Les Caractères, Jean de la Bruyère

           Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle est une œuvre de Jean de la Bruyère. Publiée en 1688 à Paris, c’est un recueil de 420 remarques sous forme de maximes, de réflexions et de portraits.

La Bruyère s’impose comme un moraliste, bien que la morale chez lui soit implicite elle varie de portrait en portrait.

L’extrait étudié est tiré de la remarque 83, « Des biens et des fortunes »

Comment avec une morale implicite peut-on louer ou blâmer une certaine chose ?

Nous allons voir deux points : tout d’abord, l’étude du portrait et ensuite la critique de la société.  

L’étude du portrait :

1. Physique

        Durant l’extrait, nous pouvons constater une progression tout au long du récit car nous avons au début la présentation du personnage : « Giton », « le visage plein et les joues pendante », « l’œil fixe et assuré », le portrait de Giton nous est présenté à la fin du récit : « enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux » et entre les deux, une évolution ou l’on nous présente les actions de Giton

A la fin de l’extrait, il est indiqué «il se croit du talent et de l’esprit. Il est riche »

Cette phrase sera utilisée comme une conclusion, comme s’il était évident que le personnage agisse comme ça seulement parce qu’il est riche, comme si c’était une caractéristique de l’étiquette.

1. Moral

Entre le début et la fin de l’extrait, nous assistons à une évolution ou l’on nous décrit les actions et le comportement de Giton.

L’auteur va décrire son personnage comme peu appréciable, sans gêne, qui ne se soucie pas des autres individus et voulant se faire remarquer : « il déploie un ample mouchoir et se mouche avec grand bruit, il crache fort loin et il éternue fort haut »  

On va même nous indiquer à la fin de l’extrait : « il se croit du talent et de l’esprit. Il est riche » comme s’il était évident que le personnage agisse de cette manière seulement parce qu’il est riche, comme si c’était une caractéristique à l’étiquette.

Une critique de la société

1. Personnage caricatural

Dans cet extrait, Jean de la Bruyère interpelle petit à petit le lecteur en jouant avec les pronoms personnels. Il va utiliser tout d’abord le « il » : « il parle avec confiance » dans le but de focaliser le lecteur sur Giton puis il va continuer avec une utilisation du « on » : « on est de son avis », qui va englober tout le monde, qui va généraliser, qui ne laisse pas le choix, en lisant cette phrase on veut se fier à l’évidence et « rentrer dans le moule »

En impliquant le lecteur dans le récit, l’auteur cherche à le questionner, à le faire réfléchir

Mais interpelle davantage avec le « vous » : « vous le voyez »

Pour continuer sur son idée d’impliquer le lecteur, Jean de la Bruyère va le mettre dans une incompréhension en utilisant une énumération avec des actions inexpliquées :

« Il s’arrête, et l’on s’arrête ; il continue de marcher et l’on marche »

Il va faire naitre chez le lecteur a la fin de chaque phrase l’envie de se demander « pourquoi ».

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