Analyse linéaire scène d'exposition art de Yasmina Reza

La comédie de mœurs est un sous genre de la comédie qui se développe au XVIIe siècle et est popularisée par Molière. Elle dénonce les travers d’une époque en utilisant le principe de plaire et instruire et fait la satire d’une époque ou d’un groupe social. Yasmina Reza, dramaturge et romancière française, se place en héritière de Molière grâce à sa pièce de théâtre nommé « Art ». Créée en 1994, « Art » rencontrera un grand succès à l’international et sera traduite en 35 langues. L’oeuvre met en scène trois amis quadragénaires qui se disputent autour de l’achat par l’un d’entre eux d’un monochrome blanc. L’extrait proposé est la scène d’exposition de cette œuvre. Dans cet extrait, Serge fait part de l’achat de son tableau à son ami Marc pour connaître son avis quant à celui-ci.
(Lecture de l’extrait)
Nous noterons que l’extrait est divisé en deux mouvements, le premier étant le monologue de Marc et le second le dialogue entre Marc et Serge. Nous pourrons donc nous demander comment cette scène d’exposition originale et moderne nous introduit dans une comédie de mœurs.

L’ extrait commence par une didascalie initiale allant de « le salon » jusqu’à « exposé » rompant avec la convention théâtrale qui est ici modernisée : il n’y a pas de découpage scénique, pas de changement de décor. L’unité est assurée par la présence du tableau qui signale ainsi son importance : il est donc le sujet de la pièce. Une autre didascalie suit celle-ci « Marc, seul » ayant une fonction informative sur la scène d’exposition. Elle introduit un monologue permettant de renseigner les spectateurs sur la pré- histoire. L’utilisation du passé simple « a acheté » permet de mettre en place une analèpse dès le début de la pièce, entraînant ainsi le bouleversement de la chronologie en ouvrant la scène dans une scène antérieure à celle-ci. La dramaturge utilise un discours descriptif dans l’expression « C’est une toile d’environ 1,60 m sur 1,20 m, peinte en blanc. Le fond est blanc et si on cligne des yeux on peut observer de fin liserés blanc transversaux » qui assure la fonction informative en présentant objectivement le sujet de la pièce : le tableau. Il y a ensuite une répétition avec la première phrase du monologue avec « mon ami Serge est un ami depuis longtemps ». Elle présente les relations entre les personnages, insistant ainsi sur l’amitié qui les unit et la solidité de leurs liens dans le temps. Le discours descriptif est à nouveau utilisé dans « c’est un garçon qui a bien réussi, il est médecin dermatologue et il aime l’art », mais cette fois-ci avec une tournure emphatique C’est ... Qui. Le personnage présente un autre personnage par sa profession et ses goûts, comme si il avait un lien de cause à effet entre les deux. Il met l’accent sur le statut social de Serge. Une analèpse est à nouveau utilisé avec la phrase « lundi, je suis allé voir le tableau que Serge avait acquis samedi mais qu’il convoitait depuis plusieurs mois.» renforçant ainsi le bouleversement chronologique qui s’opère dans ce monologue : il y a un avant et un après la découverte du tableau. La dernière phrase « un tableau blanc, avec des liseré blanc » est construite avec un parallélisme de construction ainsi qu’une répétition, mettant en évidence la blancheur du tableau. La didascalie « Chez Serge » montre la modernité de la pièce, avec un découpage scénique assurée par le changement symbolique de lieu. La phrase qui suit assure la description de l’espace scénique, suivi par un chiasme ainsi qu’une répétition dans la didascalie « Serge regarde, réjoui, son tableau. Marc regarde le tableau. Serge regarde Marc qui

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