases incohérentes, reflétant l’incohérence même de la vie d’Annie, dispersée dans ses préoccupations : « Version anglaise, purée, philosophie de l’histoire, vite le supermarché va fermer, les études par petits bouts »
II-La réalité contre les principes
A. La différence entre les paroles et les actes
=> Cette réalité envahissante et si matérielle vient marquer l’échec des idéaux d’égalité du jeune couple
=> toutes ces théories ne sont en fait qu’un simple cliché : « l’image attendrissante du jeune couple moderno-intellectuel. » =>Effet de chute dans le 1er paragraphe : commençant par « l’un des deux » et finissant par « moi ».
=>Un idéal qui se limite chez le mari aux paroles ou aux pensées : « le discours de l’égalité », « il m’encourage », « il me dit et me répète », « il établit des plans », « intellectuellement, il est pour ma liberté »
...