Fiche Bac - Le Pouvoir des Fables
Fiche : Fiche Bac - Le Pouvoir des Fables. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bilelmkh • 15 Mai 2021 • Fiche • 2 125 Mots (9 Pages) • 588 Vues
Texte Bac 1 : Le Pouvoir des Fables
- Lire : Introduction (Accroche) : La fable est un genre ancien, La Fontaine doit beaucoup à Esope, et durant le siècle du Classicisme, ses apologues visant à plaire et instruire sont souvent considérés comme une distraction plus qu’un art noble. Cependant, la polémique qui opposera les Anciens aux Modernes va permettre à l’auteur des Fables d’affirmer la maîtrise de son art ainsi que son aptitude à véhiculer une démarche argumentative efficace, revendiquant par là un réel « pouvoir des fables ». Cet apologue, adressé à M.de Barillon, semble étayer cette démarche.
- Lecture expressive du texte
- Annoncer la problématique et les grands mouvements du texte étudié : On peut alors légitimement se demander dans quelle mesure La Fontaine respecte-t-il la valeur programmatique du titre jusqu’à ériger l’art du fabuliste au-dessus de l’éloquence (=l’argumentation directe) ? A travers une structure complexe de récits enchâssés, nous étudierons l’éloge de l’orateur ou le problème de la stratégie argumentative pour enfin envisager la finalité du Fabuliste : « Plaire et instruire »
- Explication linéaire : Structure du texte, ce que fait l’orateur : On a une structure en 4 parties : Lorsque l’orateur parle sans être écouté, allant du vers 3 au vers 12, puis nous passons à la deuxième structure, lorsqu’il observe son auditoire du vers 13 à 14, qui fait transition à la troisième structure, allant du vers 15 au vers 21, marquant son changement de tactique pour attirer l’attention et enfin le retour à l’argumentation directe allant du vers 22 à 31, lorsqu’il est écouté. De plus, le texte sera constitué de 2 types de discours : l’un qui est un discours rapporté, celui-ci ne sera pas écouté par le peuple et est donc inefficace.
Après celui-ci, est utilisé le discours direct qui s’agit de la fable de Cérès, qui plaira donc au peuple, et sera mis en valeur.
Le discours rapporté, débute au vers 3, on sait que le peuple n’écoutera probablement pas le discours, car il est décrit comme vain et léger, il s’intéresse seulement aux choses inutiles, et a du mal à se concentrer ainsi que le texte se situe à Athènes. Cependant, l’utilisation de l’argumentation directe face au peuple athénien est justifiée ici, la situation est grave, ils courent un grand danger, il faut donc les avertir de manière rapide et directe de la situation. « Un orateur voyant sa patrie en danger » (v.2), l’orateur sait que le peuple est en danger, il doit donc les avertir. « Courut à la tribune et d’un art tyrannique. » (v.3) : L’orateur court à la tribune, on constate d’ailleurs son empressement devant l’urgence de les avertir, avec un art tyrannique c’est-à-dire de manière autoritaire, monopolisant la parole, ce qui montre qu’il s’agit d’un grand enjeu. De plus, son discours est logiquement placé sous le sceau de la violence, pour intensifier l’importance de ce discours face au danger : « et d’un art tyrannique, Voulant forcer les cœurs dans une république » (v.3) : L’orateur ne cherche pas à convaincre le peuple, mais cherche à exercer un pouvoir sur leurs esprits, il veut « forcer les cœurs ». De plus, on a une mise en opposition des termes « tyrannique » et « république » en fin de vers pour montrer que l’orateur ne s’inscrit pas dans la démocratie athénienne et a donc un discours en décalage par rapport à ce qu’attend le peuple. De même, l’orateur parle de manière forte pour se faire entendre et éviter ce danger. « Il parla fortement sur le commun salut » (v.5). On a donc un ton élevé de l’orateur pour attirer l’attention de l’entièreté du peuple, et ce n’est pas seulement pour son intérêt, c’est un commun salut, tout le peuple doit échapper du danger. Malgré tout cet effort, l’orateur n’arrive pas à avoir l’attention du peuple « On ne l’écoutait pas : L’Orateur recourut A ces figures violentes » (v.7) : Après cette motivation, le peuple n’est toujours pas à l’écoute et se moque du danger, l’orateur va amplifier son discours, en faisant recourt à un champ lexical plus violent. On va insister sur cette violence avec une diérèse. « Qui savent exciter les âmes les plus lentes. Il fit parler les morts, tonna, dit ce qu’il put. » (v.8 au v.9) : On a un discours qui attire même les personnes « bêtes », il parle même de personnages importants morts, faisant référence à l’antiquité, fait du bruit. On a tout au long de ce premier discours, le champ lexical de la violence : « art tyrannique » (v.3), « forcer les cœurs » (v.4), « parla fortement » (v.5), « figures violentes » (v.7), « fit parler les morts » (v.9), « tonna » (v.9).
Encore une fois, il s’agit d’un échec : « Le vent emporta tout ; personne ne s’émut. L’animal aux têtes frivoles, Etant fait à ces traits, ne daignait l’écouter ». Même si ce discours est puissant et varié, riche, il échoue à capter l’attention des athéniens. Cet échec est marqué par une dégradation, passe de l’hyperbole au néant : « Fit parler les morts, tonna, dit ce qu’il put, le vent emporta tout, personne ne s’émut, ne daignait l’écouter ». Néanmoins, dès le départ, on savait le futur échec puisque v.3 et v.4 : on comprend tout à fait que « tyrannique » ne peut rimer avec « république » (antithèse). On passe donc à une autre structure du texte, lui permettant de déterminer une autre tactique en observant les athéniens. Il s’aperçoit donc que personne n’est intéressé à son discours, et qu’ils préfèrent observer autre que ce qu’il raconte : « Tous regardaient ailleurs ; il en vit s’arrêter, A des combats d’enfants et point à ses paroles. » (v.13 au v.14). La leçon oratoire commence donc, et l’orateur, qui est, à n’en pas douter excellent constate son erreur et donne une leçon d’art oratoire : tout bon orateur doit connaître, observer, s’adapter à son public. C’est ce qui le fait changer de tactique, on passe donc à la 3ème structure. Ce modèle d’orateur s’adapte donc, accepte de leur parler comme à des enfants pour capter leur attention et change de type de discours : « Que fît le harangueur ? Il prit un autre tour » (v.15) . On sait donc que l’orateur va passer au discours direct, c’est-à-dire raconter une fable, puisqu’il s’agit d’un harangueur, et on retrouve les morales dans une fable. L’orateur semble inventer une fable de Cérès très courte, elle prend seulement 5 vers. De plus, il a recours à un personnage mythologique, Cérès, et à deux animaux (l’anguille et l’hirondelle). Dans la mythologie romaine, Cérès, est déesse de l’agriculture, des moissons et de la fécondité. De même, cette fable est peu palpitante, pas de surprise : « L’anguille en nageant, comme l’hirondelle en volant » (v.18 au v.19). On remarque aussi un parallélisme de construction, appuyé par le mot « comme » pour insister sur ce parallélisme qui rend l’histoire lourde et peu intéressante. Cependant nous avons un peuple athénien qui semble avoir de l’attention pour cette fable : « Comme l’hirondelle en volant, Le traversa bientôt. L’assemblée à l’instant Cria tout d’une voix : « Et Cérès que fit-elle ? » (v.19 au v.21). L’assemblée réagit de façon rapide marqué par « à l’instant », énergique marqué avec « cria », et unanime « Tout d’une voix ». On a donc un changement net d’attitude par rapport au début de la fable. Maintenant que le peuple athénien est à l’écoute et que l’orateur a leur attention totale, on passe à la 4ème structure, l’orateur revient donc à l’argumentation directe. « Ce qu’elle fit ? Un prompt courroux L’anima d’abord contre vous » (v.22) : L’orateur utilise son personnage de fable, Cérès, pour faire ses reproches au peuple, on a une mise en exergue du mot « courroux » en fin de vers. De plus, nous avons l’utilisation de points d’exclamation qui soulignent le courroux qui est en fait celui de l’orateur et non celui de Cérès qu’il fait parler pour lui. De plus, il s’agit du début d’un dialogue établi, on a un changement de personnage, il s’agit de l’orateur qui parle. De plus est marqué l’indignation de l’orateur par : « Quoi ? de contes d’enfants son peuple s’embarrasse ! » (v.24) Dès le vers 27, la fable est replacée dans un cadre historique précis "Que ne demandez-vous ce que Philippe fait ?" On a une référence à Philippe II de Macédoine (382 av. J.-C. - 336 av. J.-C.) qui veut envahir la Grèce. L'orateur athénien Démosthène prononcera des discours appelés les Philippiques, discours contre Philippe II de Macédoine. L’orateur réussit donc à avoir l’écoute totale du peuple grâce à son changement de tactique. « A ce reproche, l’assemblée, Par l’apologue réveillée, Se donne entière à l’orateur : Un trait de fable en eut l’honneur » (v.29 au v.31). La Fontaine met en valeur le fait que si le peuple écoute c’est en effet grâce à l’apologue, il montre que la Fable peut réussir là où l’argumentation indirect n’y arrive pas. De plus, une petite partie de la fable sauve Athènes et la Grèce. « Nous sommes tout d’Athènes en ce point » (v.32). Par la morale, La Fontaine confesse l’émerveillement enfantin des hommes face à un conte. Par la première personne, il reconnaît que tout le genre humain a besoin de divertissement, même lui (« moi-même », « je », x3). De plus, le mot « enfant » revient trois fois dans la fable : « combats d’enfants », « contes d’enfants », « comme un enfant »).
Alors que ce terme semble apparaître d’abord comme un reproche (le peuple d’Athènes est ainsi jugé naïf et puéril, inconscient des dangers qui le menace, La Fontaine renverse le reproche dans la moral et fait un clin d’œil à son lecteur en opposant le monde « vieux » et l’homme resté « enfant » : nous sommes tous des enfants qui veulent qu’on leur raconte une histoire. (« Le monde est vieux, dit-on : je le crois, cependant il le faut amuser encore comme un enfant ») (v.35 au v.36)
Cette fable est là pour nous instruire : comme les athéniens nous n’écoutons que lorsque quelque chose nous fait plaisir à entendre.
La fable permet d’attirer l’attention et d’amener à considérer des éléments réels importants « patrie en danger », « commun salut » et de détourner des futilités « combats d’enfants ».
L’éloge de l’apologue qui réussit à attirer l’attention de tous « tout d’une voix », « moi-même", « nous sommes tous d’Athènes ».
Mais cela va plus loin d’ailleurs, le texte est truffé de références à l’écriture de l’apologue : apologue, fable, moralité, Peau d’âne, le titre lui-même « pouvoir des fables » : véritable éloge de l’argumentation indirecte qui réussit à susciter l’intérêt là ou l’argumentation directe échoue. (La dédicace à M. de Barillon : se comprend alors, La Fontaine donne des conseils oratoires à son ami ambassadeur de France en Angleterre).
Et la dimension de plaisir y est étroitement associée et revendiquée : « plaisir extrême », « cria tout d’une voix », « amuser ». La Fontaine nous montre la puissance des contes, le pouvoir des fables : Paradoxe d’une fable qui nous séduit pour nous faire comprendre que les fables séduisent. La fable de Cérès n’est là que pour intéresser aux choses qui ne nous ont pas d’abord amusées. La morale de La Fontaine revendique la dimension ludique des fables : le monde et l’homme restent inchangés, La Fontaine connaît la nature humaine, nous sommes de grands enfants, La Fontaine avoue son plaisir enfantin à entendre et écrire des apologues, on en vient presque à demander si ‘intention d’instruire n’est pas un prétexte que se donne le fabuliste pour se laisser aller au plaisir de la narration.
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