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Analyse linéaire "A une passante", Baudelaire

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Par   •  6 Mars 2021  •  Commentaire de texte  •  1 020 Mots (5 Pages)  •  1 688 Vues

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« A une passante »

Intro : « Tableaux » est une section consacrée à la ville. La modernité de Baudelaire consiste à déplacer le thème traditionnel bucolique dans l’espace urbain.

Projet de lecture : « Comment le poète met-il en scène le coup de foudre ? »

                                  « Comment le Poète transforme-t-il en mythe la rencontre amoureuse ?

                                   « Comment la douleur de la perte est-elle magnifiée par la poésie ? »

Mouvement du texte :

Le poème est un sonnet en alexandrins (le vers ne fait pas partie des contraintes du sonnet). Il respecte l’alternance des rimes féminines et masculines. Il est composé de deux quatrains en rimes embrassées, mais le sizain au lieu de commencer par deux vers en rime suivie, se termine par cette rime, ce qui en fait un sonnet inversé. En revanche, la progression suit ce découpage. En effet, les deux quatrains sont consacrés au récit de la rencontre : le premier dresse le contexte et l’événement décisif de la rencontre amoureuse, le second se concentrant sur l’instant fatal de l’échange du regard qui crée le coup de foudre. Les deux tercets changent de temporalité : il s’agit du présent de l’écriture. L’auteur s’interroge sur la possibilité d’avoir laissé passer l’amour de sa vie, celle qui aurait pu être la femme idéale pour lui.

Le premier vers dresse en une phrase de 12 syllabes le contexte : « la rue » n’est pas le cadre bucolique habituel de la rencontre avec la femme aimée dans la poésie romantique (ex : « Le Lac » de Lamartine, 1820). Mais Baudelaire s’inscrit dans la modernité : trouver de la poésie dans la ville. Cette rue est métonymique de tous les bruits qu’elle contient avec le verbe « hurler » et l’adjectif « assourdissante ». Elle contraste avec dans les 3 vers suivant le passage silencieux et comme au ralenti d’« une femme », non identifiée avec l’article indéfini « une ». Son annonce est suspendue par l’accumulation de ses caractéristiques qui la précédent : « Longue » est inhabituel, mais lui donne beaucoup d’allure, « mince » prépare « majestueuse ». Son avancée est rendue solennelle par « en grand deuil », et la synecdoque « douleur majestueuse » la confond avec le sentiment qui l’anime. Le passé simple « passa » marque la rapidité de l’instant, aboli tout de suite.

Elle est cependant décrite par un coup d’œil qui capte des détails de sa physionomie : le bord de sa jupe avec « le feston et l’ourlet » (bas de la robe durcit, amidonné, et couture pour raccourcir ou coudre la dentelle). C’est le rythme de son geste que cherche à reproduire les participes présents et les deux substantifs du vers 4, avec le découpage binaire de l’alexandrin.

La phrase se termine au vers 5 où l’on trouve le point final. Sa jambe est mise en avant, sensualité du texte qui renvoie peut-être à l’adjectif « fastueux », difficile à interpréter. « Jambe de statue » est oxymorique, et allia la sensualité de la chair à la perfection de cette jambe, sans doute comparable au marbre.

Au vers 6, le « Moi » surgit brusquement en écho au premier vers pour exposer la réaction folle du Poète qui subit un coup de foudre puissant. Il est « crispé comme un extravagant » (ce qui signifie un fou au XIXème siècle), avec les allitérations en K et R qui marque la tension extrême. L’échange des regards est métaphorisé avec « boire », sur le thème du poison (une section entière est consacrée au vin). Une synecdoque met en relief « son œil », puis métaphore du « ciel livide où germe l’ouragan », traditionnel du « coup de foudre » dans la tempête. Les sentiments qu’elle inspire mêlent spleen et idéal avec deux oxymores dans chaque hémistiche du vers 8 : « La douleur qui fascine et le plaisir qui tue ». L’amour est source d’une joie et d’une souffrance innommables.

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