En quoi peut-on dire que les écrits des philosophes des Lumières ont contribué à l’élaboration du bonheur de l’Homme ?
Dissertation : En quoi peut-on dire que les écrits des philosophes des Lumières ont contribué à l’élaboration du bonheur de l’Homme ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar guiguoz • 3 Avril 2022 • Dissertation • 1 631 Mots (7 Pages) • 472 Vues
Correction semi-redigee dissertation N° 2 du 06 décembre 2010
Sujet : En quoi peut-on dire que les écrits des philosophes des Lumières ont contribué à l’élaboration du bonheur de l’Homme ?
« Notre philosophe ne se croit pas en exil dans ce monde, il ne croit point être en pays ennemi ; il veut jouir en sage économe des biens que la nature lui offre ; il veut trouver du plaisir avec les autres ; et pour en trouver, il faut en faire : ainsi il cherche à convenir à ceux avec qui le hasard ou son choix le font vivre ; et il trouve en même temps ce qui lui convient : c’est un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile. » Ainsi Dumarsais définit le philosophe dans cette entreprise de l’Encyclopédie, impulsée par Diderot et D’Alembert. Cet article indique tout à fait le rôle que souhaite tenir le penseur des « Lumières » au XVIIIème siècle. On remarque que le philosophe n’est pas détaché du monde terrestre et des hommes, il n’est pas en « exil dans ce monde ». Bien plus que cela, il affiche une volonté nette d’être dans l’action : « se rendre utile ». Mais alors, en quoi peut-on dire que les écrits philosophes du XVIIIème siècle écrivent pour l’élaboration du bonheur de l’Homme ? Dans quelle mesure le domaine des idées est-il indissociable du domaine de l’action ? Autrement dit, par quels moyens les philosophes participent-ils au développement du bonheur de l’homme ? Il est certain que le philosophe va d’abord condamner farouchement tout ce qui porte atteinte à la liberté fondamentale de l’homme avant de développer ce qui est pour lui l’idée de bonheur, tout en réitérant maintes fois sa volonté d’être utile au autres, et de le prouver.
I/ Farouche condamnation de tout ce qui porte atteinte à la liberté de fondamentale de l’homme.
🡪 Liberté : valeur première du XVIII° « Chaque siècle a son esprit qui le caractérise, l’esprit du nôtre semble être celui de la liberté » (gage de bonheur)
- l’esclavage constitue une atteinte intolérable à la liberté
- condamnation de l’esclavage d’abord timide et réservée, recourant aux détours ironiques (Esprit des lois de Montesquieu). Montesquieu reprend pour mieux stigmatiser la fatuité et l’absurdité des arguments des partisans de l’esclavage : l’esclavagiste dit que les Noirs ne peuvent être des hommes. Or ils le sont ! Insulte grave au genre humain.
- Condamnation qui sera de plus en plus acerbe sous la plume de Voltaire, avec Candide et le Nègre de Surinam (texte tout à fait pathétique au vu de la souffrance du corps, des mutilations qui symbolisent la privation) ou encore Histoire des voyages de Scarmentado. Son procédé consiste à renverser la situation = sarcasme
- Enfin Rousseau dans le Contrat social (I, 4) expliquera que le droit à l’esclavage est nul car l’esclavage est une abjection qui ne peut se prévaloir d’aucun droit.
- en matière de religion, la liberté a un nom : la tolérance
Aussi Voltaire tout particulièrement condamnera-t-il les positions extrémistes qui ne respectent pas la liberté de croire ou de ne pas croire, en un mot la liberté de conscience. Le bonheur dans la religion est la liberté de la pratiquer ou non et selon ses manières. Relativité des croyances et des dogmes = nul ne détient l’absolue vérité. (« Prière à Dieu » : « qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau »)
- en matière de politique, condamnation de régimes politiques qui sont d’essence tyrannique
cf. Diderot article « Autorité politique » qui dit : « qu’aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres » et « que la puissance qui s’acquiert par la violence n’est qu’une usurpation... ». Ces régimes politiques ne peuvent être favorables au bonheur de l’homme.
- en matière économique, dénonciation des inégalités
Dans son Discours sur l’inégalité, Rousseau veut montrer que la propriété est au fondement de l’inégalité. Pour ce faire, il brosse un tableau idyllique de l’homme à l’état primitif, tableau utopique car il présente les hommes totalement indépendants des uns des autres. La propriété est arbitraire car son fondement a provoqué l’exploitation d’un individu par un autre : « mais dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre, dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul d’avoir des provisions pour deux, l’égalité disparut, la propriété s’introduisit... » + Diderot « la liberté est un présent du Ciel ».Cet esprit de liberté dont parle Diderot souffle sur tous les domaines.
II/L’idée de bonheur.
- message universel
Ce qui frappe à la lecture des textes de cette époque ; c’est l’aspect universel du message qu’ils délivrent.
- rêve d’une convention générale en faveur de la miséricorde et de la pitié. (Texte de Montesquieu « De l’esclavage des nègres » : le terme « générale » de la dernière phrase est très important car il indique une absence de distinction condition au bonheur de l’homme.
- même aspect dans le texte de Voltaire « Prière à Dieu » : « Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ».
- c’est la générosité du message : le bonheur de l’homme repose sur la prise de conscience. On ne peut comprendre l’homme qu’en l’immergeant dans la totalité des êtres.
- le bonheur de l’homme ne peut s’épanouir que dans l’harmonie
- Paix : « si les guerres sont inévitables, ne nous haïssons pas... » Voltaire. C’est une pensée foncièrement pessimiste de Voltaire car impossibilité d’éviter les conflits, mais ce pessimisme n’exclut pas l’espoir, ni la participation active et raisonnable de l’homme à affermir sa place dans le monde.
- Fraternité : très insistant aussi dans le texte « Prière à Dieu ». Appel à la réconciliation entre les religions et l’humanité et par une pratique de l’amour et de la bonté ; condition essentielle du respect des hommes « tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr et des mains pour nous égorger ». Fraternité et apitoiement dans Candide « mon ami... », « Et il versait des larmes en regardant son nègre... ». C’est la reconnaissance de l’autre.
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