Analyse linéaire, à une passante, Baudelaire
Cours : Analyse linéaire, à une passante, Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar laulau2004 • 8 Mai 2021 • Cours • 1 892 Mots (8 Pages) • 1 271 Vues
A UNE PASSANTE
Explication linéaire
- SITUATION, COMPOSITION, SIGNIFICATION GÉNÉRALE
Extrait des« Tableaux parisiens », ce sonnet est fondé sur le thème de la rencon tre, comme il arrive fréquemment dans cette section des Fleurs du mal (cf. « Les Petites Vieilles», « Les Aveugles»). Les hasards de la grande ville font se croiser le poète et une belle inconnue, qui, par-delà sa personn e même, incarne la Beauté, à la fois fascinante et insaisissable. Une forme de l'idéal prend vie pour disparaître aussitôt.
Le premier quatrain, après avoir brièvement esquissé un décor (v. 1), fait apparaître la passante, en épousant le regard du« je» qui l'observe et l'admire: une silhouette se rapproche (v. 2), le rythme de la démarche, le détail de la toilette, le geste de la main (v. 3-4) retiennent l'attention ; le vers 5 appartient à ce premier mouvement, car il résume le sentiment de perfection que la passante vient de laisser dans l'espri t du poète. La réaction du « je » se manifeste dans un second temps (v. 6-8), ce léger décalage indiquant à lui seul que l'apparition l'a ébloui et subjugué; le poète tente douloureusement de capter par le regard « La douceur qui fascine et le plaisir qui tue», c' est-à-dire l' intimité même de la passante, dans toute sa complex ité. Une commotion profonde a touché le « je » et le premier hémistiche du vers 9 symbolise, dans une image contrastée, le caractère éphémère de la rencontre : « Un
éclair... puis la nuit ! »
Le deuxième mouvement du sonnet, séparé du premier par le tiret du vers 9, témoigne de la répercussion intérieure de cette rencontre : le poète s'adresse à celle qu'il a croisée, comme on invoque une disparue (v. 10- 11). Dépassant alors le plan sentimental, le sonnet formule l'espoir d'un au-delà mystique, où s' accompliraient les promesses de l'amour terrestre (v. 11-12). Espoir fragile miné par le doute (cf. fin du v. 12).
Les deux derniers vers forment un épilogue amer
« Je » et « tu » sont certes rapprochés par les construc tions grammaticales, mais ce rapprochement est exprimé avec l'irréalité du passé (« ô toi que j'eusse aimée ») qui est le mode de l'inaccompli (v. 14).
Aussi, justifiant son titre, le poète adresse-t-il, dans la nuit de la séparation, un message d'amour à une passante
2. ÉTUDE SUIVIE
Etude des vers 1 à 5
Le vers 1 a pour fonction évidente d'inscrire le sonnet dans le décor des « Tableaux parisiens » : le Paris moderne, affairé et bruyant, est antipathique à Baude laire (qui est le contempo rain de la percée des« grands boulevards ») et le verbe« hurlait » évoque dissonance et agitation agressive de la rue. Tout paraît hostile à la rêverie(« La rue assourdissante »), et, dès le vers suivant, la cacophonie urbaine va magiquement s'effacer, abolie dans l'esprit du poète par l' apparition de la beauté, saisissant contraste. La trame phonique même de ce vers 1 (u.our.our.u) recueille l'écho d'un sourd brouhaha ponctué de stridences.
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