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La confrontation Toinette / Argan / Le Malade imaginaire Acte I, Scène 5

Cours : La confrontation Toinette / Argan / Le Malade imaginaire Acte I, Scène 5. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  3 Mai 2022  •  Cours  •  2 433 Mots (10 Pages)  •  2 411 Vues

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Lecture linéaire : La confrontation Toinette / Argan

Le Malade imaginaire Acte I, Scène 5  de « Ma foi, monsieur» à la fin de la scène «Vous n'aurez pas ce cœur-là».

TOINETTE Ma foi, monsieur, voulez-vous qu'en amie je vous donne un conseil?

ARGAN Quel est-il, ce conseil?

TOINETTE De ne point songer à ce mariage-là.

ARGAN Et la raison?

TOINETTE La raison, c'est que votre fille n'y consentira point.

ARGAN Elle n'y consentira point?

TOINETTE Non.

ARGAN Ma fille?

TOINETTE Votre fille. Elle vous dira qu'elle n'a que faire de monsieur Diafoirus, de son fils Thomas Diafoirus, ni de tous les Diafoirus du monde.

ARGAN J'en ai affaire, moi, outre que le parti1 est plus avantageux qu'on ne pense. Monsieur Diafoirus n'a que ce fils-là pour tout héritier; et, de plus, monsieur Purgon qui n'a ni femme ni enfants, lui donne tout son bien en faveur de ce mariage; et monsieur Purgon est un homme qui a huit mille bonnes livres de rente2.

TOINETTE Il faut qu'il ait tué bien des gens pour s'être fait si riche.

ARGAN Huit mille livres de rente sont quelque chose, sans compter le bien du père.

TOINETTE Monsieur, tout cela est bel et bon; mais j'en reviens toujours là: je vous conseille, entre nous, de lui choisir un autre mari; et elle n'est point faite pour être madame Diafoirus.

ARGAN Et je veux, moi, que cela soit.

TOINETTE Eh! Fi3! ne dites pas cela.

ARGAN Comment! que je ne dise pas cela?

TOINETTE Eh! non.

ARGAN Et pourquoi ne le dirais-je pas?

TOINETTE On dira que vous ne songez pas à ce que vous dites.

ARGAN On dira ce qu'on voudra; mais je vous dis que je veux qu'elle exécute la parole que j'ai donnée4.

TOINETTE Non; je suis sûre qu'elle ne le fera pas.

ARGAN Je l'y forcerai bien.

TOINETTE Elle ne le fera pas, vous dis-je.

ARGAN Elle le fera, ou je la mettrai dans un couvent.

TOINETTE Vous?

ARGAN Moi.

TOINETTE Bon.

ARGAN Comment, bon?

TOINETTE Vous ne la mettrez point dans un couvent.

ARGAN Je ne la mettrai point dans un couvent?

TOINETTE Non.

ARGAN Non?

TOINETTE Non.

ARGAN Ouais! Voici qui est plaisant! Je ne mettrai pas ma fille dans un couvent, si je veux?

TOINETTE Non, vous dis-je.

ARGAN Qui m'en empêchera?

TOINETTE Vous-même.

ARGAN Moi?

TOINETTE Oui. Vous n'aurez pas ce cœur-là5.

1 Le parti=personne à marier envisagée du point de vue de sa situation sociale et financière. 2. Rente=Revenu annuel. 8000 livres sont environ l’équivalent de 20 000 euros actuels. 3. Fi !=expression qui traduit le dégoût et/ou le mépris. 4. Qu'elle exécute la parole que j'ai donnée =qu’elle accomplisse la promesse que j’ai faite à celui que je lui ai choisi comme mari. 5.  Vous n'aurez pas ce cœur-là =Vous n’aurez pas le courage de le faire.

Introduction :

Présentation de la pièce.

Molière a beaucoup écrit pour divertir Louis XIV et sa cour. A cette occasion, il met au point une formule qui allie la comédie à d’autres arts, tels la danse, le chant et la musique. C’est la naissance d’un nouveau genre de théâtre : la comédie-ballet. Sur les 33 pièces de Molière, 13 sont des comédies-ballets. Molière inaugure le genre de la comédie-ballet avec la pièce Les Fâcheux en 1661, genre qui atteindra sa perfection avec Le Bourgeois gentilhomme en 1670 et  Le Malade imaginaire en 1673. Le Malade Imaginaire, est une comédie-ballet en trois actes et en prose, représentée pour la première fois le 10 février 1673, au Palais Royal. C'est le compositeur Marc-Antoine Charpentier, grand rival de Lully, qui s'est chargé de la musique. En tant que Classique, Molière considère que « Le devoir de la comédie [est] de corriger les hommes en les divertissant » (préface du Tartuffe-1669). Molière veut fait prendre conscience aux hommes de leurs travers et de leurs  propres folies : folie de l'homme qui, comme Argan, est le jouet d'une passion, l’excès d’hypocondrie, qui lui fait nier tout bon sens, le pousse à adopter des comportements égoïstes et  infantiles, à tenir des propos grotesques, à l'enfermer dans l'égocentrisme et à l'éloigner de la vie même ;  et folie des hommes  qui se fient aux médecins, comme l’énonce Béralde : «rien de plus ridicule qu'un homme qui  se veut mêler d’en guérir un autre » (III, 3). La comédie-ballet de Molière est donc aussi l’occasion d’une satire de la médecine de son temps.

Présentation du passage.

Dans la première partie de cette scène, il y a eu quiproquo : Argan annonce à sa fille qu’il souhaite la marier à un homme charmant. Angélique se méprend en pensant que l’homme que son père lui destine pour époux est Cléante, l'homme qu'elle aime. Or, le projet d’Argan est de lui faire épouser Thomas Diafoirus fils de médecin et futur médecin, lui-même. Accablement d’Angélique lorsque le quiproquo est levé et véhémentes protestations de Toinette, la servante qui dans la deuxième partie de notre scène va se quereller avec Argan qui maintient que, malade comme il l’est, il lui faut un gendre médecin et qu’en cas de refus de sa fille, il l’enfermera dans un couvent. Toinette s'élève, ici, contre ce qu’elle qualifie de « dessein burlesque ».

Découpage du texte.

1er mouvement : Ligne 1 « Ma foi, monsieur » à l10 « ni de tous les Diafoirus du monde » : Toinette, une servante audacieuse qui refuse de cautionner le mariage voulu par Argan.

 mouvement : Ligne 11 « J'en ai affaire, moi » à l19 « n'est point faite pour être madame Diafoirus» : Argan s’entête dans son projet de mariage forcé qu’il voit comme favorable à sa santé et à ses finances.

 mouvement : Ligne 20 « Et je veux, moi » à l47 « Vous n'aurez pas ce cœur-là» : La servante inébranlable défie son maître qui apparait comme un vieillard tyrannique et borné.

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