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Le Malade imaginaire, acte II scène 6

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Par   •  5 Avril 2022  •  Commentaire de texte  •  2 283 Mots (10 Pages)  •  15 654 Vues

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LE MALADE IMAGINAIRE, ACTE II SCÈNE VI

PARTIE I

Le Malade imaginaire, créé en février 1673 est la dernière pièce de Molière. Elle est ainsi                                        le salut final de Molière au théâtre, mais aussi à la vie. Chant du cygne pour certains, farce pour d’autres, elle reste l’adieu émouvant d’un homme de 51 ans, qui a choisi de disparaître dans un éclat de rire.

Bio Molière

Dans les textes étudiés, deux thèmes particulièrement récurrents dans le théâtre de Molière : la condition féminine et la médecine, ont retenu notre attention. Leur découverte mise en scène par le dramaturge nous apprend beaucoup sur la société du XVIIe siècle.

PRÉSENTATION DU TEXTE

Nous sommes ici, à l’acte II de cette pièce qui en comprend 3. Comme toujours, chez Molière, la pression dramatique augmente d’acte en acte. Depuis le début de la pièce, le moteur de l’action est l’obsession d’Argan et celle-ci ne cesse de s’aggraver. Il ne peut plus envisager de vire hors de l’environnement immédiat des médecins. Ceux-ci Diafoirus père et fils sont d’ailleurs très présents dans cet acte. Mais en lien direct avec l’intrigue médicale, repose le second enjeu de la pièce : Le mariage d’Angélique.

On sait qu’Argan a projet de faire épouser à sa fille aînée, le jeune Thomas Diafoirus, médecin fraîchement diplômé. Mais par la scène 5, on sait qu’Angélique éprouve pour le séduisant Cléante un sentiment amoureux tout à fait réciproque. Cette scène est vraiment le nœud de l’action. Argan va tenter de conclure ce mariage, sans compter sur la résistance de sa fille. Angélique va faire face aux trois obstacles à son bonheur : Argan, Thomas et Béline.

Notre étude mettra en lumière le personnage d’Angélique : celle-ci va montrer comment face à un père monomaniaque (auquel elle a l’intention de désobéir), un prétendant borné (qu’elle a l’intention de dissuader) et une intrigante belle-mère (qu’elle a l’intention de neutraliser), elle fait preuve d’une saine et solide psychologique.

  1. ÊTRE FILLE ET JEUNE FILLE (l.1 à 44)
  1. Angélique et Argan (l.1à 20) : Le père despotique à persuader
  2. Angélique et Thomas (l.20 à 44) : Le prétendant borné à dissuader

  1. ÊTRE BELLE-FILLE (l.45 à 9)

Angélique et Béline : La belle-mère intrigante à neutraliser

  1. Béline porte ses accusations (l.45 à 65) : « Je sais bien ce que je fais »
  2. Angélique attaque à son tour (l.65 à 92) : « Vous n’aurez pas cet avantage »

  1. ÊTRE FILLE ET JEUNE FILLE
  1.  Argan le père despotique à amadouer (l.1 à 20)

Dès la première réplique Argan s’exprime sur le mode de l’autorité sans réplique, comme le montre l’emploi de 3 tournures impératives en 1 phrase : « allons… touchez…lui donnez » (l.1). Or il s’agit d’un engagement personnel et définitif (surtout au XVIIe) pour sa fille :

« votre foi… votre mari » (l.2). La formulation sans détour du déterminant possessif votre ne laisse aucun doute sur la décision prise : l’ordre est clairement paternel : « ma fille » (l.1).

Argan use ici, voire abuse, de son pouvoir paternel, dont on sait qu’il est une réalité au XVIIe.

La réaction spontanée et très brève d’Angélique est intéressante dans l’intonation à lui donner : « Mon père ! » (l.3) écho affectif à ma fille. Cette simple exclamation est entre la protestation indignée et la demande d’indulgence.

Cette réaction s’avère bien inutile au regard de la réplique suivante. Argan contrarié, voire déjà furieux, montre sa contrariété en reprenant l’intonation même de sa fille : « Eh bien, « mon père » ? » (l.4). La forme interrogative étonnée est suivie d’une autre question agacée :

« Qu’est-ce que cela veut dire ? ». Le vague du démonstratif cela montre l’incompréhension ou le manque total d’écoute de ce père autoritaire.

Mais Angélique ne semble pas ici renoncer à faire entendre sa voix. L’exclamation : « Mon père ! » (l.5) est aussi le rappel qu’une fille fait à son père de ses devoirs paternels.

Habilement, Angélique se prépare à gagner du temps du côté paternel : « Ne précipitez pas les choses » (l.5) et « Donnez-nous le temps » (l.6). Elle semble vouloir empêcher la réalisation prématurée de ce « mariage forcé » en rappelant des vérités élémentaires, en matière de réels sentiments amoureux naissant qui comprennent : « Le temps de nous connaître et de voir naître en nous » (l.6) c’est l’éveil amoureux ; « l’un pour l’autre » c’est la réciprocité ; « cette inclination nécessaire » l’attirance essentielle ; pour « composer une union parfaite » la réussite du couple. Il est intéressant de souligner que Molière prête à cette jeune fille sans expérience, une juste connaissance, ou réelle intuition, de la relation amoureuse.

La réplique de Thomas Diafoirus (l.9) qui, pour une fois, a le mérite de la clarté, est révélatrice de son personnage. Celui-ci est à la fois :

  • Auto-centré, mis en évidence par la récurrence de la 1ère personne Je sous sa forme accentuée Moi : « Quant à moi… toute née en moi… et je n’ai pas besoin… ».
  • Sottement déterminé : « toute née ».
  • Voire capricieux : « attendre davantage » (l.10).

Angélique, cependant, en lui répondant « Je vous avoue que votre mérite n’a pas encore fait assez d’impression dans mon âme » lui adresse, une véritable fin de non-recevoir. Elle choisit de le faire sur un mode ironique. Angélique, dans cette réplique, opère un réel changement de ton. Ce n’est plus à son père qu’elle s’adresse mais à ce jeune homme, qui lui déplait profondément. Sa réponse annule toute réciprocité « Si vous êtes si prompt… il n’en est pas de même pour moi » (l.11-12). La formulation négative souligne l’inverse même de cette réciprocité amoureuse qu’elle avait évoquée plus haut.

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