La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette, 1678

Séquence roman : La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette, 1678

Sujet type analyse : D'après votre lecture du roman, quelle vision Madame de Lafayette donne-t-elle de la passion amoureuse ?

1. La passion, c'est une pulsion irrépressible, qui structure le roman

1. Une vision de la passion proche de celle de Descartes : une pulsion, qui passe par le regard, où l'esprit s'associe au corps, et qui est incontrôlable et naturelle : la fascination réciproque dans la scène de rencontre, citation à retenir : « il était difficile de ne pas être surprise de le voir »
2. La passion, le thème central du roman : dès l'incipit, avec le portrait d'Henri II en roi adultère, la narratrice évacue la dimension historique de son roman pour se concentrer sur la question des passions, centrale au siècle classique ; de même, les épisodes majeurs et les récits enchâssés ont tous pour thème la passion, qui donne son unité d'action au roman : on suit, sur un an, la naissance, l'expansion puis la mort d'une passion amoureuse. Citation à retenir : « La magnificence et la galanterie n'ont jamais paru en France avec tant d'éclat que dans les dernières années du règne d'Henri second »
3. La passion, le grand ressort dramatique du roman : la passion est enfin une force qui pousse les personnages à agir, c'est elle qui mène l'intrigue et lie les épisodes entre eux ; par exemple, l'épisode de l'aveu, où la passion pousse Madame de Clèves à l'aveu, et où la passion pousse ensuite Nemours à répéter ce qu'il a entendu, entraînant la mort du Prince de Clèves ; citation à retenir : « je meurs du cruel déplaisir que vous m'avez donné. »

TRANSITION : Madame de Lafayette place donc la passion amoureuse au centre de son roman ; toutefois, elle en montre également les dangers.

1. Mais la passion, c'est aussi une force aliénante condamnée dans le roman

1. un désaveu social : la passion dans le roman semble impossible à vivre en société ; voir par exemple le rôle des récits enchâssés, qui sont comme des miroirs tendus à l'héroïne, où la passion systématiquement amène à la trahison personnelle (Tournon) ou institutionnelle (Anne Boulen, l'histoire du Vidame), voire même à la mort (Anne de Boulen, le Vidame dont la mort annoncée dans une prolepse découle directement de sa trahison de Catherine de Médicis) // autre exploitation possible de l'argument: le rôle de la cour dans le roman
2. une force aliénante : la narratrice met également en garde sur le risque de se perdre soi-même dans la passion ; les personnages amoureux perdent tout contrôle d'eux-mêmes, par exemple dans l'épisode de la lettre, où la Princesse de Clèves est le jouet de ses sentiments : d'abord atteinte par la jalousie, la réécriture de la lettre avec Nemours l'amène à vivre un temps d'intense fusion amoureuse où elle s'oublie elle-même ; elle prend conscience de la perte d'identité et de repères que confère une passion, citation à retenir « elle ne se reconnaissait plus elle-même ».
3. L’ambiguïté finale du roman : le refus final à Nemours peut donc se lire comme une mise en garde contre l'excès des passions ; si la Princesse refuse Nemours, c'est peut-être moins par culpabilité vis à vis du Prince de Clèves que par la volonté se se préserver, et de refuser de disparaître à elle-même dans une passion, citation à retenir « J'avoue... que les passions peuvent me conduire ; mais elles ne sauraient m'aveugler. »

La passion dans le roman :

> les scènes de couple : les deux rencontres, l'aveu, la rêverie à Coulommiers, le refus final à Nemours

      > les mises en garde dans les récits enchâssés : la passion amoureuse qui avilit (Vidame de Chartres), qui mène à la trahison (Vidame, Madame de Tournon), la passion mortifère (Anne de Boulen, Vidame de Chartres)

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