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Analyse des justes

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Par   •  1 Janvier 2020  •  Commentaire d'arrêt  •  2 782 Mots (12 Pages)  •  419 Vues

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Analyse de l’acte III

Résumé de l’acte

Les membres attendent Vainov qui tarde à venir. Quand il arrive, il est fatigué, tout le monde s’inquiète pour lui. Il demande à parler en privé à Annenkov. Quand les autres sortent, Alexis révèle à Annenkov sa honte et sa peur : il ne peut plus faire le travail de terrain, ses nerfs ne supportent plus, il veut servir la révolution mais dans un poste reculé. Annenkov le rassure et le salut.

Quand Vainov part, Annenkov annonce son départ aux autres et prend sa place en premier rang. Stepan proteste, et veut lancer la bombe. Mais la décision est prise. Kaliayev se culpabilise, Dora le réconforte en lui disant que ce n’est pas de sa faute. Ils parlent tous deux du bonheur et de l’amour, le bonheur d’être un révolutionnaire et de pouvoir donner sa vie pour l’amour du peuple et de la vie. Dora essaye désespéramment de parler de vrai amour, de son amour envers Kaliayev, mais ce dernier évite ses propos et parle de son amour pour la révolution et pour l’Organisation ainsi que Dora en tant que collègue dans cette Organisation. En fin Kaliayev avoue tristement qu’il meurt d’envie de lui dire je t’aime, mais qu’il ne peut pas être faible à ce moment pour ne pas reculer quand il sera en face du Grand-Duc. Alors Dora se décourage et se ressaisit en maudissant l’injustice de cet univers envers les personnes justes.

Quand Annenkov et Stepan reviennent Dora et Kaliayev s’éloignent l’un de l’autre. Annenkov lui dit qu’il est temps. Kaliayev leur dit au revoir et part en compagnie de Boria pour accomplir sa mission. Stepan les regardant de la fenêtre. Il admire le courage de Kaliayev.

Pendant le temps où ils attendent ; Dora demande à Stepan de prononcer le mot « haine » qu’il prononce avec fièvre. Dora regrette l’innocence de Yanek, pendant que Stepan s’acharne sur elle et dénonce l’hypocrisie des hommes et leur cruauté et lui montre les traces de fouet sur son corps. Dora recule et compatit avec lui. Sept heures sonnent, Dora se colle à la fenêtre. La calèche passe au-dessous. Dans une seconde on entend le bruit de l’explosion. Stepan crie de joie pendant que Dora s’écroule en larmes en criant « c’est nous qui l’avons tué !c’est nous qui l’avons tué !

Le personnage de Vainov, déjà évoqué dans l’analyse de l’acte I, est caractérisé d’abord par son jeune âge « c’est le plus jeune d’entre eux », et puis par sa peur et son hésitation. Dans l’acte III, on va voir encore cet aspect de sa personnalité plus clairement.

Vainov laisse tomber la mission, il ne pourra pas lancer la bombe, la force qu’il avait au début a disparu, il est découragé et honteux, il le dit, et il le répète plusieurs fois pour insister sur son sentiment de culpabilité : il a honte de laisser tomber ses amis à la dernière minute : « j’ai honte, Boria. », « J’ai honte. Je dois te dire la vérité. », « J’ai peur et j’ai honte d’avoir peur. » (III, 74).Il utilise un vocabulaire plein d’émotions : « […] un froid terrible m’a saisi. Et tout d’un coup, je me suis senti faible comme un enfant. », « […] Mon cœur battait trop fort. Oh ! Boria, je suis désespéré. » (III, 75), et de sentiment contradictoires : (Peur/ courage), (force/faible).

Le processus psychique par lequel passe Vainov est illustré dans les didascalies, celles-ci montrent une dégradation dans l’intensité de sa colère : en premier lieu, il parlait avec violence : « Vainov, avec une violence soudaine.» (III, 73), « Vainov, avec fièvre. » (III, 76). Il est insensible à la sympathie de Dora : « Dora va vers lui et lui prend la main. Il abandonne sa main, puis l’arrache avec violence. » (III, 73). Plus loin, on le trouve désespéré et intimidé, il s’est consenti d’être un lâche et choisit de s’enfuir : « Vainov avec désespoir. », « Vainov, s’enfuyant. ». Camus écrit dans un article à Combat :

« J’ai toujours pensé que si l’homme qui espérait dans la condition humaine était un fou, celui qui désespérait des événements était un lâche. »[1]

Les figures de style qui coiffent son dialogue appuient son statut bouleversé ; les souvenirs du premier attentat le hantent, l’hyperbole utilisée par Vainov atteste sur la grande pression qu’il a vécue pendant ces moments

« Je serrais les dents. Tous mes muscles étaient tendus. J’allais lancer la bombe avec autant de violence que si elle devait tuer le grand-duc sous le choc. ». (III, 75)

Il se sent si faible qu’il se compare à un enfant : « […], je me suis senti faible comme un enfant. » (III, 75), il pense avec frayeur au prochain attentat, son effroi est exprimé avec une deuxième hyperbole : « […] Et je sais maintenant que je ne pourrai recommencer sans me sentir vidé de mon sang. ».(III, 77).

Vainov répond aux reproches antécédentes de Stepan concernant l’aptitude des membres de ce groupe à la terreur : «Stepan : […] la terreur ne convient aux délicats. » (II, 66), « Vainov : Je ne suis pas fait pour la terreur. Je le sais maintenant. », Vainov affirme donc qu’il est quelqu’un de délicat : la terreur ne lui convient pas. Il affirme la difficulté de la tâche, rien n’est plus terrifiant pour lui que de l’idée d’arracher la vie à quelqu’un : « […] il me sera moins difficile de mourir que de porter ma vie et celle d’un autre à bout de bras et de décider du moment où je précipiterai ces deux vies dans les flammes. »(III, 78), et ce qui rend sa tâche encore plus difficile, c’est de voir tout ce monde ordinaire autour de lui ; ces gens, qui mènent une vie paisible et simple, insoucieux de la politique et de la révolution. Pendant que lui traine dans les rues portant dans son bras le poids d’une bombe, la fin d’un homme, et l’espoir d’un peuple :

« […] Tandis que se tenir debout, quand le soir tombe sur la ville, au milieu de la foule de ceux qui pressent le pas pour trouver la soupe brulante, des enfants, la chaleur d’une femme, se tenir debout et muet, avec le poids de la bombe au bout du bras, et savoir que dans trois minutes, dans deux minutes, dans quelques secondes, on s'élancera [...] voilà la terreur. »(III, 76 et 77).[2]

Après le départ de Vainov et la sortie de Stepan et Annenkov, Dora et Kaliayev restent seuls. Dans sa première tirade, Dora évoque les révolutionnaires en général. Elle commence à parler de l’impossibilité de l’amour pour les révolutionnaires. Ces derniers sont si orgueilleux, si fiers qu’ils ne peuvent se permettre de s’incliner devant l’amour. Elle désigne les révolutionnaires par une périphrase : « ceux qui aiment vraiment la justice » : pour elle, ce qui caractérise les révolutionnaires est l'amour de la justice :

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