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Le monologue de Figaro

Commentaire de texte : Le monologue de Figaro. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Novembre 2017  •  Commentaire de texte  •  2 166 Mots (9 Pages)  •  2 905 Vues

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Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, (acte V, scène 3) , 1784.

Le Mariage de Figaro est une comédie de Beaumarchais écrite en 1778, mais qui ne sera

représentée dans cette version qu’en 1784, après avoir été censurée. Toutefois, l'auteur y a conservé

des critiques et des revendications parfois violentes.

C'est le cas dans la scène 5 de l'acte V qui nous présente un long monologue dont nous n’étudierons

qu’un extrait.

Le Mariage de Figaro reprend les personnages du Barbier de Séville mais la situation a changé : Le

Comte Almaviva entreprend de conquérir la fiancée de Figaro, Suzanne. Celle-ci l'a avoué à la

Comtesse, Rosine. Pour le démasquer, la Comtesse demande à Suzanne de donner rendez-vous au

Comte, afin d'y aller à sa place, déguisée. Figaro, qui a intercepté la lettre fixant le rendez-vous,

croit à la trahison de Suzanne et s'y rend pour surprendre les coupables. En avance, il laisse éclater

sa jalousie, sa peine et sa colère.

Nous montrerons comment , à travers ce monologue, Beaumarchais fait une sévère critique de la

société de l’Ancien Régime.

Nous étudierons d’abord le personnage de Figaro dans cette scène, puis nous verrons qu’à travers ce

monologue , l’auteur dresse un réquisitoire contre la société.

I. Le personnage de Figaro

1) Un personnage agité

Le personnage est en proie à un trouble profond :

- La didascalie initiale « seul, se promenant dans l'obscurité », souligne son désespoir .

- Sa gestuelle montre aussi ce trouble : « se promenant » ( DI), « il s’assied sur un banc » (l14),

« il se lève » (l 33) , « il se rassied » (l 38) .

L’instabilité psychologique du personnage est perceptible par son instabilité physique.

-La didascalie « dit du ton le plus sombre » (DI) met en relief son désespoir.

- L’interjection « O », de la 1ère phrase, propre au registre lyrique, exprime l’intensité de son

émotion.

- Les nombreux points d’exclamation traduisent l'agitation intérieure du personnage.

-Les points de suspension mettent aussi son trouble en évidence.

- Figaro passe d’un sujet à l’autre sans transition :

Figaro fait le récit des événements des scènes précédentes en alternant l’imparfait et le présent de

narration (« quand je l’en pressais » l3, « à l’instant qu’ elle me donne » l4 , « il riait en lisant, le

perfide ! »l5 ).

-Il alterne aussi récit et apostrophe « femme ! femme ! Femme ! » (apostrophe l1), « le tien est-il

donc de tromper ? »( s’adresse à Suzanne l2), « Après m’avoir obstinément refusé (…) et moi

comme un benêt » ( récit, l 2 à 5), « non, Monsieur Le comte ! »( apostrophe (l5)).

Figaro parle seul mais fait comme s’il s’adressait à Suzanne, puis à lui-même, puis au Comte.

- Il croit entendre Suzanne arriver et interrompt brutalement le fil de son discours : « On vient...c'est

elle...ce n'est personne. »(l 12).

Tout cela donne une impression d’incohérence propre au désordre émotionnel.

La cause de cette agitation est d'abord la jalousie.

- C'est ce qui explique les propos misogynes du début du monologue et les termes dépréciatifs :

« créature faible et décevante » (l1) et la comparaison de Suzanne à un « animal » ( l1).

2) Un personnage tragique

Bien qu’il soit un valet de comédie, Figaro se transforme dans ce monologue en héros tragique

à travers :

- Le champ lexical de l’obscurité : « l’obscurité », « le plus sombre » (DI), « perdu dans la foule

obscure » l 10, « la nuit est noire »l 12.

- Le registre pathétique : par l’énumération de ses malheurs : « perdu dans la foule

obscure »(l10), «il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement » ( l10-

11), « fils de je ne sais pas qui »( l 15), « volé par des bandits » l 15, « partout je suis

repoussé ! »( l16), « las » (l 18) « mes joues creusaient » ( l l27), « je laissai l’espérance et la

liberté » (l 33) ….

-Un destin marqué par la fatalité : « Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ! » (l 14)

Le héros n’est pas maître de son destin, ce qui rappelle le statut du héros tragique. Il est enfermé

dans sa condition sociale d’homme du peuple , dont il ne peut sortir, quoi qu’il fasse.

3) Un personnage de comédie

Figaro, cependant, est bien un personnage de comédie. Outre que c’est un valet, les registres

pathétique et tragique sont associés au comique à travers l’ironie et l’humour de Figaro.

-Le valet tourne en dérision sa propre situation :

« et moi, comme un benêt.. »(l5)

« me voilà faisant le sot métier de mari, quoique je ne le suis qu’à moitié !»

...

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