Explication de texte Apollinaire Zone

 Amorce : Guillaume Apollinaire incarne « l’esprit nouveau » et dans son recueil Alcools, la modernité est très présente même s’il respecte une certaine tradition poétique.

Texte : Cette confrontation entre tradition et modernité se retrouve dans le poème « Zone ». C’est le dernier poème rédigé par Apollinaire avant la publication en 1913 mais en le plaçant au début du recueil, l’auteur affirme la modernité de son écriture et de ses inspirations en évoquant un espace urbain où se mêle passé et présent.

Projet : Ainsi, nous nous demanderons en quoi ce poème célèbre-t-il la modernité.

2 Mouvements : 1 : les vers 1 à 10 confrontent le passé et le présent et 2 : des vers 11 à 24, il s’agit de l’évocation d’un monde moderne

1er mouvement : La confrontation du passé et du présent (v. 1 à 10)

1) La lassitude d’Apollinaire vis-à-vis du passé est exprimée par (v. 1 à 4) :

⇨ par les trois monostiches (3 strophes d’un vers) qui ouvrent le poème

⇨Le premier vers est aussi déroutant dans la mesure où :

▪il s’agit d’un alexandrin (=un vers classique) répondant à une certaine tradition poétique mais le poète annonce un renouveau poétique.

▪Effectivement, la diérèse sur l’adjectif « anci/ en » montre que le passé s’efface + La présence de l’attribut du sujet « las » met en évidence le désir de rupture d’Apollinaire.

▪Le poète surprend aussi en utilisant le pronom « tu » pour se désigner mais cela peut désigner son recul.

⇨Ensuite, le vers 2 poursuit cette envie de modernité :

▪Apollinaire abandonne l’alexandrin au profit d’un vers libre de 16 syllabes (=modernité poétique)

▪ l’interjection lyrique « ô » (présence discrète de la poésie traditionnelle) est placé devant un symbole fort de modernité : la Tour Eiffel personnifiée en « Bergère ».

▪ L’éloge de l’espace urbain à travers la métaphore filée du pâturage se poursuit dans la métaphore : « le troupeau des ponts bêle ce matin » qui métamorphose les arches des ponts de la Seine en dos de moutons.

= La ville devient ainsi une nouvelle source d’inspiration.

⇨ Le vers 3 insiste plus encore sur cette envie de modernité :

▪ La formule assez familière « Tu en as assez » exprime la lassitude à l’égard de « l’antiquité grecque et romaine », considérée comme un modèle absolu au cours des siècles précédents.

⇨ Au vers 4, Apollinaire affirme paradoxalement que « les automobiles ont l’air d’être anciennes » : mais les 1ères automobiles perpétuaient des formes de voitures anciennes et avaient l’allure de carrosses) : le poète affirme donc son désir de ne plus s’inspirer des formes anciennes.

2) Apollinaire confère à la religion une modernité évidente bien qu’existante depuis des siècles (v. 5-10)

⇨ L’enjambement (v. 5-6) permet la mise en évidence de l’épanadiplose (répétition au début et à la fin du vers) du mot « religion », ainsi que la répétition du passé composé « est restée » montrant que la religion reste en-dehors du flux du temps qui passe, comme le souligne aussi l'attribut du sujet « toute neuve ».

⇨De plus, la modernité de la religion est valorisée avec la comparaison surprenante aux « hangars de Port Aviation » (v. 6) et la rime entre «religion» et «aviation» permettant de désacraliser le fait religieux.

⇨ Au vers 7-8, l’interjection lyrique « ô » et le superlatif « le plus moderne » précise l’admiration du poète pour le christianisme et à son représentant : le pape Pie X (Malgré son conservatisme, il a béni un aviateur, André Beaumont, vainqueur de la course Paris-Rome, en 1911. Il devient ici symbole de la modernité en Europe).

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