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Première rencontre Manon Lescaut

Commentaire de texte : Première rencontre Manon Lescaut. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Octobre 2022  •  Commentaire de texte  •  942 Mots (4 Pages)  •  609 Vues

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L’abbé Prévost a rédigé L’histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut en 1731. Jugé scandaleux, le roman est condamné en 1733 et en 1735.

Destiné par ses parents à l’ordre de Malte, le jeune chevalier Des Grieux vient d’achever ses études de philosophie à Amiens. Il se dispose à rentrer dans sa famille, lorsqu’il rencontre une jeune fille du peuple, Manon Lescaux, dont il tombe amoureux aussitôt. Cette passion, qui le transforme aussitôt, bouleversera toute sa vie. Des Grieux est censé raconter ses aventures à l’auteur longtemps après, alors que Manon est morte, et qu’il pleure inconsolable à la fois sa maîtresse et ses fautes.

Dans quelle mesure cette scène de rencontre semble-t-elle vouée au malheur ?

1er mouvement : Le contexte de la rencontre

Le thème de la fatalité est donné dès le début, souligné par les exclamations : « Hélas ! Que ne le marquais-je un jour plus tôt ! » Cette tournure grammaticale relève de la tragédie, tandis que le mot « innocence » fait référence à la culpabilité chrétienne.

Le décor est mentionné, mais non décrit ( le coche d’Arras, l’hôtellerie, « l’équipage des paniers » ). En effet, le cadre s’efface dès que « quelques femmes » sortent. Le vide a été fait, l’héroïne peut paraître. Elle se détache de l’ensemble de la scène, car elle est marquée par la singularité : « Mais il en resta une, fort jeune, qui s’arrêta seule.. ». Aucun détail précis n’est fourni sur son physique, si ce n’est qu’elle est « charmante ». Elle exerce sur DG un effet immédiat et total. Il est submergé par la passion amoureuse comme le montrent les mots « enflammé » et « transport ». Alors qu’il est « timide » et inexpérimenté ( l.9 ) l’amour le métamorphose au point qu’il devient audacieux (  « loin d’être arrêté par cette faiblesse » ). En fait, il est mal armé pour se défendre contre une telle surprise des sens, il est une proie facile pour l’amour. « La maîtresse de mon coeur » ne veut pas dire la femme qu’avait rêvée DG, mais celle qui est devenue l’arbitre de son sort. Il y a donc de la part de DG soumission au destin, adhésion sans conditions ni lutte. D’ailleurs la tournure de sens passif prouve qu’il n’est pas acteur de son destin, il subit cette flamme soudaine : « je me trouvai enflammé ». D’une certaine manière, Manon est présentée comme une femme fatale, et lorsqu’il dit « moi, dis-je, dont tout le monde admirait la jeunesse et la retenue » l.10, il propose des circonstances atténuantes à sa passion par l’emploi du vocabulaire de la vertu ( « sagesse », « retenue » ).

2ème mouvement : La déclaration de Des Grieux

Le jeu s’engage par des politesses et des questions naturelles, mais en réalité la partie est inégale entre DG et Manon, car Manon, plus expérimentée ( « sans paraître embarrassée » ), témoigne de l’assurance. Sa première réponse qui semble naïve ( « ingénument » ) est plus habile qu’il n’y paraît, dans la mesure où elle se présente comme une victime (envoyée par ses parents pour être religieuse » ). On a là en effet le thème de la persécution des pères, qui va être repris plus loin « Je combattis la cruelle intention de ses parents ».  C’est ce statut de victime qui va conduire DG à s’engager, l’amenant à être calculateur au service de sa propre passion ( l. 17 et 18 ). Le moment crucial vient ensuite : « Elle n’affecta ni rigueur ni dédain ». Si elle avait été honnête, Manon l’aurait repoussé, mais elle ne le fait pas. Son « moment de silence » indique qu’elle évalue ses chances avant d’accueillir la proposition de DG, puis elle recourt à l’apitoiement ( « qu’elle ne prévoyait que trop qu’elle allait être malheureuse » ) ce qui va engager DG définitivement. D’autre part, DG donne l’impression que ce n’est pas lui qui agit. Ses sentiments ont pris le dessus et guident toutes ses actions. En effet, le sentiment est sujet de la phrase : « L’amour me rendait déjà si éclairé » ( l.16 ). La passion amoureuse apparaît alors comme une force tragique contre laquelle on ne peut lutter.

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