Fiche de lecture analytique, Lorenzaccio, Scène 7, acte V
Fiche : Fiche de lecture analytique, Lorenzaccio, Scène 7, acte V. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ouliette • 30 Avril 2018 • Fiche • 2 108 Mots (9 Pages) • 886 Vues
EAF ORAL/ FICHE DE LECTURE : Lorrenzacio, Scène 7, acte V
Pièce de théâtre, représenté que 50 ans plus tard en 1896. Pièce longue, nombreux personnages avec une mise en scène compliquée qui représente un défi. Une prime est offerte pour la tête de Lorenzo, qui a tué le Duc. Le peuple va l'assassiner en groupe. Scène -> met en scène la fin anonyme, presque suicidaire de Lorenzo qui découvre que son meurtre n'a été d'aucune utilité, de plus après la mort de sa mère, il n'a aucune utilité. Cette scène dresse donc le constat amer pour Lorenzo : tout ce qu'il a entrepris est un échec et n'arrive pas à faire changer les choses | Drame Romantique avec un cadre historique (Florence, famille des Médicis, XVe siècle |
I- Echec et résignation : un héros désabusé | II- Le soutien de Philippe |
1) Un masque d'humour : la distance ironique de Lorenzo Lorenzo est en exil : pourtant il adopte un ton ironique et léger --> se distingue par des traits d'humour, par un décalage, d'une mise en distance qui masque sa souffrance. Lorenzo tourne en dérision sa condamnation : antiphrase : il est naturel qu'elle le soit dans tout l'Italie --> témoigne avec ironie la distance. Dénonce l'accointance entre religion et tyrannie à travers l'antiphrase (Bon Dieu) et l'hyperbole (condamnation éternelle). Il se moque de la volonté de tous de le tuer, pour de l'argent "la récompense est si grosse qu'elle les rend presque courageux". Paradoxe de son assassinat : pour lui preuve de sa vertu et de son honnêteté mais est diabolisé par ceux qu'il voulait libérer du tyran. Autodérision ironique : feint de comprendre au sens propre une remarque de Philippe (tu n'as pas changé) --> "non en vérité, je porte les mêmes habits, je marche toujours sur mes jambes". Pourtant ce masque de gaieté sert à cacher la tristesse : "je suis plus vieux que le bisaïeul de Saturne" --> suggère un tempérament triste et mélancolique, Saturne étant bien connue pour son influence négative voire néfaste (Cf : Verlaine et ses Poèmes Saturniens) | 1) Une présence compatissante Philippe se distingue par sa présence et son soutien : figure paternelle et rôle d'ami fidèle. La scène se déroule chez lui et contrairement à l'extérieur, c'est un espace de protection et de confiance pour Lorenzo. L'affection et l'intérêt de Philippe transparaissent : apostrophes "mon ami", et la répétition "O Lorenzo ! Lorenzo !". Il n'hésite pas à exprimer sa compassion envers son ami : il perce à jour le cœur de Lorenzo "votre gaieté est triste comme la nuit", comprend sa souffrance illustrée par de nombreux termes se rapportant au mal-être "votre esprit se torture" "vous avez des travers". L'attachement de Philippe se traduit dans l'impératif à valeur de prière : "Je vous en supplie, ne tentez pas la destinée", et par son effort presque désespéré pour détourner Lorenzo de la résignation et du pessimisme. Union entre les deux hommes et la souffrance partagée : emploi du mode impératif à la 1ere p du pluriel "partons ensemble", le passage du vouvoiement au tutoiement dans ses dernières répliques "tu te feras tuer", "ton cœur est très malade" suggère un désir de renforcer leur lien, et surtout le sentiment d'urgence et d'inquiétude grandissant chez Philippe qui cherche à déclencher une prise de conscience chez Lorenzo |
2) Emergence de la désillusion : un acte inutile "Votre gaieté est triste comme la nuit" --> oxymore qui est révélatrice de l'état d'esprit de Lorenzo. Insistance sur l'inutilité de son acte par la métaphore :"j'étais une machine à meurtre, mais à un meurtre seulement" --> tournure restrictive avec emploi de l'adverbe "seulement", minimise la portée de son acte et le dévalorise. La situation politique à Florence après le meurtre n'a pas changé, toujours dirigée par les Médicis (Côme --> "ce planteur de choux"), la passivité des républicains, ironise sur sa responsabilité dans cette situation : répétition "je l'avoue, je l'avoue". Le présent --> synonyme d'absence d'espoir et s'oppose au passé lié à l'assassinat du duc "aujourd'hui que j'ai tué Alexandre" "je suis plus creux et plus vide", affirme son pessimisme. Emploi du mode conditionnel couplé au modalisateur "peut-être le reviendrais-je" : aucun futur, cette citation ne laisse guère la place à l'illusion | |
2) Une inquiétude annonciatrice Philippe est lucide quant au danger et exprime son inquiétude : "Vous allez et venez continuellement, comme si cette proclamation de mort n'existait pas" : verbes de mouvement + adverbe continuellement --> insiste sur l'imprudence de Lorenzo. "Tu te feras tuer dans toutes ces promenades" : indicatif futur : exprime la réalité de l'imminence de la menace et le pluriel "promenades" suggère que Lorenzo multiplie consciemment les risques. Son inquiétude se manifeste également par les multiples tentatives de raccrocher Lorenzo à la vie : -emploi de nombreux verbes à l'impératif présent : traduit le ton paternel de Philippe et son désir de protection "ne tentez pas la destinée" : tente d'impulser à nouveau la vie en Lorenzo. "L'important est de sortir d'Italie" a une valeur impérative : même si Lorenzo mène le dialogue, Philippe adopte une attitude ferme, bien qu'empreinte de tendresse -Tente de sauver Lorenzo de lui-même et de son pessimisme : une série de déclarations optimistes : antithèse "vous avez beaucoup fait, mais vous êtes jeune" --> renouveau possible, possibilité d'un avenir heureux. "Votre esprit se torture dans l'inaction" --> nécessité d'une nouvelle énergie, d'un but + dimension existentielle et réponse aux aspirations de Lorenzo qui souhaitait se faire un nom et marquer l'histoire de son empreinte :"Vous n'avez point encore fini sur la terre" -emploi de questions rhétoriques pour but de faire réagir Lorenzo :"N'avez-vous pas été heureux...?" --> souhait de persuader son ami que sa vie ne s'est pas achevée avec le meurtre et l'exhorte à mener une vie modeste mais vertueuse. Malgré les tentatives de Philippe pour le sauver, Lorenzo est déjà loin : c'est sa résignation et sa désillusion qui l'emportent sur l'optimisme. C'est d'ailleurs le héros qui ouvre le dialogue et le clôt : sanctionne l'impuissance de quiconque à le sauver et sonne comme un adieu. | |
3) L'effacement de Lorenzo La scène s'assombrit : première réplique de la scène, révélatrice de la tonalité de l'extrait : la sobriété de cette déclaration annonce d'une part la résignation de Lorenzo. Sa mère étant morte, il n'a plus de raison de vivre et l'évoque dans la réplique suivante explicitement par anticipation "à ma mort". On remarque l'insistance avec laquelle Lorenzo demande à sortir se promener dans la ville. La mort de sa mère entraine la volonté de sortir, càd la volonté de mourir. Exprime son désir de mourir à 4 reprises : emploi du mode impératif à valeur de prière et répétition du verbe 'prier' --> assimile sa demande à une dernière volonté "sortons, je vous en prie" "je vous en prie". Lorenzo accepte son sort, conscient de la mort qui le guette et qui semble déjà l'habiter "je suis plus creux et plus vide qu'une statue de fer-blanc" --> mort intérieure, image de la statue, en principe œuvre d'art admirée, perd toute sa noblesse par l'évocation d'un métal non noble. "l'ennui qui me prend" sens fort, traduit le mal intérieur et la mélancolie profonde. Le récit d'une tentative d'assassinat contre lui traduit son détachement : termes employés mêlent mépris et pitié ("grand gaillard", "pauvre homme", "espèce de couteau") --> il ne prend pas au sérieux les menaces qui pèsent sur sa vie et ne meurt pas sur scène, il s'efface, seu.l | |
Conclusion : Lorenzo ne meurt pas sur scène mais la réaction de Philippe et la violence des émotions qu'il exprimera donneront à la mort du héros une tonalité pathétique. Son assassinat "frappé par derrière", laisse la goût amer d'une ironie cruelle pour Lorenzo qui voulait mourir en héros. La dernière scène de la pièce marquera le triomphe de Côme et le retour cyclique à une situation inchangée. Le héros meurt mais la tyrannie, elle, continue. |
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