Commentaire composé: mort d'Hippolyte et récit de Théramène, Phèdre de Racine
Commentaire de texte : Commentaire composé: mort d'Hippolyte et récit de Théramène, Phèdre de Racine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lauramel • 7 Juin 2018 • Commentaire de texte • 1 518 Mots (7 Pages) • 3 618 Vues
Racine est un dramaturge du XVIIEme siècle, dont les œuvres appartiennent donc au théâtre classique, qui respecte les règles de bienséance, de vraisemblance et des trois unités. Contemporain de Molière et de Corneille, il a notamment écrit la tragédie Phèdre, en 1677. Cette pièce de théâtre raconte l’amour incestueux de Phèdre, épouse de Thésée et reine d’Athènes, pour son beau-fils Hippolyte. Thésée étant cru mort, elle ose l’avouer au jeune homme, qui est lui-même amoureux d’Aricie, princesse captive de Thésée. Mais le roi revient, il est en vie. Paniquée, Phèdre lui annonce qu’Hippolyte l’a souillée, ce qui est un mensonge. Le roi bannit-donc Hippolyte, qui a tu la passion de Phèdre pour ne pas faire de mal à son père. Thésée demande également à Neptune de le venger d’un tel affront. Hippolyte est-donc tué par un monstre marin, et c’est Théramène, son mentor, qui l’annonce à Thésée durant une longue tirade de la scène 6 de l’acte V. Mais en quoi cette tirade est-elle caractéristique d’une tragédie classique ? Il s’agit de démontrer tout d’abord qu’elle obéit au procédé de la catharsis grâce à une hypotypose, puis qu’elle marque le début d’un dénouement tragique.
Cette tirade respecte le phénomène de catharsis à l’aide d’une hypotypose, qui est un récit si bien mené que le spectateur a l’impression de le vivre.
Grâce à cette hypotypose, le dramaturge peut respecter la règle de bienséance de la tragédie classique. Ainsi, aucune action violente ou choquante n’est représentée sur scène, car racontée par Théramène. C’est ce dernier qui fait le récit de la mort d’Hippolyte : l’événement est si difficile à raconter que Théramène évoque sa propre douleur qu’il ne peut empêcher de transparaître : « Excusez ma douleur » (v 48). D’autre part, cette scène l’a tellement choqué et marqué qu’il explique qu’il s’en souviendra toujours avec l’hyperbole : « Cette image cruelle sera pour moi de pleurs une source éternelle » (v 48-49). Il s’adresse à Thésée et l’appelle « Seigneur » (v 50).
D’autre part, cette tirade provoque ici l’admiration du spectateur pour Hippolyte, ce qui est fréquent dans le phénomène de catharsis. L’hypotypose rend ainsi réels les actes perpétrés par Hippolyte : le spectateur a ainsi l’impression de le voir s’attaquer au monstre avec le vers : « Il lui fait au flanc une large blessure » (v 33). Le sens de la vue est très présent dans la tirade : « image » (v48), « vu » (v 50 deux fois, v 42), «voit » (v 46), « œil » (v 63, v73), etc. avec également les descriptions détaillées du monstre et du corps d’Hippolyte, de ses chevaux qui « rougissent le mors d’une sanglante écume » (v 41, métaphore : les chevaux saignent par la bouche). Le spectateur entend ce qu’entend Hippolyte : l’ouïe est ainsi très présente dans la tirade : « cri » (v 10, v 45, v 54), « voix » (v 12, v 39, v 52), « mugissant » (v 35), etc. Le spectateur est ainsi amené à avoir peur pour le héros, avec le rythme croissant « l’onde s’approche, se brise, et vomit à nos yeux, parmi les flots d’écume, un monstre furieux » (v 18-19). Ce rythme croissant symbolise ainsi la montée de l’horreur, de la peur. Le spectateur finit par admirer Hippolyte : ce dernier s’élance au devant du danger, alors que même nous avons peur.
Enfin, la catharsis conduit le spectateur à avoir pitié d’Hippolyte. Ce jeune homme est innocent et pur : le ciel lui « arrache une innocente vie » (v 64). Dans son innocence et sa bonté de ne pas révéler la passion incestueuse de Phèdre, il est banni, et éprouve le sentiment de honte : même ses chevaux « qu’on voyait autrefois pleins d’une ardeur si noble obéir à sa voix, l’œil morne maintenant et la tête baissée, semblaient se conformer à sa triste pensée » (v 6-9). Il est amené à payer le prix le plus fort pour avoir caché la vérité, et le spectateur éprouve encore plus de pitié pour lui : il est « trainé par les chevaux que sa main a nourris. Il veut les rappeler, et sa voix les effraie ; ils courent » (v 51- 53). Ces vers ont également pour dessein de choquer le spectateur. Théramène, dans une hyperbole, explique même que « tout son corps n’est bientôt qu’une plaie » (v 33), et cela à cause de ses chevaux qu’il a tant chéri : tous ceux qu’il aime se retournent contre lui, de ses chevaux jusqu’à son père. Enfin, dans sa souffrance, Hippolyte a le temps de prononcer
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