Lecture Analytique quand vous serez bien vieille Ronsard

Lecture Analytique n°1 « Quand vous serez bien vieille...»

Ronsard 1578

Introduction

Ronsard est le maître du groupe de La Pléiade. La Pléiade est un groupe de poètes s'inspirent de l'antiquité, cherchant à renouveler et enrichir la langue Française et les formes poétiques. Ce sonnet en alexandrin composé de 2 quatrains et 2 tercet est extrait du recueil Sonnet pour Hélène publié en 1578. Ronsard, s'adresse à la jeune Hélène qu'il veut séduire en délivrant un message sur le temps qui passe et la nécessité de vivre au mieux le présent. Ce poème a donc une visé didactique et traite le thème du «carpe diem». Un tel sujet , nous pousse à nous demander comment Ronsard traite-il ce thème fréquent en poésie ? Pour cela nous étudierons tout d'abord, la vieillesse et la fuite du temps puis l'éloge de la poésie et de son pouvoir.

I. La vieillesse et la fuite du temps

1 / Portrait d'Hélène et insistance sur la vieillesse

- Pronoms «vous» : dès le 1er vers, le destinataire (Hélène) est interpellée

- Vouvoiement = signe de respect mais également signe de respect et d'admiration

- Insistance sur la vieillesse «bien vieille» : adverbe d’intensité + adj «vieille» placé juste avant la césure à l'hémistiche donc mis en relief

- Beauté qui apparaît seulement à l'imparfait : « j’étais belle», imparfait, temps résolut

- Vieillesse faite de souvenirs mélancoliques, Ronsard met Hélène dans sa situation future, «Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle» immortalité de sa beauté grâce aux vers de Ronsard.

- Lorsque l'auteur écrit «assise près du feu» il fait référence à l'image d'une vieille dame qu'elle va devenir, position statique, figée, immobile, proche de la mort.

- Le poète appuie son entreprise de séduction sur une prolepse : projection dans le futur.

– verbes au futur : v 1 « Quand vous serez », v 5 « vous n’aurez », v 9 « je serai sous la terre » et v 11 « vous serez au foyer ».

-Il s’agit pour lui d’amener Hélène à se projeter dans la vieillesse dont on rencontre d’ailleurs le champ lexical :v1 « bien vieille », v4 « du temps que » v 11 « une vieille accroupie »

Cette vieillesse est le temps où la beauté est fanée : elle traduit l’usure, l’amoindrissement, le flétrissement.

Ce portrait d'Hélène est peu flatteur, il est même choquant pour la femme jeune et belle.

2/ Un tableau symbolique

Cette prolepse qui se présente comme un tableau, une scène dramatisée :

-Le 1er quatrain dresse un décor : « au soir à la chandelle »v 1 + « assise auprès du feu » v2 qui trouve un écho v 11 « vous serez au foyer »

-Ce cadre est en apparence paisible, activités correspondant à l’âge. On a le sentiment d’une intimité domestique sereine.

-Ce tableau est presque vivant : verbes d’action au participe présent comme « dévidant et filant » qui actualisent les gestes + recours aux paroles rapportées au discours direct v4

-Mais ce tableau est nuancé, et l’on peut entrevoir une intimité aux connotations négatives. L’éclairage de la chandelle et de la lueur des flammes fait en effet de cette vision un tableau en clair-obscur qui suggère une fausse tranquillité. Il s’agit de montrer à Hélène la mélancolie qu’elle pourra alors ressentir, confrontée à ses regrets. Le moment choisi, « le soir », comporte également une dimension symbolique dans la mesure où il peut évoquer le soir de la vie, l’imminence de la mort. On peut noter d’ailleurs que les activités évoquées par les participes « dévidant et filant » constituent une allusion au mythe des Parques, les 3 sœurs (divinités) qui président symboliquement au déroulement de la vie humaine : l’une file, l’autre tisse et la troisième coupe (goût de la Pléiade pour l’Antiquité et la mythologie).

– La régularité des coupes v 2 et 3, renchérie par l’assonance en [an] dans les quatrains suggère la monotonie de cette existence qui contraste avec la vie de cour que connaît Hélène.

3/ La notion de temps

- La structure du sonnet

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