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Commentaire Monologue Figaro

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Par   •  1 Novembre 2019  •  Commentaire de texte  •  3 022 Mots (13 Pages)  •  982 Vues

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Commentaire monologue de Figaro

                      « Le monologue est la fumée des feux intérieurs de l'esprit. » telle est la définition du monologue selon Hugo. Ainsi, durant de nombreux siècles, les monologues furent l’occasion pour d’innombrables dramaturges de montrer aux spectateurs le tiraillement intérieur de leurs protagonistes. En effet, dans cet extrait de l’acte V scène 3 du Mariage de Figaro, cette définition s’illustre parfaitement dans la mesure où BM exprime avec brio, dans un long monologue, le puissant trouble émotionnel que ressent Figaro suite à la découverte de ce qu’il croit être la trahison de sa fiancée Suzanne.                                                                                                    

                      Il serait donc intéressant de se demander comment Beaumarchais en nous offrant un monologue vivant aux multiples dimensions fait de Figaro un personnage presque tragique et un valet atypique.

                      Pour ce faire, nous verrons dans un premier temps en quoi ce monologue dynamique est chargé de diverses fonctions avant de poursuivre avec comment Beaumarchais fait moduler les registres afin de nous offrir un valet impuissant rongé par la souffrance et le désarroi qui rompt avec l’archétype du valet traditionnel.

                        Le risque du monologue est de ralentir voire d’interrompre l’action. De plus, ce risque d’immobilité, inhérent au monologue est accru par la longueur exceptionnelle de ce dernier. En effet, celui-ci est le plus long monologue du théâtre classique. Ainsi la longueur de la scène exigerait un effort d’attention trop grand pour le spectateur, si Beaumarchais n’avait pas dynamisé ce monologue. Cependant, monopolisant tous les regards pendant un long moment, cette scène permet à Figaro de faire un point sur sa situation ainsi que de s’isoler  tout en étant  vive et animée. Tout d’abord, les phrases sont expressives : en effet, les phrases interrogatives « mais,qui donc ?»(l.1),  « comment cela m’est-il arrivé? »(l.2), « qui les a fixées sur ma tête ? »(l.3) et exclamatives «O bizarre suite d’événements !»(l.1), « Désabusé !» (l.10), «que tu me donnes de tourments !»(l.10) mais aussi les interjections telles que « eh!»(l.1) contribuent à la vivacité de la scène. Ce dynamisme transparaît également par les didascalies qui rapportent des mouvements trahissant l’abattement et la détresse de Figaro : ainsi lorsqu’ « il retombe assis » pour commenter sa destinée à la ligne 1, cela annonce d’ores et déjà la tournure pathético-tragique que va dès lors prendre son discours.  En outre, à la ligne 1, «On se débat: C’est vous, c’est lui, c’est moi, c’est toi : non, ce n’est pas nous » on assiste à un réel débat fictif où Figaro pourtant seul sur scène semble débattre avec de nombreuses autres personnes, en témoignent les pronoms personnels de la 3ème personne du singulier « lui », celui de la 2ème personne du singulier « tu » ou encore celui de la 2ème personne du pluriel « vous » : Beaumarchais donne ainsi l’illusion aux spectateurs de faire partie de ce long monologue et par conséquent fait de ce dernier un réel spectacle divertissant où le public participe à l’action. De plus, Les apostrophes et les faux dialogues: « Suzon, Suzon, Suzon ! », « On se débat ; c’est vous, c’est lui, c’est moi, c’est toi ; non, ce n’est pas nous ; eh ! mais qui donc ? » tout comme les innombrables  questions oratoires « O bizarre suite d’événements ! Comment cela m’est-il arrivé ? Pourquoi ces choses et non pas d’autres ? Qui les a fixées sur ma tête ? » viennent  renforcer et fortifier l’aspect dynamique de ce monologue. Enfin, à la fin du monologue, le retour au présent de l’action théâtrale : « J’entends marcher… On vient. Voici l’instant de la crise. » contribue aussi à la vivacité de la scène.                                                                                                                                                                      

                     D’un autre côté, cet extrait du monologue de Figaro est empreint d’une forte dimension introspective. Généralement, les monologues introspectifs sont plus lyriques et sont caractérisés par la manifestation d’un personnage d’une émotion en général violente. Ces monologues sont souvent moins construits (du moins en apparence), et montrent le désordre de la pensée du personnage qui atteint parfois les limites entre raison et folie. Le personnage y étudie les raisons profondes de ses actions, et de sa situation passée. Dans ce texte, Beaumarchais met particulièrement en valeur la grande agitation intérieure de Figaro  qui est soulignée notamment par la ponctuation chaotique et les nombreuses phrases expressives. En effet, ce monologue est l’occasion pour Figaro d’exprimer sa colère et son amertume : il est bouleversé à l’idée que Suzanne l’ait trahi « Suzon, Suzon….. ». De plus, cet extrait est aussi un long moment de réflexion pour Figaro où il s’interroge concernant sa vie et son but et va même jusqu’à élargir sa remise en question à la destinée des hommes. Ainsi, en témoignent la série d’exclamation «O bizarre suite d’événements »(l.1)  et les nombreuses questions existentielles «mais,qui donc?»(l.1), «comment cela m’est-il arrivé? Pourquoi ces choses et non pas d’autres? »(l.2) au début du monologue symbolisant aussi le doute et le désarroi qui jonchent l’esprit du personnage. En outre, si la dimension rétrospective de ce monologue est particulièrement présente à son début, on retrouve toute de même dans cet extrait un retournement de Figaro vers son passé et une analyse de ce dernier qui est démontrée par les figures d’analepses qui consistent à effectuer un retour sur des éléments antérieurs au moment d’un discours notamment pour les analyser « faisant tous les métiers pour vivre » « j’ai tout vu, tout fait, tout usé » et de ce fait, ce personnage fait une sorte de bilan de vie où il décrit aux spectateurs toutes les qualités qui lui ont permis d’arriver là où il est actuellement ce qui est souligné par l’accumulation des énumérations  qui atteste de la richesse de ses expériences «faisant tous les métiers pour vivre, maître ici, valet là...j’ai tout vu, tout fait, tout usé »(l.7-9) tout comme  la phrase « ayant tous les goûts pour jouir, faisant tous les métiers pour vivre » où l’effet de parallélisme en harmonie avec l’hyperbole « tous les métiers » vient renforcer cette idée. Cependant, cette énumération est aussi liée à une hyperhypotaxe dans les lignes 3 à 9 qui traduit la vie et le parcours chaotique qu’il a menés tout au long de son existence. Nous pouvons donc dire que l’oxymore « assemblage informe » montre qu’il se caractérise aux yeux du public comme un être complexe qui a « tout vu, tout fait, tout usé » mais aussi comme un “chétif être imbécile, un petit animale folâtre, un jeune homme ardent de plaisir” : en effet, lors de son introspection, le protagoniste utilise cette dernière phrase pour se décrire, cette phrase asyndétique bâtie selon un rythme ternaire avec une gradation crescendo en symbiose avec la phrase aux accents pathético-tragique “l’illusion...désabusé.” (l.9) démontre que Figaro brosse cependant un portrait bien dépréciatif de sa personne et ce afin de susciter la compassion et la pitié du lecteur. Ainsi, ces dimensions rétrospectives et introspectives permettent à Figaro de s’analyser psychologiquement et d’ainsi se rendre finalement compte de son impuissance face au destin. Il en vient même à se questionner sur le vrai rôle qu’il a joué dans chacune de ses décisions et ainsi par exemple à la ligne 4 «je l’ai jonchée d’autant de fleurs que ma gaieté me l’a permis; encore je dis ma gaieté, sans savoir si elle est à moi plus que le reste» Figaro parle d’un de ses sentiments, la « gaieté » avant de tout de suite se demander si ce sentiment lui appartient vraiment.

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