Fiche de révision lecture analytique le Rouge et le Noir , Stendhal
Fiche : Fiche de révision lecture analytique le Rouge et le Noir , Stendhal. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar romane155 • 30 Avril 2019 • Fiche • 2 178 Mots (9 Pages) • 2 670 Vues
11. « Le Rouge et le Noir », chapitre XLI, Le jugement, STENDHAL, 1830 |
INTRODUCTION
- Contexte historique : XIXème marqué par une grande instabilité politique, plusieurs gouvernement se succèdent → Ier empire (1799-1815), Restauration (1815-30), Monarchie de juillet (1830-48), IIe République (1848-51), Second Empire (1852-70), Commune (1870-71) et la IIIe République (1870-1941). Année 1830 : marque le début de la Monarchie de juillet, voit l’avènement de la royauté avec Louis Philipe qui s’appuie sur la bourgeoisie et la noblesse. Période difficile pour le prolétariat dont la situation économique empire → les mouvements populaires, grèves et insurrections se multiplient et sont sévèrement réprimés.
- Roman d’apprentissage qui décrit l’ascension sociale de Julien Sorel, fils d’un charpentier banal, devenu précepteur des enfants d’un notable de province, M. de Rênal, puis secrétaire d’un marquis parisien. Alors qu’il s’apprêtait à épouser la fille du marquis et réaliser ses espoirs de réussite sociale, Julien intercepte une lettre de son ancienne maîtresse, Mme de Rênal, destinée au marquis. Celle-ci dénonce l’ambition et l’immoralité du jeune homme. Blessé dans son orgueil il se vengea en tirant sur Mme de Rênal.
- Ce passage se situe à la fin du roman, Julien est condamné pour tentative de meurtre. Son jugement est l’occasion d’exprimer ce qu’il pense d’une société dont il s’est senti constamment rejeté.
- Le roman dresse un portrait peu héroïque de Julien, personnage finalement médiocre, motivé par une perpétuelle soif d’élévation et de reconnaissance. Il se caractérise aussi par son insatisfaction permanente, son orgueil démesuré et son extrême sensibilité. Fasciné par le prestige de Napoléon, Julien n’a pas l’étoffe d’un héros : souvent lâche, il est passif dans la réflexion bien plus que dans l’action et essuie plusieurs échecs. Cependant, ce passage marque une rupture pour le personnage qui fait preuve d’héroïsme.
En quoi ce passage permet-il au personnage d’accéder au statut de héros ?
- Des qualités héroïques
- Le courage et la détermination
- Dès le début du passage, le personnage fait preuve d’une certaine noblesse de caractère car c’est son sens du « devoir » (l.3) qui l’incite à prendre la parole. Le passage dresse le portrait d’un jeune homme qui a soif de justice et d’absolu « enflammé par l’idée du devoir » « sa résolution » (l.4).
- Conscient qu’il risque la mort, Julien se montre héroïque. Il revient sur son crime en ne cherchant aucunement à s’en dédouaner : les propositions courtes, lapidaires montrent qu’il est déterminé à affronter un jugement dont il connaît déjà l’issue fatale « Je ne me fais point illusion, la mort m’attend : elle sera juste » (l.15), « Mon crime est atroce, et il fut prémédité » (l.17)
- En ce sens il accède quasiment au statut de héros tragique : la focalisation interne nous fait entrer dans ses pensées et percevoir sa lucidité quant à sa propre mort. En effet, le passage débute par « voilà » (l.1) qui est un adverbe conclusif. On remarque aussi l’oxymore « le dernier de mes jours qui commence » (l.1) → le personnage se sait condamné. Emploi du futur : encore un élément qui relève de sa clairvoyance quant au verdict final, ce qui accentue encore son courage « elle sera juste » (l.15) « il sera puni » (l.24).
- Le courage de Julien est aussi perceptible par le fait qu’il ne minimise pas la gravité de son geste et va même au contraire jusqu’à l’augmenter : le terme « prémédité » (l.18) est en italique ce qui signifie qu’il est mis en évidence dans le discours de Julien. La préméditation est un élément supplémentaire qui accable le jeune qui semble rechercher et vouloir la condamnation.
- Un homme passionné
- L’apprentissage de Julien tout au long du roman se fait par l’amour et les différentes femmes qui vont l’amener à devenir un homme. Aspect séducteur : il se montre curieux de ce que peut penser l’amie de Mme de Rênal « Pleurerait-elle, par hasard ? » (l.8) + présence de Mme Derville (unique lien avec celle qu’il aime) = source de courage et motivation, discours qui cherche à impressionner.
- L’extrême sévérité avec laquelle il condamne son geste fou « Mon crime est atroce... J’ai donc mérité la mort » (l.17) s’explique sans doute par le fait qu’il ne se pardonne pas d’avoir tenté de tuer son ancienne maîtresse. Pour la première fois dans le roman, il renonce à son orgueil : preuve que le personnage de Julien a muri.
- Par ailleurs, son discours est aussi l’occasion de réhabiliter Mme de Rênal dont il fait l’éloge « la femme la plus digne de tous les respects, de tous les hommages » (l.16) : superlatif & hyperbole. Il souligne à 2 reprises la nature filiale et maternelle de leur relation « comme une mère » (l.17) « l’adoration filiale » (l.32) → tente de protéger sa réputation.
- Grande importance des femmes : les pleurs de Mme Derville et des autres femmes de l’assemblée impriment une tonalité pathétique au texte et la réhabilitation de Mme de Rênal ouvre et ferme le discours de Julien.
Au début du roman le héros était un enfant, lors de leur première entrevue Mme de Rênal ne parvenait pas à savoir si Julien était un garçon ou une fille tant par son physique que sa grande sensibilité. Dans ce passage, on voit l’évolution du personnage, le doute n’est plus permis : aux portes de la mort, Julien est devenu un homme.
- Un discours éloquent
- Mise en scène du personnage : dimension théâtrale // Julien = orateur : déterminé, voix ferme & assuré « en affermissant sa voix » (l.14), « Julien parla sur ce ton » (l.27). Il parle sans faillir et contrairement au reste du roman, il ne laisse pas submerger ses émotions.
- Ses paroles retranscrites au discours direct d’abord (guillemets, présent d’énonciation, je) puis au discours narrativisé montrent son courage : Julien n’hésite pas à interpeller directement les jurés « Messieurs » (l.11), « Messieurs les jurés » (l.18)
- En outre, ce discours est efficace dans la mesure où il suscite des réactions : les femmes de l’assistance sont en pleurs « toutes les femmes fondaient en larmes » (l.30), Mme Derville s’évanouit et l’avocat général est indigné « bondissait sur son siège » (l.28). Ces 2 types de réactions qui renvoient aux sentiments montrent que le discours se veut persuasif.
- Omniprésence de modalité négative → Julien refuse toute compassion « je ne vous demande aucune grâce » (l.14), ce refus de la clémence des juges va attirer la sympathie de l’auditoire.
- De plus, Julien met en avant la dureté des juges qui refusent de « s’arrêter à ce que [sa] jeunesse peut mériter de pitié » (l.19). Le jeune homme qui est instruit se montre habile orateur en se présentant dans son discours d’une manière qui ne peut qu’attirer la bienveillance et la sympathie de l’assemblée → éthos
Par son discours, Julien accède à un statut héroïque : il fait preuve de courage et de détermination face à la mort, c’est un homme qui renonce à son orgueil par amour et fait l’éloge de la femme aimée. Enfin, il se montre fin orateur pour emporter l’adhésion du public. Ce statut héroïque est encore accentué par le but de son discours, violent réquisitoire contre une société élitiste qui opprime les classes les plus pauvres dont Julien devient le porte-parole.
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