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Commentaire Lettre 37, Montesquieu

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Par   •  14 Mars 2021  •  Commentaire de texte  •  1 813 Mots (8 Pages)  •  601 Vues

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Lorsque le personnage fictif d’Usbek en visite à la cour de France fait part de ses impressions à son correspondant épistolaire Ibben dans Les Lettres Persanes, publiées en 1921, c’est réellement Montesquieu, célèbre philosophe et écrivains des Lumières, qui se cache derrière la plume d’Usbek, un personnage fictif. L’œuvre est présentée comme une fiction afin de permettre à son auteur de contourner la censure de l’époque et de pousser le lecteur du XIXe siècle à adopter une nouvelle perspective sur leur temps. Issue des Lettres Persanes, la « Lettre XXXVII » en particulier, prête à interrogation. En effet on est en droit de se demander en quoi cette fiction est-elle en fait une critique acerbe du système de gouvernance, incarné par son roi : Louis XIV. Il s’agira d’étudier l’utilisation du genre épistolaire et fictif, puis au véritable but dénonciateur de l’œuvre pour finalement s’intéresser à la portée critique de l’implicite.

D’une part, la « lettre 37 » à des allures de correspondance épistolaire exotique qui seront exploité par l’auteur. Le genre épistolaire est confirmé par le temps du discours – passé composé, présent – est utilisée : « ai étudié » (l.10) ou encore « il a » (l.12). La correspondance raconte les expériences passées d’Usbek au travers d’une énonciation typique de genre épistolaire comme l’illustre la présence du « j’ » à la ligne 10 et « nous » à la ligne 2. De plus, la mise en page correspond au genre comme en témoigne la présence d’un émetteur et d’un récepteur : « Usbek à Ibben » et du titre « Lettre XXXVII ». Les consonnances perses rendent la correspondance exotique. Les noms de l’auteur et récepteur mais aussi « Smyrne », ville imaginaire de perse, les évocations furtives de « l’auguste sultan » (l.8) ou encore de la date « De Paris, le 7 de la lune de Maharran 1713 ». Ce calendrier inventé et ces éléments fictifs confirme la lettre comme fictive et exotique. C’est grâce à la fiction que la lettre échappe à la censure et son auteur à toute forme de répression. Il dit l’auteur anonyme.

Empreinte de l’exotisme orientale qui fait rêver la cour à l’époque permet à son auteur d’introduire des notions de relativisme sociale. La multiplication des pronoms possessifs « nos », « notre » (l. 2 et 7) par opposition au « il » (l. 13, 15 ou encore 20) royal trace une opposition entre le monde orientale et la société française. L’émetteur n’est pas de ce monde et peut, dès lors, effectuer une comparaison dépourvue de certains biais. Ainsi, par cette mise à distance, Montesquieu jette un regard nouveau sur ce qui est pris pour acquis et destinée à être perpétuée indéfiniment, voilée par le regard de l’habitude.

Aussi, Montesquieu utilise l’étonnement empreint de naïveté d’Usbek comme arme de persuasion afin de ranger le lecteur à ses côtés quant à l’absurdité de certains pans du système. Ainsi, Usbek surpris, évoque un monarque dont « nous n’avons point d’exemple » (l. 1-2) alors même qu’il dit y avoir trouvé des « contradictions qu’il m’est impossible de résoudre » (l.10-11)

La confrontation des deux mondes replace la France à une échelle plus large et ouvre le champ des possibles en même temps que la relativisation. L’œuvre prend des tournures scientifiques destinée à convaincre le lecteur que l’auteur est dépourvu de toutes formes de biais ou partisans d’une quelconque idée. Ainsi, le champ lexical scientifique comme « j’ai étudié » (l.10), « j’y ai trouvé » (l. 10) instaure une relation distanciée aux événements. La démarche devient objective et appuyée sur des faits plutôt que sur un ressenti. En effet, Usbek fait preuve d’une certaine prudence dans ses relevées de faits. Il utilise le verbe « je crois » (l. 21), « on lui a souvent entendu dire » (l. 5-6) qui laisse planer le doute sur la véracité des propos et sur son véritable émetteur. Le « Par exemple » (l.11-12) introduisant une série d’incohérence dans le comportement du roi est présentée par ce terme comme rien de plus qu’une simple anecdote à trait humoristique. De plus, La lettre ainsi, présente un double destinataire. Le personnage d’Ibben, résidant en Orient lit les interrogations et remarques d’Usbek qui le pousse à la réflexion. Ainsi, le lecteur, second destinataire, autant qu’Ibben assiste à une réflexion sur le système établi.

C’est dans cette réflexion et ses questionnements naïfs que le lecteur du 18e une fois la surprise et le mépris dépassée, comprend qu’il est lui-même l’objet du rire et d’une critique acerbe du régime.

D’autre part, la correspondance épistolaire est un prétexte à une critique violente et dénonciatrice d’un système de gouvernance incarné par le Roi et à la merci de ses caprices et incohérences. Si la lettre s’ouvre sur la phrase « le roi est vieux » (l.1), ce n’est pas un hasard. Montesquieu choisit une phrase introductive qui de prime abord n’a pas de rapport avec le reste de la lettre qui, elle, évoque la façon dont Louis XIV gouverne. Cependant, placer cette remarque au début de la lettre tisse un lien entre son âge avancé et une gouvernance erratique. Montesquieu avance avec une extrême prudence l’idée que le roi ne se montrerait pas à la hauteur des responsabilités qui lui incombent.

Le règne du Roi est décrit comme incohérent et plein de contradictions. Ceci est souligné par une énumération d’antithèses juxtaposée les unes aux autres comme « comblé de plus de richesse » (l.22) opposé à « accablé d’une pauvreté » (l.23) ou « se communique peu » (l.16) opposé à « à faire parler de lui » (l.18). Tous ces procédées sont mis en exergue par les parallélismes de construction tels qu’« un ministre qui n’a que dix-huit ans » (l.12) mis en parallèle avec « une maîtresse qui en a quatre-vingts » (l.12-13).

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