A la musique, Rimbaud
Commentaire de texte : A la musique, Rimbaud. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar magaliholzl7 • 4 Mars 2018 • Commentaire de texte • 1 110 Mots (5 Pages) • 4 627 Vues
A la musique
Place de la Gare, à Charleville.
Sur la place taillée en mesquines pelouses,
Square où tout est correct, les arbres et les fleurs,
Tous les bourgeois poussifs qu'étranglent les chaleurs
Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses.
− L'orchestre militaire, au milieu du jardin,
Balance ses schakos dans la Valse des fifres :
− Autour, aux premiers rangs, parade le gandin ;
Le notaire pend à ses breloques à chiffres.
Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs :
Les gros bureaux bouffis traînent leurs grosses dames
Auprès desquelles vont, officieux cornacs,
Celles dont les volants ont des airs de réclames ;
Sur les bancs verts, des clubs d'épiciers retraités
Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme,
Fort sérieusement discutent les traités,
Puis prisent en argent, et reprennent : "En somme !..."
Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins,
Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande,
Savoure son onnaing d'où le tabac par brins
Déborde − vous savez, c'est de la contrebande ; −
Le long des gazons verts ricanent les voyous ;
Et, rendus amoureux par le chant des trombones,
Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious
Caressent les bébés pour enjôler les bonnes...
− Moi, je suis, débraillé comme un étudiant,
Sous les marronniers verts les alertes fillettes :
Elles le savent bien ; et tournent en riant,
Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes.
Je ne dis pas un mot : je regarde toujours
La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles :
Je suis, sous le corsage et les frêles atours,
Le dos divin après la courbe des épaules.
J'ai bientôt déniché la bottine, le bas...
− Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres.
Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas...
− Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres...
Arthur Rimbaud – Poésies
Lecture Analytique:
- Une scène de la vie de province:
- Un décor extérieur symbolique :
-Indice de lieu « gare, Charlesville » mit en exergue met en évidence la critique de la bourgeoisie dans sa propre ville natale. La gare montre leur fierté pour la révolution industrielle.
-Le vocabulaire de la géométrie > lieu symbolique a l’image des bourgeois ce qui reflète leur esprit manquant de fantaisie, ils respectent les règles.
-L’hypallage ‘mesquines’ reflètent le caractère avares des bourgeois.
-Le rythme binaire au V.1 marque la monotonie et la régularité de leur vie.
-L’allitération en K et en G ‘mesquines, squares, correct’ traduit la mentalité détraquée des bourgeois.
-Le présent d’habitude ‘tout les jeudis’ insiste sur la vie routinière qu’ils mènent, une vie qui ne change pas.
➔ Le decor est donc a l’image des bourgeois, il manque de fantaisie.
- Le monde present non-bourgeois :
-Le voc inferieur au b. ‘voyou’ et ‘pioupiou’ deux termes pejoratif et familier qui sont mis en relief a la fin du vers, attitude moqueuse.
-Le ton sarcastique « rendu plus heureux » le mot chant est mal associe a cet instrument qui possède un son grave, il se moque de leu sens artistique.
-Le registre burlesque pour ridiculiser la façon de séduire des non-b, avec la fleur.
-Rythme ample au vers 23-24, R prend plaisir a regarder cette image ridicule.
-’Balance leur schako’ R se moque de l’orchestre dont le mérite principal est de balancer des bonnets au lieu de jouer de la musique.
➔ R se moque donc de tout le publique : bourgeois et non-b.
- Une satire de la bourgeoisie :
- Des bourgeois matérialistes :
-Le vocabulaire de la bourgeoisie, du général au particulier ‘Les b, le notaire, des rentiers’ ces personnes sont désignés par leur emploi, leur valeur est leur emploi. Le pluriel> absence d’individualité.
-Le CL des objets de luxe ‘lorgnons, canne a pomme, prisent en argent…’ met en valeur la vanité, l’esprit matérialiste, le désir de paraître qui est une marque de richesse mais aussi d’orgueil.
-L’hypallage ‘le notaire pend a se breloques..’ : les objets dominent les bourgeois ils deviennent esclaves de ces objets, ces signes de richesse.
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