Explication Linéaire - Le Père Goriot

EL – Le Père Goriot (6)

Introduction :

Présentation : Le père Goriot a fait fortune dans le commerce du vermicelle et des pâtes d'Italie. Maintenant il songe à se retirer des affairés, afin de trouver pour ses filles chéries, Delphine et Anastasic, un brillant mariage ; car toutes deux veulent être comtesses, ou au moins baronnes.

Situation : Originaire d'Angoulême, Eugène Rastignac s'installe à Paris pour suivre des études de droit. C'est un jeune homme ambitieux qui regarde la « bonne société » avec des yeux à la fois surpris et envieux et qui va se montrer prêt à tout pour parvenir à ses fins. Il est le voisin du père Goriot, qui a voué sa vie à ses filles, Anastasie et Delphine, qu’il a mariées à des aristocrates et auxquelles il a donné toute sa fortune, se contentant lui-même de loger dans une pension misérable. Une ultime demande d’argent de la part de ses filles met Goriot au désespoir et provoque une crise d’apoplexie. Eugène de Rastignac veille le mourant, qui attend en vain la venue de ses filles. Après avoir vendu sa montre pour régler les frais d’enterrement, il suit le convoi jusqu’au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Nous sommes donc ici à la toute fin du roman. L'auteur a le choix entre une fin fermée (pas de suite et mort du personnage principal) ou une fin ouverte (suite, et le personnage principal de meurt pas). Or, cette dernière scène est originale car elle est les deux à la fois. A la fois une fin fermée car Goriot meurt, mais aussi une fin ouverte avec la naissance de l’ambitieux Rastignac.

Problématique : En quoi ce personnage réaliste est-il un héros ?

Plan linéaire : 1er mouvement : "Arrivé là (…) il fut forcé d’emprunter vingt sous à Christophe" : l’enterrement du père Goriot, 2ème mouvement : "Ce fait, si léger en lui-même (…) « Christophe le quitta » : l’enterrement des illusions, la métamorphose et le 3ème mouvement : « Rastignac, resté seul (…) Mme de Nucingen" : avènement de l’antihéros Rastignac.

1er mouvement : l’enterrement du père Goriot

« Arrivé là, le corps fut présenté » : le corps est le sujet de verbes à la forme passive. Ces deux participes passés à la forme passive excluent donc les agents véritables. Expression de la solitude à travers un lexique dépréciatif caractérisant un cadre spatial dépouillé - « petite chapelle basse et sombre » -, avec peu de personnes présentes à l’enterrement. Registre pathétique : La pauvreté de Goriot entraîne la pauvreté de la cérémonie ; on ne rend pas hommage aux valeurs nobles et positives de la société (honnêteté, générosité et dévouement du père Goriot pour ses filles).                                       Le champ lexical de l’argent (et de l’économie de moyens) associé à des indicateurs temporels exprimant l’empressement, et mêlé à celui de la religion permet de développer une critique acerbe de l’Eglise qui expédie la cérémonie faute d’argent : « donnèrent tout ce qu’on peut avoir pour soixante-dix francs dans une époque où la religion n’est pas assez riche pour prier gratis », « un psaume », « le service dura vingt minutes », « une seule voiture de deuil », « Il n’y a point de suite, dit le prêtre, nous pourrons aller vite », « ne pas nous attarder ». Registres ironique et satirique : Balzac dénonce ici la cupidité de l'Eglise du XIXème siècle, et le détournement de ses valeurs (sens de la charité, amour du prochain). Champ lexical du temps exprimant la précipitation, associé à une série de verbes au passé simple suggérant la rapidité de la succession des actions : « A six heures » + « fut descendu », les « gens de ses filles disparurent avec le clergé aussitôt que fut dite la courte prière » Tout est à l’économie, sans respect du mort. La valeur « argent » contamine la société entière, ses valeurs et… Rastignac lui-même…

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