Commentaire Res Gestae Divi Augusti

        « J’ai trouvé une Rome de briques, j’ai laissé une Rome de marbre » cette formule de l’empereur Auguste montre à quel point il a joué un rôle déterminant dans la fondation d’un Empire romain fort et puissant, mais également en paix.

        Ainsi, le document en présence est un extrait comprenant quelques paragraphes des Res Gestae Divi Augusti. L’œuvre en question est un document épigraphique possédant une valeur historique indéniable, en effet, il est un résumé rédigé à la première personne par l’empereur Auguste lui-même dans lequel il décrit ses actions et réalisations. Ce texte a été gravé à sa mort en 14 après J.-C. sur des tables en bronze placées devant son mausolée situé à Rome. Bien qu’on ai plus de traces de ces tables, le contenu de ces dernières s’est répandu dans l’Empire, ainsi trois copies sont connues au sein de la province de Galatie. La mieux conservée se situe à Ancyre (actuelle Ankara) sur les murs du temple de Rome et d’Auguste en version grecque et latine. L’extrait dont est question le document comprend les paragraphes compris de 5 à 10 et les paragraphes 34-35, or le texte originel comprend au total 35 paragraphes qui peuvent être répartis dans 4 parties distinctes, la première comprend les paragraphes 1 à 14, faisant l’énumération des charges et des honneurs civils ou religieux reçus par Auguste, la deuxième partie correspond aux paragraphes 15 à 24 dans lesquels on retrouve le bilan des dépenses de toutes sortes en faveur de l’Etat et du peuple romain. Concernant la troisième partie (paragraphes 25 à 33), on y retrouve ses hauts faits militaires et son action diplomatique qui ont permis à l’Empire de s’étendre et enfin, les deux derniers paragraphes indiquent l’origine des titres d’Auguste et de père de la patrie (pater patrie). Alors, ce document est destiné à tous les citoyens de l’Empire, mais aussi pour les futurs empereurs, en guise de témoignage mais également de modèle à suivre.

Alors, concernant l’auteur de ce document, il est né sous le nom de Caius Octavius, puis portant le nom d’Imperator Caesar Divi Filius Augustus, le 23 septembre 63 avant J.-C. puis mort le 19 août 14 après J.-C. à Nola (colonie romaine située dans l’actuelle région de la Campanie). Il est issu d’une ancienne et riche famille appartenant au rang équestre et ainsi qu’à la gens plébéienne des Octavii, recevant alors une éducation suivant les coutumes aristocratiques républicaines. Etant le petit-neveu de Jules César (102 av. J.C. / 44 av. J.C.), il est adopté par ce dernier à titre posthume à la suite de son assassinat en 44 avant J.-C. Octave pris part à la politique romaine rapidement après la mort de son père adoptif, formant notamment une alliance politique avec Marc Antoine (83 av. J.C. / 30 av. J.C.) et Lépide (89 av. J.C. / 12 av. J.C.) qui constituent alors le Second Triumvirat en 43 avant J.-C., luttant contre les assassins de Jules César mais aussi en triomphant lors de la bataille de Philippes en 42 av. J.C. contre les républicains Brutus (85 av. J.C. / 42 av. J.C.) et Cassius (87 av. J.C. / 42 av. J.C.). Cette entente avec Marc Antoine s’achève à la suite d’une véritable guerre civile se concluant par la bataille d’Actium en 31 av. J.C., Octave étant le vainqueur de cette dernière, il devient alors le seul dirigeant de Rome. Devenu Auguste, il a donc par la suite réformé l’administration et l’armée romaine, établi une paix relative dans tout l’empire et mis en place une nouvelle structure gouvernementale. Il est également à l’origine de projets de construction ambitieux tels que le Panthéon ou encore le Forum d’Auguste. C’est donc après 40 années de règne qu’Auguste s’éteint et laisse une marque profonde dans l’histoire romaine.

En ce qui concerne le contexte lors de la rédaction de ce testament politique, Auguste est confronté au cours de l’année 23 av. J.-C. à une grave maladie, précipitant la question de la succession afin d’assurer la stabilité de l’Empire ainsi que de son régime politique. Il doit donc désigner un héritier légitime, capable de contenter l’ensemble de l’Empire, ainsi on voit apparaitre plusieurs noms d’héritiers possibles, comme Marcus Claudius Marcellus (41 av. J.-C. / 23 av. J.-C.), Marcus Agrippa (63 av. J.-C. / 12 av. J.-C.), ou encore ses fils adoptifs Caius Caesar (20 av. J.-C. / 4 ap. J.-C), Lucius Caesar (17 av. J.-C. / 2 ap. J.-C.) et Tibère (42 av. J.-C. / 37 ap. J.-C.). Au cours de l’année 13 ap. J.-C., Auguste confie en dépôt aux Vestales (prêtresse de la Rome antique dédiée à Vesta), seulement un an avant sa mort, trois ou quatre rouleaux scellés, le premier contenant ainsi des indications à propos de la manière de régler ses funérailles, le second faisant le compte rendu de ses actions ce second rouleau s’appelant Res gastae devant être gravé sur des tables de bronze devant son mausolée, tandis que le troisième rouleau concerne l’état de la situation du royaume, avec les effectifs de l’armée et le bilan financier du trésor public, impérial et ses redevances. Enfin l’existence d’un quatrième rouleau est très discutée et contient des conseils au Sénat sur la politique intérieure et extérieure de l’Empire.

Ainsi, l’extrait proposé est divisé en 8 paragraphes, qui ne se suivent pas tous dans le texte intégral, en effet, on retrouve les paragraphes 5 à 10 abordant l’énumération des charges et des honneurs civils ou religieux reçus par Auguste, comme le fait qu’il soit pontife suprême, triumvir, … Ensuite les paragraphes qui suivent sont éclipsés jusqu’aux paragraphes 34 et 35 indiquant l’origine des titres d’Auguste et de père de la patrie pater patrie comme précisé précédemment.

En conséquence, en mettant en parallèle les apports du texte ainsi que le contexte historique et donc le règne d’Auguste, on est en mesure de proposer la problématique suivante : Comment Auguste, en tant qu’empereur romain, a-t-il réussi à transformer durablement la structure politique de Rome, en conciliant pouvoirs et limitations, faisant alors de lui un empereur remarquable ?

        Afin de répondre à la problématique posée, le cumul des pouvoirs d’Auguste sera d’abord traité, par la suite sera abordée la limitation de ses pouvoir et enfin il sera question de la reconnaissance des romains envers ce dernier.

I/ Un empereur cumulant une multitude de pouvoirs et magistratures

A/ En rapport avec l’imperium (pouvoir suprême, divisé en deux formes de pouvoirs, le pouvoir militaire hors de Rome (imperium militae) et le pouvoir civil à Rome (imperium domi))

B/ D’autres pouvoirs et magistratures

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