Lecture Linéaire le rouge et le noir Le jugement
Analyse sectorielle : Lecture Linéaire le rouge et le noir Le jugement. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Gab12345 • 2 Mai 2022 • Analyse sectorielle • 1 894 Mots (8 Pages) • 555 Vues
Le Jugement
Stendhal
Le récit met en scène les coulisses du procès de Julien, mais rien ne se passe comme prévu : qui a intérêt à ce que Julien vive, et qui a intérêt à ce qu’il meure ?
Les personnages qui ont intérêt à ce que Julien vive sont ceux qui l’aiment (Mathilde, Mme de Rênal, son ami Fouqué, l’abbé Chélan), les intrigants comme l’abbé de Frilair, qui a promis d’utiliser son pouvoir pour peser sur les jurés en échange d’une réconciliation avec le marquis de La Mole, et les femmes de la bonne société qui expriment leur pitié pour son destin si funeste (« Dieu ! Comme il est jeune !... Mais c’est un enfant »). Au rang de ceux qui veulent le voir mourir se trouve Valenod, qui voit dans ce procès l’occasion d’assouvir sa vengeance contre un rival dont il jalouse le succès auprès de la belle Mme de Rênal, et les « bourgeois indignés », qui d’après Julien « ont été choqués de [sa] fortune rapide ».
Le discours que Julien adresse au jury revient à choisir la mort : Julien préfère mourir.
Le discours de Julien ne vise ni à se justifier, ni à obtenir clémence. Il assume son acte («la mort m’attend : elle sera juste »), en souligne les aspects les plus condamnables (« J’ai pu attenter aux jours de la femme la plus digne de tous les respects, de tous les hommages », « Mme de Rênal avait été pour moi comme une mère » et rappelle la circonstance aggravante de la préméditation. Il s’adresse aux jurés qui décideront de son sort en concluant sur sa culpabilité : « J’ai donc mérité la mort, messieurs les jurés » Quand tous ses proches le conjurent de faire appel, il refuse. L’une des raisons est que, au sortir de son procès, il se sent la bravoure nécessaire pour monter sur l’échafaud et craint de perdre courage en reculant l’échéance. Pour ne pas perdre sa dignité, ce qui donnerait satisfaction à ses ennemis, il réplique donc : « je n’appellerai pas ».
Lecture linéaire
Le XIXè siècle est marqué par une forte instabilité politique entraînant de nombreux bouleversements sociaux qui vont engendrer une effervescence artistique. Parmi les courants qui vont se développer, notamment en littérature, on trouve le romantisme et le réalisme.
A la frontière, ces deux courants, Le Rouge et le Noir est un roman écrit par Stendhal, pseudonyme de Henri Beyle, en 1830, c'est-à-dire au moment de la Restauration du pouvoir monarchique en France (publié en novembre, il est en fait écrit avant la Révolution de juillet)
Il s'agit d'un roman d'apprentissage dont le héros, Julien Sorel, d'origine modeste, rêve de gravir les échelons de la Société. Il ambitionne d'abord d'être prêtre, mais en réalité, c'est grâce à deux femmes, Mme de Rênal et Mathilde de la Mole qu'il parviendra à frôler son idéal. Malheureusement, alors que Julien s'apprête à épouser Mathilde de la Mole, une lettre de Mme de Rênal le dénonce au marquis de La Mole, le présentant comme un intrigant qui cherche à mettre la main sur la fortune des maisons où il est engagé. Pour se venger, il tire à deux reprises sur Mme de Rênal et passe en jugement.
Notre extrait, qui se trouve au chapitre 41 de la 2e partie du roman, présente le discours par lequel Julien s'adresse aux jurés lors de son procès. Mais le héros orientant son discours vers la revendication sociale, transforme son plaidoyer de défense en un réquisitoire à charge contre la société, emportant son auditoire par la force de l'émotion, comme un digne représentant de la génération romantique.
Nous allons donc montrer en quoi cette scène révèle l'accomplissement de Julien, comme porte-parole d'une génération et comme héros à part entière.
Le texte peut se décomposer en trois mouvements :
• – le début du discours qui place son personnage face aux juges (l.1-4)
• – l'argumentaire proprement dit (l.5-16)
• – les émotions produites par le discours du héros (l.17-22)
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I. La mise en place du personnage
Les lignes qui précèdent ont mis en place le cadre dramatique : nous sommes à la fin du procès, Julien sait qu'il va être condamné. (Il est minuit à la cloche de l'horloge, « voilà le dernier de mes jours », présence de Mme Derville).
Julien apparaît comme un personnage sûr de lui : s'adresse aux jurés (Messieurs les jurés, messieurs, vus). L'utilisation du discours direct a son importance. C'est la première fois qu'il tient un tel discours (dans le reste du roman, il a tendance à garder ses pensées pour lui-même et le lecteur ne les perçoit qu'à travers le discours intérieur du personnage). Il parle au présent, utilise la première personne et s'oppose nettement aux jurés (sing./pluriel, mais surtout dans la 2e phrase avec l'emploi de la négation je n'ai point l'honneur d'appartenir à votre classe)
Il est poussé par l'horreur du mépris : met ainsi en place l'importance des sentiments qu'il éprouve et du regardquelasociétéposesurlui.C'estunrappeltrèsfortdesdeux élémentsquiontmarquéson apprentissage, car c'est un héros qui a passé son temps, tout au long du roman, à se demander ce que l'on pensait de lui et qui s'est souvent laissé déborder par ses sentiments.
Cette fois encore, il précise qu'il est poussé par une force qui le dépasse. Cependant, il n'utilise pas
de ponctuation expressive (il n'y a que des phrases déclaratives) ce qui montre aussi son assurance.
Il est également lucide : il a conscience qu'il va mourir (au moment de la mort) et n'hésite pas à utiliser un verbe comme braver ce qui nous rappelle que chacune des étapes de sa vie a été vécue comme un véritable combat.
Dès ce premier paragraphe, c'est aussi le vocabulaire des classes sociales qui apparaît (votre classe, paysan, bassesse de sa fortune). Dans cette phrase, c'est évidemment le verbe se révolter qui met en place le thème du discours : Julien ne s'apprête pas à parler de son crime ou de se défendre en tant qu'individu, il oriente d'entrée de jeu son discours vers le réquisitoire et les revendications
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