Haïfa Nancy Huston
Commentaire de texte : Haïfa Nancy Huston. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Gabrielle Binet • 12 Décembre 2021 • Commentaire de texte • 1 228 Mots (5 Pages) • 373 Vues
INTRODUCTION
Le genre romanesque est le genre le plus propice à la description. Dans Lignes de faille, un roman de Nancy Huston dont la narration a la particularité d’être portée par un enfant âgé de six ans, l’action et la description se côtoient. Au chapitre II de ce roman, le narrateur nommé Randall décrit sa nouvelle ville de résidence : Haïfa. Ainsi, on peut se demander comment le narrateur de Lignes de faille, décrit-il une ville paisible ? Après avoir étudié comment la description s’inscrit dans le récit, nous verrons comment elle est construite sur une opposition avec la guerre.
I. Une description intégrée au récit
Dans un premier temps, la description permet au lecteur de mieux comprendre l’action : dans cet extrait de Lignes de faille elle est intégrée au récit et sert donc la narration.
Tout d’abord, la présence du pronom personnel « je » (ligne 4) nous indique que cette description est construite avec un point de vue interne. Le lecteur suit l’activité sensorielle du narrateur avec des références verbales à la vue (ligne 3 : « on peut voir ») associées à des précisions géographiques sous la forme de repères spatiaux « d’un côté » et « de l’autre côté » ligne 2. Une comparaison ligne 6 (« comme le sens à travers la langue ») symbolise chez le narrateur la richesse visuelle et auditive qui l’entoure en associant le soleil « qui filtre » avec les échos d’une langue étrangère que l’on commence à comprendre. On compare les mots d’une langue étrangère avec les rayons de soleil et cette comparaison est méliorative. Les occurrences « on a l’impression » (ligne 1) et « je trouve » (ligne 13) confirment que le point de vue interne laisse place aux jugements du personnage sur son environnement. La description est donc subjective.
Ensuite, le fait que la narration soit portée par un enfant de six ans a un effet sur la description. Les incises récurrentes « sauf que d’après p’pa » (ligne 15) ou encore « comme dit M’man » (ligne 19) nous montrent un narrateur passif et dont la logique et les jugements dépendent des autres personnages. Au lieu de visiter une ville, ici, le narrateur la découvre au fur et à mesure de l’action d’autres personnages comme le montre cette citation : « P’pa commence tout de suite avec la chose la plus importante pour lui, à savoir les courses ». Ainsi, lorsqu’au troisième paragraphe Randall nous parle avec précision de l’origine des habitants d’Haïfa et de l’absence de la communauté noire, ses termes sont maladroits. On devine l’importance qui sont attribuées à ces données dans la sphère parentale et également un conflit entre le père et la mère avec les connecteurs logiques : « sauf que » et « mais ».
Enfin, cette description n’est pas figée dans le temps. L’adverbe « ensuite » ligne 2 nous indique des temps différents portés par le regard du narrateur. Elle est au plus près de l’action et parfois très subtile comme à la ligne 6 « Tout ça miroite, la langue hébraïque et la rue Hatzvi » où une synesthésie intègre du mouvement en décrivant les sons avec une caractéristique visuelle. Le présent d’habitude ligne 19 « Le matin, P’pa m’aide à réviser... » suppose que plusieurs jours sont inclus dans le temps de cette description. Elle concerne l’arrivée dans la ville avec un présent de narration ligne 3 « les dames nous conduisent en haut de la colline » mais aussi les premiers jours à Haïfa.
Ainsi, Randall est un narrateur dont le point de vue est interne. Sa description nous apporte ses impressions sur les lieux qu’il découvre sur plusieurs jours tout en gardant un côté passif dû à son jeune âge.
II. Une description construite sur une opposition avec la guerre
Dans un second temps et bien que cette description nous permette de mieux
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