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Sujet dissertation "Lettres persanes" de Montesquieu

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Par   •  3 Octobre 2021  •  Dissertation  •  2 102 Mots (9 Pages)  •  821 Vues

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Il y a un « comment peut-on être français » qui réponds à un « comment peut-on être persan » ?

Le roman “Les lettres persanes” de Montesquieu évoque la différence, notamment de la différence d'identité entre les persans et les français. 

Nous pouvons donc nous demander si un “comment peut-on être français ?” existe par rapport à un “comment peut-on être persan ?”.

Nous verrons en effet cette réciprocité, avec le regard des persans sur les français et des français sur les persans.

Mais nous constaterons aussi qu’il y a certaines limites comme l’ethnocentrisme c’est à dire l'incapacité de se mettre à la place de l’autre. 

Puis conclure, en se demandant si cette question a vraiment un sens et s' il n’y a pas une essentialisation c’est à dire réduire l'identité de quelqu’un, lui mettre une étiquette.

I) Une réciprocité bien présente

Il y a un échange mutuel de regard entre persans et français; le regard éloigné dont ils font preuve est un regard neuf, critique et suffisamment détaché pour être objectif. 


  1. Le regard des Persans 

Le regard des Persans est un regard satirique envers la société française. Ce regard permet de dénoncer, corriger les mœurs et de se moquer en tournant en ridicule certaines catégories de gens comme à la lettre 52 avec les coquettes (personne n’est cité précisément par Montesquieu).

Nous verrons un peu plus loin que ce premier regard va trouver un écho et conduire à une réciprocité. 

Ce regard, assez comique, permet de faire passer des idées profondes sur le pouvoir comme à la lettre 102 : 

Usbek :         “ C'est un état violent qui dégénère toujours en despotisme, ou en république.” 

Dans cette lettre, Usbek parle des gouvernements monarchiques, gouvernements où “un seul gouverne mais par des lois fixées” (L’esprit des lois, 1748). 

Il en parle comme des états ne pouvant tenir dans le temps, devenant des états despotiques ou républicains. Montesquieu critique tous les états de son époque et celui de la France en particulier.

De plus ce regard permet aussi une critique de la religion et même du pape lors de la lettre 24 : 

Rica :                “ il y a un autre magicien plus fort que lui, qui n'est pas moins maître de son esprit, qu'il l'est lui-même de celui des autres. Ce magicien s'appelle le pape.”         

ou à la lettre 29 :

Rica à propos du pape  :          “ C'est une vieille idole, qu'on encense par habitude.” 

Ces deux phrases viennent critiquer très durement la religion chrétienne, religion majoritaire à l'époque. Rica démystifie le pape, il l'assimile à un magicien ce qui est une description enfantine qui ridiculise le pape. Il l’accuse même d'être un manipulateur ayant main mise sur l’esprit des autres.  

Enfin, une critique sur la place des femmes est faite; Rica cite dans la lettre 38 un “philosophe très galant” qui est soit le philosophe Poullain de la Barre qui prônait l'égalité des sexes ou alors le philosophe Fontenelle, ami de Montesquieu . 

Rica :                 “Non me disait (...) un philosophe très galant (...) L’empire que nous avons sur elles est une véritable tyrannie ;” 

“Nous n’avons sur les femmes qu’un pouvoir tyrannique”

Montesquieu fait ici une métaphore politique, le champ lexical politique “tyrannie” et “tyrannique” montre une supériorité et un pouvoir absolu des hommes par rapport aux femmes. Montesquieu critique ce pouvoir et cette supériorité car il est pour une égalité entre femmes et hommes.

Ainsi donc, ce regard satirique des persans critique trois grands sujets de la société européenne et par conséquent française. Mais le regard des français sur les persans va lui aussi être présent, cela va donner un échange mutuel de regard et donc conduire à une réciprocité.  


  1. Le regard des Français 

Le regard des Français sur les Persans est un regard dans lequel ils s'auto ridiculisent, leur regard est rempli de généralité à l'égard des Persans “comment peut-on être Persan ?”.

La lettre 30 nous montre comment les Français agissent face à la différence, la différence d’un autre :         

Je souriais quelquefois d'entendre des gens qui n'étaient presque jamais sortis de leur chambre, qui disaient entre eux : Il faut avouer qu'il a l'air bien persan. “ 

Rica se moque des Parisiens, ils sont ignorants et naïfs mais se donnent des airs. Ils ont une vision  toute faite, basée uniquement sur l'apparence. 

Ou encore à la lettre 30  la dernière phrase de cette lettre :        

Ah ! Ah ! monsieur est Persan ? C'est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être Persan ? "

Les Parisiens ont ce qu’on appelle la curiosité naturelle, celle de celui qui prend la différence pour anomalie et ne peut s'empêcher de tenir pour étrange une personne différente de lui.

 

De plus sans l’habit Persan, Rica devient un être tout à fait banal, normal :

 qui m’avait fait perdre, en un instant l’attention et l’estime publique  ”

Cela prouve encore une fois la superficialité des parisiens.

Ce regard qu’ont les Français sur les Persans permet une remise en question des Persans comme par exemple Usbek à la lettre 74 : 

"Si lorsque j'étais à la cour de Perse, je représentais ainsi, je représentais un grand sot !”

Nous voyons qu'ici, Usbek a un basculement de regard sur lui-même, une sorte d'introspection; ce regard éloigné permet de voir son ridicule et sa bêtise. D’ailleurs il se traite de “grand sot” c’est encore une fois une pique adressée aux Parisiens.

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