A quoi bon la poésie, aujourd’hui?

DISSERTATION FRANCAIS

A quoi bon la poésie, aujourd’hui?

La poésie a longtemps été considérée comme le genre le plus noble de la littérature parce qu’elle était considérée d’essence divine. Dans l’Histoire, elle a parfois servi à défendre des causes et des idées comme Aubigné a défendu les protestants avec Les Tragiques en 1615, alors que Ronsard a soutenu les catholiques avec Discours sur les misères de ce temps de 1562. Les poètes ont donc, auparavant, pris des risques à défendre leur cause qu'elle soit politique, religieuse, sociale, morale ou culturelle. Pourtant, la poésie semble aujourd’hui devenue pour nous une “chose du passé” (Hegel) . Elle semble avoir disparu des lettres françaises, ou du moins tout le monde croit qu’elle a disparu, sans que personne songe à le constater, à s’en affliger. Mario Luzi (1914-2005), poète italien, décrit ce phénomène de ses propres mots: “La jouissance mythique et chorale du monde a pris fin”. Même s’il semble que nous vivons dans une société qui tend à réduire cette pratique, les enjeux et pouvoirs de la poésie font preuve de son inéluctabilité. La poésie s’écrit encore, mais elle est plus souvent un hobby, sans intention d’être publiée. Mais à quoi bon la poésie, aujourd’hui? Cela amènerait donc à s'interroger sur sa place dans notre monde actuel. Tout d’abord, l'intérêt de la poésie peut s’attribuer à l’attention sur les difficultés de la réalité sociale et politique du monde, mais la poésie offre aussi un échappatoire à la vie réelle en permettant de s’évader afin d’oublier. Enfin, elle nous ouvre un nouveau langage pour fuir le sens habituel des mots.

La poésie permet encore aujourd’hui d’engendrer des prises de conscience et de faire un point sur soi-même afin de se repérer, se questionner et se situer dans la vie réelle. Dans les fleurs du mal, Baudelaire s'appuie à dénoncer le tragique de l'existence humaine, les tonalités sont essentiellement tragiques: “Le spleen” ronge l'homme et le fait réfléchir sur sa condition de mortel impuissant et soumis à son triste destin.

De plus, le poète transmet un message, un enseignement, qu’il soit moral ou politique. Ce sont les poètes engagés qui vont prendre cette voie. L’expression « poètes engagés » est récente, elle vient des réflexions du philosophe Jean-Paul Sartre sur le rôle des intellectuels dans la société. Cette dénomination s’applique aux poètes de la Résistance et plus généralement à tous les poètes qui ont défendu ou défendent une cause. Souvent cité, Victor Hugo a vivement critiqué Napoléon-le-petit dans de nombreux poèmes (Les Châtiments). La poésie engagée peut utiliser le registre polémique ou le registre satirique. Pour Pablo Neruda, poète chilien exilé en raison du régime totalitaire de son pays, “la poésie est une insurrection”.

Enfin, le poète nous révèle à nous-mêmes, en faisant sortir la réalité profonde afin de mieux la percevoir. Hugo fait valoir cet aspect ou fonction de la poésie, lorsqu'il s'adresse ainsi à son lecteur : “Insensé qui crois que je ne suis pas toi” (Contemplations). Il précise cela avec un poème adressé spécialement au lecteur: “Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère.”

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