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Commentaire : Les Caractères de La Bruyère

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Par   •  22 Janvier 2019  •  Commentaire de texte  •  1 895 Mots (8 Pages)  •  805 Vues

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La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation

II. Ecriture, au choix: 

Commentaire

L’oeuvre de Jean de la Bruyère, intitulée Les Caractères est un recueil composé de maximes, de réflexions et de portraits. Ici, on s’intéressera au chapitre 8 de ce recueil: « Du complaisant ». Les Caractères a été publié en 1688. C’est une oeuvre du XVIIème siècle et ce recueil est l’oeuvre unique du moraliste français né en 1645 et mort en 1696. L’écriture moraliste se caractérise par des réflexions et des critiques sur les habitudes, les comportements et les caractères humains. 

Dans cet extrait, La Bruyère vise une thématique en particulier, la vanité. Il ridiculise « quelque homme puissant » qu’il défini comme étant complaisant, qui cherche à faire plaisir ou à être agréable par tout les moyens possibles.

Dans un premier temps nous allons voir comment la soif d’être aimé est représentée dans ce texte, puis dans un second temps, l’addiction à la satisfaction qui suit cette soif, et finalement nous allons étudier la satire sociale clairement illustrée par ce texte. Nous allons donc répondre à la question: « La complaisance est-elle un vice ou une vertu, selon Jean de La Bruyère? »

Il y a tout d’abord une critique très claire des personnes complaisantes dans cet extrait. Nous pouvons par exemple constater que La Bruyère parle de façon pessimiste de la « manière de vivre » qu’ont « quelques-uns » en utilisant l’adjectif démonstratif « cette » à trois reprises: « cette affectation », « cette passion », « cette vue ». En parlant de cette manière dès les premières lignes, on comprend tout de suite le parti que prend l’auteur qui parle de ces choses de façon banale. Il parle notamment d’autres sensations qui traversent le complaisant pendant ses multiples rencontres, la première étant « la peur » qu’une personne ne lui échappe, renforçant cette nécessité qu’a le complaisant, et la seconde étant « l’empressement » de revoir la personne. C’est presque un jeu, une nécessité qu’il a à obtenir de la satisfaction. Il a besoin d’admirer quiconque « sur les moindres choses », et donc il a besoin d’être apprécier à tout prix, même si cela veut dire que son confort doit être compromis: « les laisse dormir sur son estomac quoi qu’il en soit incommodé ». C’est ainsi que ce personnage fortement critiqué est peut-être même si habitué à sa routine de complaisant que cela devient un mode de vie.

Cette « manière de vivre » ou mode de vie, se communique dans cet extrait, de manière subtile mais discrète. Il montre les habitudes des complaisants que l’on repère facilement dans ce texte puisque ce sont souvent des hyperboles pour ridiculiser le personnage sur comment il agit: « concilier tous les étrangers », « ne s’en sépare qu’en lui donnant mille éloges », « change tous les jours d’habits ». C’est un besoin, mais c’est aussi un processus, en faisant cela tout les jours, ou le plus possible, il devient un « homme puissant de la ville », donc il doit lui-même s’adapter aux gens, se changer complètement tout les jours, à l’intérieur comme à l’extérieur. Il prend soin de son image plus que de soi, « Ces gens encore n’achètent jamais rien pour eux », « il ne sort point en public qu’il ne soit parfumé ». C’est un mode de vie choisit car c’est plus plaisant (« on cherche beaucoup moins ce qui est vertueux et honnête que ce qui est agréable », le « beaucoup moins » ici est une oxymore qui nous surprend), mais elle est aussi choisi car le succès qui en vient après avoir été complaisant pendant un moment reste plus grand qu’en étant franche. Il va même jusqu’à se déplacer pour pouvoir trouver plus de personnes qu’il pourra aborder: « On ne le voit guère (…) dans les écoles, qu’aux endroits seulement où s’exercent les jeunes gens », il a une envie de se mettre là-bas pour qu’ils le regardent, le remarquent et qu’il soit connu d’eux. Même si La Bruyère généralise en disant « il » et « celui », on voit clairement qu’il s’adresse à un groupe de personnes en particulier qui partent d’une petite soif à une addiction, celle-ci à la satisfaction, qui leur amène du pouvoir et de la notoriété.

Dans la structure même de l’extrait, nous pouvons constater qu’il se divise en deux parties. La première, est une partie qui parle plus en émettant des hypothèses en répétant l’utilisation du « Si ». Or, dans la seconde partie, on a une approche plus universelle et surtout plus détaillée du travail du complaisant. Dans le récit comme dans la vraie vie, on voit à peu près l’addiction s’installer par l’intensification des expressions utilisées. Cela commence par « l’aborde, l’admire sur les moindres choses », qui n’est pas si grave, « le retient avec ses deux mains », ce qui devient physique mais encore une fois c’est une hyperbole. « concilier tous les étrangers » (en faisant aucune exception), puis dans le second paragraphe on retrouve des longues énumérations qui expliquent comment les complaisants dépensent leur argent, et offrent des cadeaux extravagants pour que les gens les apprécient (« ils leur offrent leur maison pour s’y exercer »). C’est comme si le fait d’être complaisant, était un travail douloureux, ce qui est comique, mais ce qui montre bien comment leur quotidien est bouleversé du fait qu’ils se dédient à cette « tâche ».

La complaisance serait donc quelque chose à quoi ces personnes se dédient, « Leur maison est toujours remplie de mille choses curieuses », c’est une hyperbole, car La Bruyère veut mettre en valeur le fait que d’acheter ou faire des choses pour être aimer est ridicule, mais cela semble être tout ce qu’ils font, « On ne les voit guère (…) que dans les meilleures places et tout proche des préteurs ». S’ils rencontrent des personnes de pouvoir « en leur chemin », « ils se trouvent présents à ces exercices », comme si c’était leurs enfants. C’est enfaite un travail de manipulation et seuls ceux ou celui qui « en peut disposer » arrivera à avoir tout ce qu’il voudra. Cependant, pour réussir à faire cela, il va devoir flatter beaucoup plus de personnes et à une échelle plus grande.

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