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Etude du roman de Maylis de Kerangal, Corniche Kennedy, 2008

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Par   •  20 Juin 2018  •  Fiche de lecture  •  1 540 Mots (7 Pages)  •  14 385 Vues

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Séquence 4 : Etude du roman de Maylis de Kerangal, Corniche Kennedy, 2008

LA (1) : incipit

Introduction

  • Corniche Kennedy de MDK est un roman contemporain (2008). Il appartient au mouvement littéraire de la « littérature contemporaine documentaire », qui souhaite saisir notre présent et notre époque (avec des auteurs comme Laurent Mauvignier, François Bégaudeau).
  • Il s'agit d'un roman d'apprentissage dans lequel le lecteur suit le parcours d'un groupe d'adolescents un été à Marseille. L'apprentissage sera amoureux mais également social. En effet, il s'agit également d'un roman initiatique puisque les adolescents par leurs plongeons défient l'autorité et transgressent les lois de la Ville et des adultes. Il s'agit aussi d'un roman réaliste et documentaire puisque ce roman nous donne une image précise de la jeunesse contemporaine.
  • L'incipit du roman s'ouvre sur une description de la Corniche Kennedy, qui donne son titre au roman. Cette description est très réaliste et détaillée. Le cadre spatio-temporel est donc posé avec précision. Dans ce cadre, sont introduits des personnages présentés comme un groupe et non comme des individus.

Questions

Comment est décrite la corniche ?

Cet incipit est-il traditionnel ?

Quel lien est établi entre la corniche et les personnages ?

I° Un cadre spatio-temporel très précis et réaliste

1° Le cadre spatial : la corniche, qui est présentée comme un personnage à part entière

La corniche qui prête son nom au titre est évoquée longuement : minutieusement décrite dans les lignes 1 à 16 dans un plan d'ensemble (qui nous en donne une vision générale) :

  • une volonté d'ancrer le lieu dans la réalité : Les indices spatiaux « au sortir du virage, après Malmousque, la ville, vieux quartiers, c’est là, derrière le poteau, çà et là » placent l’action dans des lieux réels

→ les indices spatiaux font référence à un quartier de Marseille (Malmousque), ce que confirme la mention des lignes de bus (l.26) qui conduisent les personnages sur le lieu de l’action

- une volonté de faire voir et percevoir le lieu au lecteur :

un véritable tableau : beaucoup d'expansions du nom (adjectifs, périphrase...) pour nous donner à voir la corniche : ses couleurs (« lumineuse », « fluorescent »), sa forme (« tracé »), ses contrastes et ses variations (« congestionnée vs fluide »), sa matière (« terre sablonneuse »)

→ nous sont donnés les dimensions, la matière, la couleur, la végétation, la faune, le mobilier en une structure énumérative qui construit une image précise et riche. L’auteur propose un tableau qui s’anime par la mention de sensations, surtout les odeurs : « fange », « pue », « matériaux en décomposition », et le toucher : « allonger peau nue », « la joue posée », « la roche doucement cabossée ».

L'ouïe est également sollicitée pour nous donner à percevoir ce lieu : « sous le vacarme de la quatre voies compacté en arrière-plan sonore, souffle caverneux – un réfrigérateur que l'on ouvre la nuit dans une cuisine déserte » = une métaphore empruntée au quotidien du lecteur pour lui faire percevoir le fond sonore de la corniche

une limite entre la terre et la mer, un passage, une lisière entre la mer et la ville

cf. Les verbes « épouse, contient, ceinture » inscrivent la corniche dans la ville de Marseille : une limite entre la terre et la mer. La « corniche » est le sujet de ces verbes = un véritable acteur.

cf. « comme un seuil » (comparaison), « zone de contact et non frontière » = elle ne sépare pas mais fait le lien, unit

cf. les prépositions : « entre terre et mer », « au milieu de », «en plein dedans »

le décor de l'action : « C’est que ça se passe et c’est là que nous sommes (l. 12). »

→ présence d'un narrateur qui se donne à voir comme celui qui tire les ficelles de l’histoire → le lecteur est placé dans le décor : cette phrase introduit une relation entre le lecteur et le narrateur à travers le pronom « nous ». Le narrateur a aussi recours au présent d’énonciation, renforcé par l’indication de lieu « là » : d’emblée, il se place comme un observateur qui va suivre l’action au plus près du lieu en se postant sur la corniche et en suggérant au lecteur de l’accompagner.

2° Un cadre temporel réaliste

la période de l’année où va se dérouler l’intrigue est mentionnée « fin juin » : l. 17-20

Les indices définissant la temporalité du récit sont les suivants : « quand le printemps est mûr, juin donc, l’après-midi, heures creuses de l’après-midi, après la fi n des cours » (l. 19-22).

Ils permettent au lecteur de comprendre que l’intrigue va se jouer dans une temporalité resserrée, mais répétée, systématique chaque été : les verbes au présent itératif le confirment.

3° Un narrateur omniprésent

 Le narrateur est un témoin qui semble cependant tirer les ficelles du récit. L’utilisation du présent de narration donne l’impression de faire coïncider le temps de l’histoire avec le temps de la narration, mais le présent d’énonciation se manifeste, associant le narrateur à son récit : « C’est là que ça se passe et c’est là que nous sommes » (l. 12), « On sait » (l. 17)

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